Dictionnaire amoureux du pouvoir

C'est toujours amusant le lire M. Minc. Personnellement mon premier contact avec sa, non plutôt ses pensées, remonte au siècle dernier avec sa "vengeance des nations". Laquelle destinait l'Allemagne à un destin glorieux… A sa décharge, personne ne pouvait imaginer une Allemagne à ce point tétanisée par l'évolution de l'Europe libérale sous contrôle étasunien. Mais passons. Ici, c'est plutôt l'homme des cercles de pouvoir qui s'exprime. Avec l'élégance naturelle de ceux qui n'ont jamais vraiment travaillé à autre chose que gravir tranquillement les ascenseurs de la notoriété et de la réussite promise. C'est bien écrit, plein d'affirmations gratuites qui, loin d'expliquer quoi que ce soit, avancent la pensée sublime et mesurée, de son auteur.
Comme il le dit lui-même qui connaît bien les éditorialistes français (c'en est un)
« Seuls véritables émetteurs d'informations, les journaux, écrits ou audiovisuels, se contrôlaient les uns les autres et assuraient une régulation bienvenue » Tout est dans le « bienvenue »… Vivement le contrôle des autres canaux d'information… On ne sait jamais, ils pourraient semer le doute, voire ruer dans les brancards…
« du côté des vieux médias, il n'y a aucune chance que cela se produise : ils demeureront la base arrière de l'oligarchie. »
Pour celui qui affirme avoir voté pour… Voilà ce qu'on lit à la lettre M :
« Il est difficile de découvrir dans cette situation un gage d'humilité et une incitation à ne plus céder à la séduction du pouvoir. La logique voudrait même que la situation s'aggrave : un président de plus en plus lointain à force de se croire solaire, une pratique de plus en plus personnalisée du pouvoir, une organisation de plus en plus autocentrée. Comment la société française tiendra-t-elle une telle relation avec son roi, d'autant plus que, non rééligible, celui-ci est en CDD ? »
Mais de qui parle-t-il ?
Pour les deux entrées suivantes « N » et « P » : je vous laisse comparer, c'est subtilement savoureux :
« le miracle des Cent-Jours ne pourra pas rendre ses chances à l'Empire. Même si Grouchy avait précédé Blücher, si Waterloo avait été une victoire, et si d'autres triomphes avaient suivi, le sort était scellé : la France ne pouvait résister seule à l'Europe coalisée. En fait, le pouvoir de l'Empereur était condamné, dès lors qu'il n'avait jamais cherché à diviser pour régner, à éviter l'alliance de tous contre un, après être parti dans la folle cavalcade de conquêtes à laquelle l'obligeait le blocus continental. »
« Ce Romanov de raccroc est peut-être le pire de tous, car sa folie se déploie avec la dimension effroyable que lui apporte l'arme nucléaire »
Comme il ne manque pas de cet humour dont savent faire preuve ceux qui n'ont jamais rien risqué de plus qu'un retard sans conséquence en termes de salaire sur un plateau de télévision, la lettre « Z » affirme :
« Un intellectuel est efficace quand il ne pérore pas sur tous les sujets mais mise son crédit sur une cause unique. »
Son dictionnaire plaide la cause du pouvoir, tous sujets confondus.