Kenji Miyazawa, né sous l'ère Meiji au nord du Japon, et mort à l'âge de 37 ans, a été reconnu après sa mort à partir des années 30. Mêlant au monde des hommes celui des esprits et des animaux, sa prose emprunte à la fois à la philosophie bouddhiste -celle du lotus de la bonne loi-, et aux contes de fées traditionnels ancrés dans les traditions de sa région natale.
Sage en action, durant sa courte vie, Kenji Miyazawa, ingénieur agronome, était aussi impliqué dans le développement de sa région que militant social, poète autant que musicien.
Cet "honnête homme" à la mode orientale force le respect mais, dans Les Pieds Nus de Lumière, il nous touche avant tout par la fraîcheur de ses récits. On a écrit qu'il avait révolutionné l'art du conte japonais... à le lire, on se rend compte qu'il le fait par un retour aux sources. Point de raffinement et d'apprêts. Les histoires courtes de Miyazawa sont de diamant pur comme l'enfance ou la nature sauvage. Sa poésie et libre et généreuse, spontanée.
J'ai dégusté ces quelques pages comme un bon pain frais, garni d'un fromage de chèvre, ou comme une variation Goldberg, et je le recommande comme tel : nourriture idéale d'équilibre pour l'esprit, le corps et l'esprit.
On en resterait pourtant un peu sur sa faim... car le chemin est à peine esquissé, et c'est au lecteur de poursuivre par ses propres voies. En fait, derrière des contes décalés, étranges et plein de surprises se révèle par petites touches le mystique qu'était Kenji Miyazawa, et la beauté de sa poésie n'en est pas moins hermétique. Il ne livre pas les clés, et le lecteur repart avec un sentiment étrange, à la fois admiratif et troublé.
Comme le disait lui-même Miyazawa, « ce que je raconte, je l’ai reçu des forêts, des champs et des lignes de chemin de fer, ou bien encore de l’arc-en-ciel et de la lumière de la lune. Vraiment, quand, seul, on traverse le crépuscule bleuté des forêts de hêtres et qu’en octobre, on se tient, tremblant, dans le vent de montagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sensations. Vraiment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que ressentir ces choses… Il y a certainement des passages qui vous sembleront incompréhensibles, mais ces passages, moi non plus, je ne les comprends pas. Ce que je souhaite profondément, c’est que ces courts récits, en fin de compte, soient pour vous une nourriture pure et véritable. »
(citation de Yoto Yotov -2010- Notes du Mont Royal)
Ainsi, il faut se résigner à vivre l'expérience des Pieds Nus de Lumière sans filtre ni chausse-pied, juste se laisser pénétrer par ses évocations visionnaires, hors de la raison et avec un cœur d'enfant.
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Un livre magnifique, hors des chemins, d'une poésie fabuleuse, comme des fables, avec leurs êtres gentils, protecteurs, monstrueux, et pourtant avec un esprit réaliste. Comment il fait ? Kenji Miyazama a un talent incroyable, insupportable, d'une autre dimension, il est contemporain, c'est, oui, complètement, comme si il était à côté de nous, là, maintenant.
Ce livre est d'une beauté incroyable, surmontable, toutefois.
Kenji grâce à son talent d'écrivain mais surtout grâce à son humanité, raconte des histoires poétiques, réalistes, drôles, simples.
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. 6 petits contes on ne peut plus japonais … Tout est vivant ,tout parle : les roches , les fleurs , les animaux et les enfants bien entendu. C'est parfois totalement étrange (pour nous) , loin de tout réalisme , empreint d'une empathie absolue avec la nature , sans ignorer sa dureté . J'ai aimé ce monde là avec une préférence pour la nouvelle éponyme et sa tendre cruauté.
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L'Etre s'adressa à Ichiro :
"Tu vas retourner dans le monde d'où tu viens. Tu es un enfant bon et droit. Tu n'as pas abandonné ton frère dans cette prairie épineuse. Tes pieds qui étaient alors tout déchirés sont capables à présent de traverser un bois d'épées. Surtout conserve bien ton état d'esprit de maintenant. AU pays où tu retournes beaucoup de créatures d'ici s'y rendent aussi. Cherche-les, étudie auprès d'elles, pour trouver la voie du vrai. (...)
A peine Ichiro eut-il crié "Narao !" qu'il vit une blancheur nouvelle. C'était de la neige. Puis il vit un ciel bleu éblouissant, au-dessus de sa tête.
"Il respire, ! il a ouvert les yeux !" Le voisin de chez Ichiro, un homme à la moustache rousse, était accroupi auprès de sa tête, il essayait de le relever. Ensuite Ichiro ouvrit complètement les yeux. Il était enseveli dans la neige, Narao fermement serré dans ses bras.
Le col
À peine Ichirõ dit-il crié 《 Narao!》qu'il vit une blancheur nouvelle .C'était de la neige.Puis il vit un ciel bleu éblouissant,au-dessus de sa tête.
"Il respire! Il a ouvert les yeux!Le voisin de chez Ichirõ, un homme à la moustache rousse,était accroupi auprès de sa tête, il essayait de le relever.
Ensuite Ichirõ ouvrit complètement les yeux.Il etait enseveli dans la neige,Narao fermement serré dans ses bras.Les visages des villageois ,leurs manteaux noirs ,les couvertures rouges se détachaient sur le bleu du ciel,au -dessus de lui.
《 Et le petit frère ? Le petit?》 cria un chasseur vêtu d 'un manteau en fourrure de chien.Le voisin tâta le bras de Narao et le regarda.Ichirõ regarda aussi.
《 Le petit n'est pas bien.Vite du feu! s'écria le voisin.
-- Il ne faut pas faire de feu.Couchons -le dans la neige!》 répliqua le chasseur.
Dès qu'il eut été relevé, Ichirõ regarda encore Narao.Son visage était rouge comme une pomme et ses lèvres dessinaient le même sourire qu'il,avait vu lorsqu'ils s'étaient séparés dans le pays des lumières. Mais ses yeux restaient fermés, il n'avait plus de souffles,ses mains et sa poitrine étaient aussi froides que la glace.( Page 234/235).
Un samedi soir, un étrange carton fut déposé chez le jeune Ichirô Kanéta.
Monsieur Ichirô Kanéta 19 septembre
Vous allez bien, à ce qu’on dit, j’en suis très content.
Demain j’ai un procès qui est bien compliqué : venez !
Pas de fusil, s’il vous plait.
Le lynx, votre humble serviteur.
Telle était la missive. L’écriture en était laborieuse et l’encre poissait les doigts. Ichirô, lui, était ravi. Il enfouit le carton dans sa sacoche d’écolier et parcourut tout joyeux, enchainant cabrioles et entrechats.
Il n'est nullement nécessaire que le malade sache le nom de sa maladie.Enfin, bon, il s'agit des premiers symptômes de la maladie de vermicilite. En somme , une des maladies de l'érosion.On dit , savez-vous que le rhume est à l'origine de toutes les maladies .Sinon, euh,euh...votre seconde question portait sur votre durée de vie...Même dans le meilleur des cas , vous ne tiendrez pas dix mille ans. j'ai le regret de vous annoncer que vous ne passerez pas dix mille ans.
LES PIEDS NUS DE LUMIÈRE
La cabane en montagne
Les cris des oiseaux étaient si forts qu'Ichirõ ouvrit les yeux.
C'était juste l'aube.
Trois rayons de lumière verte traversaient la cabane: depuis le coin de la pièce, ils passaient par-dessus la tête de Narao et éclairaient les jambières en paille et les séries accrochées sur la cloison de chaume.(Page 203).
Ryoko Sekiguchi Patrick Honoré le Club des gourmets et autres cuisines japonaises. Traduire. Où Ryoko Sekiguchi et Patrick Honoré tentent de dire de quoi est composé "Le Club des gourmets et autres cuisines japonaises", présenté par Ryoko Sekiguchi, et comment a été traduit du japonais ce recueil de Kôzaburô Arashiyama, Osamu Dazai, Rosanjin Kitaôji, Shiki Masaoka, Kenji Miyazawa, Kafû Nagai, Kanoko Okamoto, Jun?ichirô Tanizaki traduits par Ryoko Sekiguchi et Patrick Honoré, à l'occasion de sa parutuion en #formatpoche aux éditions P.O.L et où il est question notamment de la traduction à deux mains, de Patrick Chamoiseau et de mangas,et des mots pour dire la nourriture et la cuisine.
"Si le Japon est connu comme un pays de fine gastronomie, sa littérature porte elle aussi très haut l'acte de manger et de boire. Qu'est-ce qu'on mange dans les romans japonais?! Parfois merveilleusement, parfois terriblement, et ainsi font leurs auteurs, Tanizaki, Dazai, Kafû du XIIe siècle à nos jours, dix gourmets littéraires vous racontent leur histoire de cuisine."
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