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Joseph Incardona (Traducteur)
EAN : 9782363391988
256 pages
Finitude (06/10/2023)
3.52/5   25 notes
Résumé :
Amanda n’est pas au mieux de sa forme : auteure de polar has been, malheureuse en amour et un peu trop portée sur le gin, elle s’aperçoit avec dépit qu’il est difficile de se remettre en selle à cinquante ans. En attendant des jours meilleurs, elle anime un atelier d’écriture.

Sous sa direction, un petit groupe de prétendants à la gloire littéraire s’exerce à l’art du crime parfait. Parmi eux, Rutger, le beau tennisman, Vanessa, la MILF tirée à quatre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
A cinquante ans passés, Amanda dresse un bilan pour le moins mitigé de son existence : Son mari l'a quitté, sa fille s'est exilée en Angleterre et elle vivote, entre un nouveau compagnon un peu particulier et une carrière littéraire en berne, malgré une dizaine de romans policiers au succès d'estime et n'ayant malheureusement pas attiré l'attention des réalisateurs de Netflix.
Pour subsister mais aussi pour ne pas ruminer sans cesse des scénarios de vengeance, elle anime un atelier d'écriture de polars pour une douzaine d'apprentis écrivains aux motivations et aux vécus très différents, qu'elle pousse dans leurs derniers retranchements. Elle imagine la rédaction d'un roman policier de facture classique (un crime sur un bateau de croisière avec le trio habituel mari – maîtresse – épouse) dont chaque chapitre serait écrit par un élève différent dont le travail serait lu au cours suivant avec corrections de l'inflexible Amanda.
Tout à la fois manuel d'écriture et roman policier, cet ouvrage délicat aux angles multiples se dévore avec gourmandise tant les personnages (de l'atelier comme de la fiction) sont finement brossés et on se laisse emporter par le flot de la double narration…
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Même si l'attirante couverture de première laisse supposer que L'irrésistible appel de la vengeance est un récit d'horreur, détrompez-vous. Vous découvrirez comme moi un roman très drôle et pédagogique sur l'art d'écrire un polar. L'auteure, Rosa Mogliasso, entremêle conseils pour démystifier les techniques et les rouages d'écriture d'un bon roman policier, références britanniques et américaines une oeuvre littéraire en développement dans laquelle les relations entre les personnages réels et fictifs s'entrecroisent. Un roman dans un roman.

En pages liminaires, l'auteure présente les 12 protagonistes d'un atelier d'écriture qui se tient une fois par semaine dans une librairie de la Piazza Vittorio Veneto à Turin. Des rencontres qu'anime d'une main de maître Amanda, son personnage principal, une auteure déchue, accroc au gin-tonic qui a décidé de donner des cours d'écriture pour gagner en prestance, en crédibilité :

« Elle avait publié une dizaine de livres, fait quasiment le tour de toutes les intrigues policières imaginables sans pour autant atteindre le nirvana des best-sellers et des chèques à cinq zéros. Voilà pourquoi Amanda se réveillait chaque matin en ruminant des scénarios de vengeance qui devenaient plus violents à mesure que la journée déclinait. »

Rosa Mogliasso décrit également les huit acteurs impliqués dans les 21 chapitres du polar collectif au suspense entretenu qui se construit de séance en séance, un peu à la manière d'un « cadavre exquis ». Chacune et chacun des aspirants écrivains du club d'écriture, aux vies plus ou moins chaotiques, collaborent au développement de l'intrigue jusqu'au coup de théâtre final, « ce que les Anglo-saxons nomment communément le plot twist. »

Avec comme résultat deux histoires intimement liées, qui se répondent et se nourrissent, une galerie de personnages hauts en couleur et des dialogues mordants où la réalité rattrape la fiction et vice versa.

J'ai beaucoup apprécié le scénario imaginé, les nombreux conseils qui m'ont rappelé mes cours de création littéraire et d'autres lectures sur le polar comme genre littéraire : répartir deux ou trois cadavres « avec bon sens tout au long de l'histoire » ; trahison et vengeance, le moteur d'un roman policier ; « ne jamais confondre la voix du narrateur avec celle de l'auteur (règle fondamentale) » ; les motivations du crime : « l'envie, l'avidité, la jalousie, la luxure » ; assassins et victimes doivent se connaître ; les adverbes ne sont pas nos amis ; ne pas raconter, mais montrer.

J'ai appris que le cliffhanger était une façon de terminer un épisode avec un événement dont l'issue est incertaine.

Au fur et à mesure de l'écriture du polar que les élèves d'Amanda et le lecteur découvrent de chapitre en chapitre, Rosa Mogliasso formule ses recommandations :

À propos d'un bon roman policier :

« … le crime ne doit pas être commis par des professionnels du milieu. Un bon roman policier doit nous rappeler que si quelque chose tournait mal dans nos vies, chacun de nous pourrait se transformer en assassin. Ce qui nous intéresse, ce sont les motivations viscérales, profondes. »

« Deux ou trois cadavres, bien dosés, à répartir tout au long de votre récit: le premier est, en général, la victime principale. Les suivants, normalement, sont assassinés parce qu'ils sont sur le point de démasquer le coupable. Celui-ci, bien que n'ayant aucun ressentiment particulier à leur égard, se voit contraint de les éliminer pour ne pas être découvert. »

… des personnages :

« Les personnages sont des ‘' émissaires de vie ‘', ils ont des potentialités surprenantes. Un personnage pour lequel on avait envisagé seulement quelques répliques peut se révéler si intéressant qu'on le développe sur plusieurs chapitres. Nous devons nous laisser surprendre par nos personnages, ils sont comme des fruits qui mûrissent sur un arbre. Au début, il y a de nombreux embryons de pommes, à la couleur indéfinie. Certains d'entre eux prennent forme jusqu'à devenir d'un beau vert brillant, tandis que d'autres n'ont pas de potentialité de vie, abdiquent, se dessèchent. Les personnages sont comme des pommes: ils naissent, mûrissent et seulement à ce moment-là, vous pourrez les cueillir. D'autres tombent par terre, inexploités. »

« Rappelez-vous que les personnages d'un livre, et d'autant plus dans un polar, disent ce qu'ils veulent et agissent en fonction de ce qu'ils sont. »

… de l'écrivain, un Dieu :

« Mais attention, l'écrivain n'est pas le Dieu miséricordieux du Nouveau Testament qui écoute les prières et pardonne les péchés. L'écrivain est le Dieu de l'Ancien Testament: sanguinaire, brutal, sans pitié. Celui qui envoie des sauterelles provoque des famines, des pluies de feu, des punitions cruelles. Nous devons être implacables avec nos mots, effacer ceux qui sont inutiles et, surtout, supprimer ceux qui mentent, nous devons faire confiance à notre infaillible divinité. Souvenez-vous de ceci, mesdames et messieurs, ayez toujours à l'esprit les plaies de Job quand vous écrirez. »

« … celui qui écrit ne peut s'extraire de sa propre sensibilité ni de ses blessures. La sensibilité, pour un écrivain, est l'équivalent de son propre corps pour un peintre : c'est ce que nous avons en permanence sous la main, c'est le sujet le plus évident. Vincent van Gogh a fait son autoportrait quarante-trois fois en dix ans. »

« Au même titre que certaines méthodes de jeu théâtral, vous devez chercher les analogies psychologiques entre votre monde intérieur et celui de votre personnage afin de les faire renaître dans la fiction. »

… des dialogues :

« Un dialogue écrit, pour qu'il fonctionne, doit avoir une cadence exagérée, pyrotechnique, voire explosive, sinon c'est barbant. »

… pour ne citer que ces quelques exemples.

Comme je le fais régulièrement dans mes avis de lecture, j'ai relevé quelques passages qui donnent le ton à la qualité littéraire de ce roman :

« … le logement était si petit que lorsqu'Amanda oubliait de poser un couvercle sur une casserole de sauce tomate, elle risquait de devoir repeindre les murs de la chambre à coucher. »

Les agents immobiliers : « … catégorie de personnes qui n'a aucun scrupule, qui sait lire dans l'âme humaine et est capable de saisir l'opportunité quand elle se présente. »

« … l'amour au temps d'internet est rapide et superficiel, autant dans les mécanismes que dans la prose: messages brefs, directs, clairs, transparents, pas de phrases complexes et surtout pas de ponctuation. Au mieux, un retour à la ligne. Imagine du Marcel Proust à l'envers et tu auras une idée assez précise de ce qui se passe à notre époque. »

« … quand il rentrait dans l'appartement qu'il partageait avec deux étudiants fauchés comme lui et que l'accueillait l'odeur d'un poulet provenant de la rôtisserie, c'était à Vanessa qu'il pensait: chaude et pleine. »

« D'après Hemingway, il faut écrire en étant soûl et corriger une fois sobre. »

Le roman ayant été traduit en France, impossible d'échapper à quelques « du coup ». Je sais, ma remarque est redondante.

J'ai aussi noté la référence à un ouvrage publié en 1988 par l'écrivain d'origine cubaine, Italo Calvino, « Leçons américaines. Six propositions pour le prochain millénaire ». de Lucrèce à Henry James, celui-ci suggère que les chefs-d'oeuvre littéraires peuvent tous être lus à travers le prisme de cinq valeurs : légèreté, rapidité, exactitude, visibilité, multiplicité.

Rosa Mogliasso, par l'intermédiaire d'Amanda, renvoie ses personnages et le lecteur à la lecture attentive de ce livre qu'elle qualifie de fondamental en évoquant une qualité incontournable de toute oeuvre romanesque :

« L'écriture est rythme, ne l'oubliez jamais. La réalité que nous décrivons va au ralenti : elle est paresseuse, opaque, inerte. Avec l'écriture, nous devons faire en sorte que la réalité s'envole et quitte la terre. Nous devons donner au monde la légèreté et le rythme […] : nous devons donner à la réalité un coeur qui bat. »

Un mot sur Rosa Mogliasso. Née à Turin et diplômée en histoire du cinéma, elle s'est consacrée au théâtre. Elle a fait partie d'une compagnie de théâtre d'ombres pendant de nombreuses années et est actuellement curatrice et responsable de la programmation du Théâtre Baretti de Turin.

C'est par le biais du théâtre qu'elle est arrivée à l'écriture. Elle a d'abord écrit pour la scène et pour la radio, puis des nouvelles parues dans des revues, avant de publier son premier roman en 2009. « L'assassin a oublié quelque chose » est le premier de quatre tomes d'une série policière dont le héros est la commissaire Barbara Gillo.

Même si vous n'aspirez pas à devenir un,e écrivain,e riche et célèbre, je vous recommande chaudement la lecture de roman que vous pourrez savourer en quelques heures.

Merci aux éditions Finitude pour le service de presse.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue : *****

Psychologie des personnages : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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Rien ne va plus pour Amanda , quinquagénaire un peu trop portée sur le gin,  ni dans sa vie privée ni dans sa vie de romancière de polars , toujours pas adaptés sur Netflix, ce qui améliorerait singulièrement son niveau de vie. 
Faute de mieux, elle anime un atelier d'écriture de polar devant un public hétéroclite , tant par son origine sociale que par ses objectifs cachés ou non. Amanda leur assène des règles d'écriture et tandis que la rédaction commune d'un polar classique se met en place, d'autres intrigues évoluent  en dehors de l'atelier.
Double narration donc et avec de nombreux personnages mais Rosa Mogliasso ne perd jamais son lecteur en route  et le divertit de manière efficace et très plaisante.
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Amanda anime un atelier d'écriture sur l'art d'écrire un polar ans une librairie. Un atelier avec gin à volonté. Elle écrit des romans mais n'a pas (encore) rencontré la renommée qu'elle aimerait. Et à cinquante ans elle trouve que le bilan de sa vie est un peu triste. D'où l'atelier d'écriture, il faut bien manger. Donc à défaut de percer dans le monde de la littérature, elle apprend aux autres à écrire. Ses quelques élèves espèrent tous être publiés un jour – sauf sans doute l'éditrice d'Amanda qui semble là pour vérifier si elle ne raconte pas n'importe quoi.

Ce qui a attiré mon attention avec L'irrésistible appel de la vengeance, second roman traduit en français de Rosa Mogliasso, c'est que ce roman cache un autre roman dans ses pages. Cela m'a immédiatement fait penser à Si par une nuit d'hiver un voyageur d'Italo Calvino, livre OVNI dont je n'ai pas osé faire une critique ici (mais je vous le recommande).

Dans son atelier d'écriture, Amanda fait écrire un polar à ses apprentis romanciers. Chacun un chapitre. Évidemment, tous y mettront leur personnalité, leur style et feront évoluer l'intrigue comme un cadavre exquis. le point de départ : un bateau de croisière, un mari, une épouse et une maîtresse et au moins deux meurtres. A chaque séance de travail, Amanda lira le chapitre d'un de ses élèves revu et corrigé par ses soins.

On est assez loin d'Italo Calvino et c'est une bonne chose. L'irrésistible appel de la vengeance est moins littéraire et plus abordable, plus reposant à lire. On entre facilement dans ce roman et dans le roman dans le roman. Les personnages sont tous intéressants et le petit groupe fonctionne bien. J'ai été séduite par le roman policier et curieuse de le voir avancer, comme si j'assistais aussi à l'atelier d'Amanda (sans le gin). Et puis, on peut aussi voir ce roman comme un manuel à l'usage de ceux qui voudraient écrire un polar. Il y a donc vraiment de nombreux intérêts à lire L'irrésistible appel de la vengeance. le premier étant de passer un bon moment de lecture avec ce livre vraiment original.
Lien : http://mademoisellemaeve.wor..
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critiques presse (3)
Telerama
21 novembre 2023
Le roman de Rosa Mogliasso rappelle, lui aussi, combien l’intime peut être noir dès que l’on gratte sous la surface.
Lire la critique sur le site : Telerama
SudOuestPresse
30 octobre 2023
Voilà une comédie à l’italienne, parodie gourmande de la bassesse humaine, qui se lit comme un manuel d’écriture à l’américaine.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LaLibreBelgique
17 octobre 2023
Rosa Mogliasso mène de front une intrigue policière et un manuel d'écriture. Avec humour et irrévérence.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ce que je sais, en revanche, c'est que l'amour  au temps d'internet est rapide et superficiel, autant dans les mécanismes que dans la prose: messages brefs, directs, clairs, transparents, pas de phrases complexes et surtout pas de ponctuation. Au mieux, un retour à la ligne.Imagine du Marcel Proust à l'envers et tu auras une idée assez précise de ce qui se passe à notre époque.
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