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EAN : 9782857047155
251 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (31/08/2001)
3.5/5   2 notes
Résumé :

- Madame de Coigny, aimez-vous toujours autant les hommes ? - Oui, Sire, surtout s'ils sont bien élevés. C'est par ces mots qu'Aimée de Coigny, duchesse de Fleury, répondit un jour à l'empereur Napoléon. Qui était cette insolente et redoutable séductrice ? A coup sûr, une femme exceptionnelle. Née sous les derniers feux de la monarchie absolue, elle se montre vite caustique et rebelle, jouant des sort... >Voir plus
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Quand Bonaparte devient Premier consul, le pays est exsangue. Les Directeurs n’ont pensé qu’à s’enrichir, la France était le moindre de leurs soucis.
Les impôts rentrent difficilement. La Terreur blanche règne dans certaines régions. L’instruction publique est nulle, l’état des hôpitaux navrant. Les commerçants sont contraints de fermer boutique, faute de denrées ou de marchandises. Des industriels licencient leurs ouvriers. À Marseille, le port est « un cimetière de bateaux ». Faute d’argent pour payer l’huile des lanternes, Bordeaux vit dans l’obscurité. On s’évade des prisons – véritables cloaques – tant les murs sont délabrés. Prendre la diligence équivaut à faire un acte d’héroïsme, tant en raison des brigands que de l’état des routes. Les digues s’écroulent. Quant aux finances… Bonaparte y nomme Gaudin, un spécialiste. Bien qu’il révèle dans ses Mémoires qu’il avait eu beau gratter le fond de tous les tiroirs de son ministère, trois ans plus tard, le franc germinal est créé.
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Le 20 juin, l’Assemblée fait le serment de donner une Constitution à la France. Aimée applaudit. « J’ai vu depuis la ruine d’une demi-douzaine de ces constitutions ; mille ans la France s’en était passée ; nous avons été dindonnés. »
Personne ne se doutait à l’époque de l’effondrement proche tant « les préludes des bouleversements sont toujours pleins de charme », poursuit Aimée. La Révolution française, on le sait – alors qu’elle l’ignorait encore –, fut l’œuvre d’hommes de lettres ». Les salons bruissaient de conversations philosophiques plus ou moins bien assimilées. Il est facile – et sans risque – de détruire le monde dans un salon. La mode est à « la chasse aux mots », comme l’a dit le roi Salomon, que cite notre duchesse, mais « la chasse aux mots ne produit rien », a conclu cet « épicurien sceptique » des temps anciens.
« Des écrivains adroits prirent alors beaucoup de peines et de soins, continue Aimée, pour apprendre au peuple français, heureux autant qu’il pouvait l’être, et beaucoup plus qu’il ne le fut depuis, l’énormité de ses souffrances… Et moi aussi, avoue-t-elle, j’ai respiré cette enivrante odeur de corruption dans nos salons, ouverts à tous ceux qui devaient se faire nos pires persécuteurs. Le tourbillon, né de leur verbe déréglé… a détruit un monde harmonieux, sous le couvert d’une mascarade effrontée, sanglante, absurde. »
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Chez la princesse d’Hénin qui, en dépit de ses trente-neuf ans – un âge certain à l’époque… –, garde un charme imposant de Junon un peu mûre, les deux camps se rejoignent également. Malheureusement, dans son salon, on joue… on joue même beaucoup pour essayer d’améliorer « l’ordinaire ». On joue au whist, bien entendu, le jeu préféré du comte d’Artois, mais au loto, ainsi que le signale Horace Walpole dans sa correspondance qui précise, le 27 septembre 1792 : « Leurs interminables histoires sur leurs absurdes compatriotes m’ennuient à mourir. Absurdes, ils le sont les uns et les autres, démocrates et aristocrates. Calonne leur débite des mensonges qui les élèvent aux nues et, après quelques jours, ils apprennent de nouvelles horreurs qui leur causent un cruel désappointement et les plongent dans le désespoir. Pauvres gens, je ne trouve rien à leur dire pour les encourager ! »
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Talleyrand donne sa démission de ministre des Relations extérieures en juillet 1799, et abandonne – momentanément – l’hôtel Galliffet pour un meublé de la rue Taitbout, où il vit en compagnie de la pulpeuse Mme Grand qui deviendra un jour son épouse et princesse de Bénévent. Il attend patiemment son heure. Il est grand temps qu’elle vienne, car le « margouillis » national – expression du temps – est partout. « La dépravation des mœurs est extrême, souligne un rapport de police, et la génération nouvelle est dans un grand désordre dont les suites malheureuses sont incalculables pour la génération future. L’amour sodomiste et l’amour saphique sont aussi effrontés que la prostitution et font des progrès déplorables. »
Les vêtements portés sont si extravagants qu’ils semblent proches du déguisement. Col-cravate montant plus haut que le menton, fonds de pantalon démesurés, jambes étroites, taille déplacée, chapeaux énormes, cheveux coupés à la chien pour les hommes, chiens hirsutes d’ailleurs, avec des mèches de toutes tailles. La rapine règne en maîtresse. Piller les deniers publics est la moindre des peccadilles. La France semble revenue à l’état sauvage. Les routes sont défoncées, les canaux embourbés. Il ne faut pas croire que le peuple est libre ! Dans l’Yonne, il est même interdit de danser le décadi !
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Les deux camps se réunissent parfois chez la duchesse de Fitz-James, et Aimée apprend qu’il est d’usage de déposer 3 shillings dans une coupe placée dans l’antichambre afin de régler les frais de bougies, de boissons et de menues friandises. Si l’hôtesse estime que certains participants en ont les moyens, elle trouve malséant qu’ils ne déposent pas au moins une guinée dans la coupe. À l’issue de la soirée, Mme de Fitz-James compte soigneusement la « recette » et vérifie s’il n’y a pas de faux shillings en se livrant à d’aigres réflexions sur les participants avares !
Pour les nobles, travailler, c’est déroger… Seules les femmes se livrent à cette occupation hélas ! nécessaire. Ce sont elles qui font vivre leur mari, leur fils, toute leur famille avec un courage digne d’admiration.
Parfois les jeunes filles échangent leurs toilettes, afin de se donner l’illusion d’en avoir une neuve, transformée à l’aide de rubans, d’un autre fichu, d’un bouquet de fleurs, au gré du goût ou de l’imagination de celles qui n’ont plus rien.
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