le " 8 Mars" célèbrera la journée de la Femme. C'est international.
Il sera forcément à propos de remettre en avant la collection " Elles ont osé!" chez Oskar Editeur.
Le titre de la collection soulignera déja chez ses figures féminines mises à l'honneur des qualités fortes, le culot, le courage et une certaine pugnacité.
Face à quelle menace?
Il ne s'agira pas d'un vrai danger à proprement parlé, chers jeunes lecteurs, sauf si les règles qui régissent l'objet, le maintiennent sur ses roues, ne lui font pas prendre le droit chemin ou lui font emprunter des raccourcis faciles et discriminatoires pour des catégories de citoyens: nous parlerons de la société.
Il est sans contestes difficile de placer chacun à la bonne place qu'il mérite, de répartir les droits de façon équitable si la Justice s'adapte à un schéma faussé de départ. Comment rendre une société plus juste si l'on ne s'entend pas sur la forme d'une justice dès le départ?
Repenchons-nous pour que cela soit plus clair pour vous, jeunes lecteurs, sur la Fable du "
Lièvre et de la tortue" de
Jean de la
Fontaine.
Que deux personnages aient le droit de concourir à une course, c'est de la justice. S'assurer que les deux s'affrontent à armes égales, c'est de l'équité: ainsi dans la fable, il était en effet équitable d'accorder à la tortue un peu d'avance, puisqu'elle est d'une allure très lente. Après, adviendra que pourra et nous connaissons la fin. Ainsi, rien n'est joué.
Le récit de
Gisèle Halimi, avocate féministe, réunira ces aspects fondamentaux. de part son combat de femme pour l'égalité sociale de son sexe, mais aussi en rapport à ses fonctions. Nous devrons nous assurer que chacun aura droit aux mêmes possibilités de se défendre dans la vie. Sur ce principe d'ailleurs, l'avocate
Gisèle Halimi ne choisira pas toujours ceux et celles qu'elle défendra: c'est le droit légal d'avoir une défense devant un tribunal, sur la base d'un jugement qui pourrait coûter la liberté du citoyen.
L'auteure
Evelyne Morin-Rotureau en fera ici, dans cette biographie, un personnage riche et forte de caractère. La société ne lui aura pas fait de cadeau, de la Tunisie des années 30 à la
France des années 70.
Zeiza Gisèle Elise Taïeb n'a pas sa langue dans sa poche, et ce, depuis toute petite. C'est une nature indomptable mais respectable des convenances.
Moitié berbère par son père, moitié andalouse par sa mère, tunisienne judaïque par les deux sous la colonisation française, Gisèle a connu ses premiers démêlés avec sa culture.
" -Non, je ne ferai plus le ménage, non je ne laverai plus les sols, non je ne ferai plus la vaisselle, non je ne servirai plus mes frères à table, non je ne ferai plus leur lit!
Marcel est plus grand et plus fort que moi et il ne fait rien...Et puis je travaille bien mieux que lui à l'école..."
Gisèle, 10 ans, fera sa première grève de la faim.
Gisèle se sentira très aimée de son père et mal aimée de sa mère: " ne pas investir d'amour et de projets sur ses filles, Fortunée n'est pas la seule mère à se comporter ainsi. Une fille est une charge; on l'élève pour une autre famille, il faut la surveiller pour garder sa virginité jusqu'au mariage et il faut payer la dot...La dot, une des raisons pour lesquelles les familles pauvres ne veulent pas de filles ..."
Tout ceci construira le personnage.
Le roman est une mine d'informations concernant l'historique et le droit de la Femme: de la Loi Salique des rois du Vème siècle à l'invention des protections lavables en 1963.
Gisèle apprendra beaucoup des lois, les soutiendra ou les contestera haut et fort si elles ne sont pas dignes.
Nous en saurons d'avantage, à la période " Pétain" notamment, Chef de conseil (
Premier Ministre français en d'autres termes) sous le Président
Albert Lebrun, qui signera l'armistice avec l'Allemagne nazi dans les années 39-45, ceci vue des colonies.
Sa famille traversera cette dure épreuve.
Ca sera intéressant et aussi édifiant pour la jeune Gisèle: la loi divine ou les lois politiques ne seront pas juste par définition, elles pourront être discutées, adaptées à une réalité de terrain, raccrochées légitimement à plus d'empathie pour y voir plus clair.
Nous comprendrons finement en lisant que rediscuter des choses fondamentales, les changer à l'occasion, peuvent se porter au vrai bénéfice de ceux et celles qui les mettent en application pour leur propre bien. Que souhaitons-nous pour nous-mêmes?
Le " Aides-toi et Dieu t'aidera" des mythes bibliques, prendra tout son sens.
Gisèle sera maitresse de son destin et s'en donnera les moyens, nous l'auront bien compris.
Elle attendra son heure et saisira la bonne occasion pour se rendre sur
Paris et suivre à la Sorbonne ses études de
Droit.
Les lecteurs ados choisiront probablement le bon moment pour se plonger dans ce roman très documentaire et documenté mais le moment venu, ils ne devraient pas le regretter.
C'est d'un didactique très accessible, à recommander aux grands ados mais aussi les adultes, aux femmes mais également aux hommes.
Le parcours détiendra une symbolique très forte de réflexion, d'un bon recul possible sur la grande histoire de l'humanité.
"- Vous devez comprendre que plaider, ce n'est pas toujours gagner ni même convaincre. Expliquer, c'est faire avancer les valeurs de justice, c'est changer les mentalités, quelquefois malgré l'échec du verdict..."