Autocritique

On est en 1958... Edgar Morin considère qu'un observateur qui analyse un phénomène doit aussi inclure l'analyse de l'observateur en train d'observer. Pour lui, la description et l'analyse d'un phénomène ne sont pas totalement indépendantes de l'observateur. Il en va de même de toutes ses analyses qu'il a produites sur le communisme. Dans ce livre autobiographique, le sociologue s'auto-analyse comme sympathisant, comme pré-communiste, comme adhérent du PC, comme opposant de l'intérieur à certains points de vue internes, puis comme déçu mais toujours communiste non encarté, puis comme exclu... Il avoue n'avoir pas été un grand militant mais un intellectuel communiste.... C'est courageux !!!... Dans cette mue-métamorphose, qui se réalise sous nos yeux, ce qui est redoutable, c'est sa capacité à expliquer ses changements de points de vue politiques certes, mais aussi philosophiques... Ce qui est dommage c'est qu'il conserve comme une dernière carapace une couche de métaphysique que rien ne justifie, qu'il appelle mysticisme, ou magie suivant la teneur des idées... Son "matérialisme résiduel" qu'il aura réussi à extraire des matérialismes dialectique et historique reste pour partie scientifique mais contient ici ou là de la métaphysique "grand teint"... Allez Edgar ! Encore un petit effort... Les travaux de Mario Bunge peuvent être une aide féconde...