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sur 675 notes
Au travers ces sept histoires d'hommes qui cherchent les motivations profondes du : pourquoi ma femme m'a -t'elle quitté ?pourquoi m'a-t'elle trompé ? pourquoi ne l'ai-je pas comprise?Haruki Murakami nous emmène à nouveau dans son monde Si atypique où la réalité bien souvent côtoie l'irréel. C'est un univers bien spécial que celui d'Haruki Murakami on y adhère ou non ,on le ressent ou non,;pour moi ,comme pour ses autres romans je m'y "plonge" avec délice et j'en reviens apaisée, calme et je me dis que les petites choses de la vie peuvent être vécues d'une façon différente ,c'est très difficile à expliquer le ressenti après la lecture des romans de cet écrivain, c'est toute une philosophie de vie qui nous enveloppe de douceur ,qui nous ressource et j'y suis très sensible. Mais chacun peut avoir une approche différente ou "on accroche" ou pas,pour moi sans aucun doute le prochain roman décroché de ma P.A.L. sera: Les amants du Spoutnik.A conseiller pour ceux qui aiment survoler la réalité en rêvant. ⭐⭐⭐⭐⭐
Critique rédigée sur la musique de Percy Faith,( allusion faite dans sa dernière histoire : des hommes sans femmes)
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Que dire ? J'ai l'impression après avoir tourné la dernière page que décidément le nom de Haruki Murakami fait vendre.

Et c'est vrai que c'est en voyant son nom parmi les nouveautés que j'ai acheté ce livre. Puis, première déception, ce sont des nouvelles, genre que je n'affectionne pas beaucoup. Je préfère les longues envolées. Restait la question, mais comment va s'y prendre Murakami lui qui nous a habitués à des histoires qui faisaient parfois plusieurs volumes et qui a, justement, besoin d'ampleur pour déployer sa poésie particulière ? Seconde déception, je lis que ce recueil ne renferme rien de nouveau. Il s'agit de nouvelles déjà publiées dans des revues de longue date. Et je songe à l'éditeur, à sa politique commerciale et à la nécessité de publier régulièrement le nom d'un auteur qui plait ... Murakami n'a plus rien écrit de décisif depuis 1Q84 et, comme par hasard, ont été publiés en français ses deux premiers livres jamais traduits et puis ces nouvelles... Restait la question, et si comme l'incolore Tasaki, ce n'était pas mauvais après tout ?

Dernière déception, ces nouvelles sont vraiment vides. De petites ébauches, sans souffle ni valeur ajoutée. Ces hommes sans femmes, pour avoir laissé s'échapper une femme déterminée dans leur vie, ne m'ont pas ravi du tout. Même la nouvelle qui se veut un "remake" de la Métamorphose n'est pas aboutie. Bravo pour la politique éditoriale, j'ai marché à fond, mais je reste sur ma faim. Le Murakami de ses débuts avait bien plus de charme et de talent que le Murakami d'aujourd'hui que tant voudraient nobéliser. Pourtant, Murakami n'est définitivement pas Oé.
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Recueil de nouvelles, Des hommes sans femmes est un des derniers livres de Haruki Murakami traduit et publié en France.
Sept hommes sans femmes. Sept nouvelles poignantes, pleines de musique, de mélancolie, de magie. Mais c'est aussi selon Murakami sept destins brisés. Que sommes-nous lorsque les femmes nous abandonne ? Que devenons nous ainsi livré à nous-mêmes ? Visiblement rien de bon. Des automates sans vie (Drive my car), des coquilles vides remplies de fantômes (le bar de Kino et Samsa amoureux), des adulescents attardés (Yesterday, Shéhérazade)...
J'ai beaucoup apprécié cet atmosphère fantastique à la Edgar Allan Poe, pleine de mélancolie et de romantisme. La force de ces nouvelles tient pour moi à cet aspect de l'écriture mais aussi à la force de ces silences omniprésents, si important dans la culture japonaise.
Ce recueil m'a donné envie de plonger dans l'univers de Murakami.
Je le conseille d'abord aux néophytes, les amateurs l'ayant sûrement déjà lu.
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Je tiens à remercier l'étourdi providentiel qui a oublié ce bouquin de Haruki Murakami sur une banquette de l'aéroport de Toulouse.
Grâce à lui, le vol m'a paru trop court et j'ai découvert ce fascinant recueil qui sinon m'aurait échappé en raison de mon aversion maladive pour les nouvelles.

Le malheur des uns fait donc parfois le bonheur des autres pontifie-je dans ma barbe et, poursuivant l'introspection, revient à ma mémoire un épisode similaire survenu à l'aéroport de Bangkok il y a quelques années.
L'étourdi c'était moi, j'avais oublié un sac contenant quelques sucreries et "La révolte des pendus" de Traven que j'avais lu dans l'avion.
Je me souviens avoir pesté contre mon amie qu'avec mauvaise foi je considérais comme responsable de la catastrophe. Bigre un bouquin en français, à l'époque c'était denrée rare sous ces latitudes.

A aucun moment l'égocentrique qui écrit n'avait songé au bonheur qu'il avait peut-être dispensé fortuitement à l'heureux découvreur du sac, et je ne pense pas seulement aux bonbons.

Tu vois Paulo, cahin-caha, elle prend forme ma légende personnelle.
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Ce recueil de nouvelles de Murakami nous permet de renouer avec les précédents que sont Saules aveugles femme endormie et L'éléphant s'évapore.
Ici, néanmoins, le sujet diffère quelque peu et se focalise sur les histoires d'hommes qui vivent ou qui ont vécu auprès de femmes dont ils se trouvent soudainement privés.
Ces chroniques d'hommes qui se sont trouvés esseulés de manière souvent brusque, voire violente nous mènent ainsi sur les traces d'un homme qui cherche à savoir pourquoi sa femme disparue l'a trompé, d'un médecin subitement tombé amoureux d'une de ses maîtresses, d'un patron de bar seul au fond d'une impasse, et de bien d'autres.
On retrouve dans certaines nouvelles l'atmosphère si particulière que sait entretenir cet auteur et qui ont fait son oeuvre si particulière.
Par ailleurs, les clins d'oeil littéraires ne manquent pas dans ce recueil. Ainsi du titre inspiré d'Hemingway, de Samsa amoureux qui n'est autre que La Métamorphose de Kafka inversée et de bien d'autres que le lecteur découvrira au fil de sa lecture.
A la lecture des Hommes sans femmes, on est impatient de connaître le prochain roman de Murakami.
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Sept variations sur le même thème
Contrairement à d'autres recueils de nouvelles murakamiennes, Des hommes sans femmes répond à un projet de l'auteur: "Ce que je veux aborder avec ce recueil ? En un mot l'isolement et ses conséquences émotionnelles. Des hommes sans femmes en est l'illustration concrète".
Sept nouvelles, sept variations sur le même thème donc. Sept hommes de conditions sociales différentes qui se retrouvent tout seuls après un décès, une rupture, un adultère. Brisés, hagards, K.O. Leur vie s'arrête. Ils ruminent le bonheur perdu, s'accrochent désespérément au souvenir, essayent vainement de comprendre, au bord du vide. Certains ont la chance de pouvoir se confier à un personnage, réel ou fantasmé, qui les aide à faire avec et à avancer.
Le recueil est terriblement mélancolique, souvent cruel mais la magie opère. Murakami s'y entend pour créer une atmosphère nocturne , propice à la confidence. Chaque nouvelle est originale de la plus classique à la plus barrée, les décors sont singuliers, du périphérique tokyoïte à l'appartement praguois. La musique toujours présente, des Beatles à Francis Lai. Ces variations sur l'isolement sonnent juste.
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Dans cet ouvrage, l'auteur nous propose sept courtes histoires. Des histoires d'hommes sans femmes. Il sont célibataires, veufs, divorcés, et ont en commun un manque de sens à leur vie. Manque de sens du à l'absence de femme. Certains ont des maîtresses, d'autres en ont eu. Les histoires sont très différentes, parfois elles sont étranges, inquiétantes, parfois elles se terminent de façon abrupte, en laissant le lecteur sur sa faim. L'écriture, agréable, exprime beaucoup de douceur, de mélancolie, d'interrogations, d'introspection. On est souvent à la limite du réel et de l'imaginaire, il y a toujours quelque chose d'insaisissable.
Je reste sur une impression mitigée.
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Ce recueil de nouvelles faisait partie de ma première commande de fin de confinement. J'avoue avoir découvert cet auteur récemment après lecture d'articles sur les blogs. Je n'ai pas été déçu, bien au contraire. On a là de bien belles et étonnantes histoires. La narration en apparence simple, mais rythmée et fluide, s'enrichit quand on ne s'y attend pas de sens cachés qui démultiplient le récit, comme dans des miroirs parallèles.
C'est le premier livre que je lis de Haruki Murakami. J'ai cette impression très satisfaisante d'avoir nourri mon imaginaire avec une oeuvre qui prolonge l'oeuvre du grand Yasunari Kawabata (1899-1972). Je pense à cet auteur, entre autres à « La danseuse d'Izu » et « Les servantes d'auberge », pour la forme courte adoptée ici, pour le style et les thèmes, aussi aux grands auteurs nippons célèbres en occident : Junichirô Tanizaki (1886-1965) avec son magnifique « Eloge de l'ombre », Yukio Mishima (1925-1970) du « Pavillon d'or ». Par contre, l'époque n'est plus du tout la même. La femme n'est plus soumise au bon vouloir de l'homme qui la fantasme et la soumet à sa volonté. Elle a acquis, sur ces feuillets tout au moins, une forme de liberté. Sa place, dans chaque nouvelle est centrale – surtout dans le jeu de son absence – et c'est elle qui en définitive gère le tempo. Avec Haruki Murakami, un équilibre entre homme et femme semble se trouver.
Tout ceci est « peut-être » une interprétation de ma part mais j'ai pensé en refermant le livre au célèbre vers d'Aragon « la femme est l'avenir de l'homme ». Ce terme : « peut-être » est souvent utilisé ici, dans la nouvelle qui donne son titre au recueil, il est dit : « Peut-être que j'utilise le mot « peut-être » trop souvent. Peut-être. »
Il n'est pas question de violence physique, pourtant une caractéristique de beaucoup d'oeuvres japonaises – littérature ou cinéma –, et cela me plaît aussi. En lisant ce livre on s'aperçoit vite que c'est un auteur qui a pris sa place et pas des moindres dans la littérature mondiale. Quand on fait une recherche à son sujet, son succès saute aux yeux, s'en est étonnant !
Drive My Car : dans la première nouvelle Kafuku, un acteur en vue, suite à un accident dû à un excès d'alcool et un problème de vue, doit se faire conduire chaque soir au théâtre par Misaki une femme plutôt taciturne, une rencontre improbable... Les caractéristiques physiques sont très présentes et parfaitement dissociées des personnalités réelles, ce que j'ai apprécié : « Il avait absolument besoin d'un chauffeur au plus vite et Ooba était un homme de confiance. Ils se connaissaient depuis quinze ans déjà. Ooba avait les cheveux épais, de vrais fils de fer, et il avait un peu l'allure d'un lutin, mais son avis en ce qui concernait les voitures était toujours pertinent. »
Le recueil commence d'emblée, dans une simplicité apparente, par un grand texte. C'est une merveille ! Un jeu d'ombre et de lumière où, alternativement, la parole et le silence expriment une multitude de sentiments. La musique particulière de l'écriture est frappante, accentuée par une traduction où je n'ai décelé aucune dissonance.

Yesterday : un célibataire vibre au rythme des Beatles qu'il interprète à sa manière et de surcroît en Kansai, un dialecte plutôt méprisé au Japon.
« En tout cas, les paroles qu'il avait inventées étaient de bout en bout complètement absurdes, de véritables non-sens, sans aucun rapport avec l'original. »
Kitaru est un jeune homme de vingt ans qui cherche à donner un sens à sa vie et à l'amour. Ici les cultures anglo-saxonnes et japonaises s'entrecroisent rendant compte de la réalité actuelle du Japon.
Un organe indépendant : Tokai, un chirurgien comblé par son métier collectionne les aventures sans connaître le grand amour. Une nouvelle surprenante et réussie. Je ne dois pas en dire plus malgré l'envie que j'aie, seulement que Murakami sait comme personne faire parler l'intériorité des personnages :
« Il hésitait. Il n'avait apparemment pas de bon exemple pour illustrer sa démonstration. Ou peut-être éprouvait-il quelque scrupule à en dévoiler un. Je repris la parole... »

Schéhérazade : cette histoire est présentée comme vraie car un bon conteur « doit être crédible s'il possède son art ». Avec Murakami, la promesse du vrai entraîne vers bien des zones troubles. Une Schéhérazade magnifique raconte des histoires sans fin et sans craindre pour elle-même :
« Elle lui racontait ses histoires parce qu'elle en avait envie et aussi, sans doute, pour le réconforter, lui qui devait demeurer cloîtré toute la journée. Mais ce n'était pas les seules raisons. Habara supposait qu'elle aimait rester au lit avec un homme et parler avec lui durant ces moments tendres et alanguis qui suivent l'amour. »
Enigmatique en diable, cette nouvelle aussi m'a durablement impressionné.

Le bar de Kino : Ah, le bar de Kino ! Quelle histoire ! J'ai adoré et je ne suis pas près de l'oublier. Tout est parfait, la grande littérature nippone a créé ce type de miracle bien souvent et récidive, même dans ce petit texte si bien construit. Des clients belliqueux vont briser le calme du café de Kino au fond d'une impasse, lui qui a été trompé et a dû partir du domicile conjugal. Un client le provoque verbalement : « Puis il se lécha consciencieusement les lèvres avec sa longue langue. On aurait cru voir un serpent devant sa proie. » Chez Murikami ce n'est pas seulement une comparaison formelle, la nature, les kamis – divinité ou esprit vénéré dans la religion shintoïste – sont présents réellement.

Samsa amoureux : le Samsa de Kafka est épris d'une inconnue mystérieuse. Un drôle de monstre inoffensif et maladroit, suite à un évènement, a subi une transformation dont on sait peu de chose. Il découvre en quelques heures ce qu'un homme apprend pendant toute une enfance, se lamentant des difficultés de l'initiation et s'étonnant, malgré tout, du merveilleux de la vie humaine.
« C'est vraiment moi ça ? Un corps aussi grotesque, si simple à détruire (sans carapace protectrice et sans arme d'attaque) était-il en mesure de survivre dans ce monde ? »
C'est totalement décalé et éclairant dans les outrances !

Des hommes sans femmes : est un récit très bref comme une conclusion en ombre et lumière. C'est un rappel du thème qui parcourt toutes ces nouvelles, la solitude suite à la séparation, la solitude suite à un décès, à un suicide, les destins qui suivent leur cours sans savoir ce que devient l'autre que l'on a connu, aimé. Tout cela relaté dans la lumière de cette écriture limpide et dans l'ombre du mystère de la vie :
« Il est facile de devenir des hommes sans femmes. On a juste besoin d'aimer profondément une femme et que celle-ci disparaisse ensuite. En général (comme vous le savez), elles auront astucieusement été emmenées par de robustes marins. »

Haruki Murakami a étudié le théâtre et le cinéma avant d'ouvrir un club de jazz à Tokyo – musique est très présente, rythmant plusieurs récits, notamment « le bar de Kino » et « Des hommes sans femmes ». C'est un écrivain reconnu, plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature, traduit en plus de 50 langues, auteur d'une oeuvre considérable. En quelques trente ans, il est dit qu'il a modifié le paysage littéraire japonais et intégré le cercle de ces auteurs mondialisés « incontournables » tel que Stephen King, J. K. Rowling – ceux-ci que je n'ai pas lus... – et quelques autres. Un succès qui me semble, si j'en juge à ce livre, bien mérité si cela n'écrase pas tous ces auteurs talentueux peinant à se faire une place.
Cela restera une de mes lectures majeures de ces dernières années et je compte bien découvrir d'autres écrits de cet auteur. Merci de me donner vos avis quant à cet auteur et cette chronique.
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Retrouver cette critique avec photo d'illustration personnelle, ainsi que deux musiques de jazz présentes dans la superbe nouvelle "Le café de Kino", sur le blob Clesbibliofeel. A bientôt et merci pour votre lecture !

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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L'art de Murakami se déploie aussi bien dans des romans fleuves que dans de courts récits. Même si, à vrai dire, on le préfère dans le premier exercice ne serait-ce que pour le plaisir de se laisser envelopper petit à petit, et plus c'est long, plus c'est bon, par sa narration arachnéenne. Des hommes sans femmes est un recueil de 7 nouvelles qui par certains côtés ressemble à une compilation d'un certain nombre de thématiques chères à l'écrivain japonais. Celle des relations entre les hommes et les femmes, notamment, bien que le titre du livre ne doive pas induire en erreur : Les femmes sont très présentes même si elles sont parfois évoquées dans des souvenirs ou des fantasmes. Comme toujours chez Murakami, plusieurs tonalités se mélangent : réalisme, mélancolie, tragédie, absurde, fantastique. Chaque lecteur aura sans aucun doute son ou ses nouvelles préférées. Drive my Car et Shéhérazade sont celles que l'on peut mettre en avant pour leur originalité mais elles forment toutes un ensemble cohérent qui entretiendra le feu des plus anciens lecteurs de Murakami tout en séduisant de nouveaux adeptes.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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 Je sais, l'auteur est japonais comme japonais sont ses personnages. Je sais, l'action se passe à Tokyo ou dans ses environs et de nos jours apparemment (on y parle de portable), pourtant, et c'est une des belles et grandes vertus de la lecture que de laisser vagabonder l'imagination, j'ai inconsciemment décidé de convoquer le cinéma italien des années 50/60/70 et de revisiter ce recueil de nouvelles nippones en un film à sketches du Cinecita du temps de sa splendeur, pourquoi pas en noir et blanc, l'écriture est si fluide, romanesque et littéraire à la fois, que toutes les fugues sont permises. Si nipponne est l'écriture, friponne sera ma lecture. Mon esprit est mi fugues mi raison.

-          Confessions (auto)mobiles :
La première nouvelle transforme une vieille SAAB jaune (j'imagine une Fiat 500) en confessionnal (tiens, je suis à  Rome). Contraint par sa vision rendue défaillante à cause de l'âge, un célèbre acteur de théâtre embauche une jeune fille un peu ‘mutique' comme chauffeur (malgré son aversion pour la conduite féminine). le dialogue tarde à s'instaurer, pas le même milieu, pas la même génération, des caractères aux antipodes. Quand il s'établit, l'homme s'abandonne et laisse son histoire de veuf récent résonner (raisonner) dans l'habitacle. Un huis clos mobile et introspectif, distillé au goutte à goutte et nous sommes perfusés de cet amour sobre et intense ou l'adultère subi laisse planer une espèce de possible action tordue chez un homme plutôt rigide et droit. Une quête rendu sans réponse par le veuvage, une forme de doute rendu absolu, la femme disparue hantant son mari par l'absence de sens donné à ses actes. Un confessionnal à roulettes ou émerge la question : que sommeille en nous quand le marchand de SAAB est passé ?
 
-          L'étau du prêt ambigu  :
Un contrat immoral : Comment aurais-je accueilli cette proposition, si dans ma jeunesse, vers 20 ans (ou même plus tard), mon meilleur ami m'avait demandé de sortir avec sa petite amie pour être certain, qu'en son absence, celle-ci n'aille pas vers d'autres aventures, préférant la savoir dans mes bras familiers plutôt que dans d'autres, inconnus. Forcément, telle proposition laissera des traces indélébiles chez notre personnage qui se révèleront quand, 16 ans plus tard, le hasard remettra en scène les mêmes protagonistes. Une digression sur le temps qui passe et l'empreinte laissée par nos expériences de jeunesse comme par les souvenirs musicaux qui s'y rattachent.

Je ne l'ai pas dit, mais ce recueil de nouvelles a pour point commun entre elles de relater des vies d'hommes seuls, sans femmes comme le précise le titre. La femme est ACTUELLEMENT et physiquement absente de leur vie mais est cependant le centre de leurs préoccupations.
 
-          L'anorexie sentimentale  :
Après le nouveau veuf et le jeune célibataire vient le célibataire dit endurci,  ici par choix, qui multiplie les aventures amoureuses à la condition qu'elles aient la particularité de ne le jamais mettre en situation délicate. Pas d'attaches, pas d'ancrage. Chirurgien esthétique de renom, ce quinquagénaire ne se lie qu'à des femmes mariées ou en passe de l'être, amplement satisfait ne n'être que l'amant qu'elles sortent, multiples, de temps en temps, Niveau zéro côté sentiments, affect nul. Il ne joint l'agréable qu'à l'agréable. On dîne, on sort, on couche, point. Mais si cela est bien établi, géré, planifié même par un gay secrétaire, qu'advient-il quand Éros s'invite dans la partie fine comme un grain de sable dans un engrenage extrêmement bien lubrifié. L'émergence tardive de sentiments amoureux peut-elle faire vaciller un édifice pourtant prévu résister à toute épreuve ? L'amour, parfois qualifié de sirupeux, s'aurait-il se montrer sirop typhon à consommer jusqu'hallalie. Une espèce de conte à la Maupassant qui, quelque part, se serait trompé de genre, la femme ayant finalement damné le pion à cet homme englué dans ses certitudes et qui, pourtant, finira par se laisser d'amour mourir.
 
-          Mode Lamproie  :
L'homme sans femme suivant fait plus figure d'élément du décors qu'il n'occupe le centre de l'histoire ou le devant de la scène, vampirisé par celle qui va prendre toute la lumière. On imagine en lui un handicap (dont il n'est pas fait état avec précision) qui suppose un confinement, les tâches domestiques étant déléguées à une infirmière/travailleuse sociale qui intègre également des prestations sexuelles dans ses missions. Par une habile pirouette, cette nouvelle diffère des précédentes en braquant son projecteur, non pas sur l'homme donc, mais sur cette femme qui complète son passage à domicile en lui racontant des histoires, réelles ou fantasmées, et là, intervient un nouvel homme sans femme, un lycéen, objet de l'érotomanie juvénile de la conteuse qui se souvient, de surcroît, avoir été une lamproie dans une autre vie. Cette idée de lamproie, quasi invisible, tapie et ventousée au fond des étangs mais susceptible de dévorer tout poisson passant à sa portée n'est-elle pas son propre autoportrait, elle dont les histoires captivantes vont finalement vampiriser son auditeur et lui voler la vedette, telle l'amante religieuse ?
 
-          le rade des âmes en rade.
Comment, de commercial en chaussures de sport hyper-techniques vient-on à se reconvertir pour ouvrir un bar où s'exprimeront de mythiques disques de jazz ? En divorçant après avoir surpris sa femme chevauchant allègrement son meilleur ami ! Et ce bar, cet espace, ce lieu devient la grotte, le refuge, l'ancrage où d'autres fragiles embarcations en perdition viendront s'amarrer, le rade des âmes en rade. Mais quand la ligne de flottaison est submergée, est-il vraiment possible de redémarrer une existence, de se remettre à flot ? Nos démons ne sauront-ils pas refaire surface pour nous ré-engloutir une nouvelle fois et sous quelle forme ?
 
-          Envie de faire Kafka :
Mais qui suis-je, d'où viens-je, ou cours-je, telles sont les questions que se pose Samsa en se réveillant seul et nu, sur ce matelas nu, dans cette pièce nue, dans cette enveloppe charnelle nue de mémoire et de carapace, surpris de se retrouver dans…un corps humain et découvrant la douloureuse sensation de faim. Il aurait préféré être…un poisson ou un tournesol. Mais quelles sont ces sensations qui secouent ce corps dont je ne sais rien, que signifient ces mots que j'entends pour la première fois et, surtout, pourquoi étais-je enfermé dans cette chambre rendue volontairement borgne ? Kafkaïen ! Une métamorphose en cours...de compréhension

-Une licorne dans l'ascenseur
Un homme reçoit un appel téléphonique anonyme à une heure du matin lui annonçant le suicide d'une ancienne maîtresse et…l'auteur part en vrille. Si les autres nouvelles ont su m'intéresser, par leur histoire, leur style, à minima par leur écriture, celle-ci me laisse pantois, interdit, un OLNI, Objet Littéraire Non Identifié. Un blouguiboulga foutraque sans sens qui met un point final interrogateur à une lecture qui m'avait pourtant charmé. Drôle de fin pour un recueil ! Un home sans flamme.
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