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André Markowicz (Traducteur)
EAN : 9782742734481
98 pages
Actes Sud (09/10/2001)
  Existe en édition audio
3.88/5   78 notes
Résumé :
1862 : début des grandes réformes en Russie, qui annoncent une tentative de libéralisation du régime. Désireux de prouver sa largeur d’esprit, alors fort à la mode, un grand chef de l’administration s’invite à la noce d’un modeste fonctionnaire. La série de catastrophes découlant de cette très mauvaise idée est l’occasion d’une farce irrésistible qui, par son impertinence caustique, annonce déjà la révolution.

Source : Actes sud
Que lire après Une sale histoire (Une fâcheuse histoire)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Dostoïevski nous livre ici le portrait d'un fonctionnaire, Ivan Iliitch Pralinski, rempli d'idéal mais également d'orgueil.

Lors d'une pendaison de crémaillère, il discute avec deux autres fonctionnaires de haut grade comme lui et essaie de démontrer qu'il est libéral alors que ses collègues sont attachés à leurs privilèges. Il boit plusieurs coupes de champagne alors qu'il ne boit pas d'habitude et s'échauffe un peu.

Lorsqu'il veut rentrer chez lui, son cocher n'est pas là, alors il décide de rentrer à pied, passant devant une maison où se déroulent les noces d'un de ses subalternes et désirant mettre en pratique ses grands principes, il décide de s'inviter. Il prépare son entrée en scène, ce qu'il va dire dans ses pensées, construit son scénario mais rien ne se passe comme il l'avait imaginé et il va continuer à boire, disant un peu n'importe quoi.

Dostoïevski est sans pitié face à ce fonctionnaire qui n'est pas si ouvert que cela sur les idées « révolutionnaires » et qui se conduit de façon plutôt méprisante avec les invités, lui qui voulait montrer qu'il n'avait pas l'esprit de classe et qu'il était plein de bienveillance, prouve au contraire son orgueil, son mépris de l'autre, sa condescendance.

Cette nouvelle caustique qui ne ménage pas le milieu des hauts fonctionnaires, les castes, les différences sociales, a été écrite en 1862, alors que la Russie commence à frémir…

« Ceci se passait au temps où, emportés par leur foi en la renaissance de notre chère patrie, les meilleurs de ses enfants s'élançaient, enthousiastes, vers de nouveaux espoirs et de nouvelles destinées. »

Cet auteur me plaît de plus en plus, et j'aime son style percutant ainsi que la manière dont il interpelle le lecteur au cours de ses récits.

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Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Satire impitoyable
Cette nouvelle est parue en 1862, au début des grandes réformes du tsar Alexandre II.
Par une claire nuit d'hiver, le Général Stéphane Nikifirovitch Nikifiroff, célibataire de soixante-cinq ans pend sa crémaillère. Après quarante-cinq ans de vie étroite et médiocre, il vient d'acquérir une magnifique demeure, un hôtel particulier d'allure seigneuriale dans un beau quartier de Saint-Petersbourg. Il a invité en grande pompe...deux autres généraux : Semen Chipoulenko, possesseur d'une bonne place et cramponné à ses privilèges et Ivan Iliitch Pralinski, libéral aux idées larges. Après quatre coupes de Champagne, Ivan Illitch s'enflamme de plus en plus. Il se fait fort d'être un humanitariste vis à vis de ses subordonnés : "On m'aime et, par conséquent, on a confiance en moi ; on a confiance en moi donc on croit en moi ; on croit en moi, par conséquent on m'aime...si l'on croit en moi, on prêtera confiance aux réformes que je préconise".
Chipoulenko ricane, Pralinski s'enflamme, boit encore trois coupes de Champagne. Quand il s'en va , son cocher n'est plus là. Semen Ivanovitch propose de le faire fouetter. PralinskiIl part à pied en se contentant de le maudire . Il continue de déblatérer , ivre de Champagne et de ses propres paroles. Soudain arrivé à quelques mètres de la Grande Perspective, il entend de la musique. de l'autre côté de la rue, dans une vieille maison en bois, on s'amuse. C'est la maison du fonctionnaire Pseldonimoff qui vient d'épouser la fille du conseiller Mammiféroff. Pseldonimoff est un de ses subalternes, un gratte-papier servile et terne à dix roubles par mois. Ivan délibère avec lui-même avant de s'inviter à la noce...
J'ai adoré cette nouvelle bien caustique, très riche, magistralement construite avec des dialogues vivants. du vieux Général au petit fonctionnaire de rien du tout, tout le monde en prend pour son grade. Grâce à une ironie mordante, Dostoïevski dénonce la médiocrité des hauts fonctionnaires, l'hypocrisie des Libéraux. Pralinski pense que Pseldonimoff va se sentir flatté de sa présence, l'aimer, le comprendre. Or le subordonné obéit, c'est tout. Il ne peut articuler un son, il accueille son Général, lui sert à boire, va jusqu'à le border dans le lit nuptial parce qu'il n'a pas le choix. Cette nouvelle m'a fait penser à Giscard s'invitant chez les petites gens avec son accordéon, à Balladur prenant le métro, à Fabius mangeant des carottes...
Lu sur le site de la bibliothèque russe et slave dans une traduction réussie.
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Les grandes idées sont comme les grands sentiments, et les "grandes personnes", c'est à l'épreuve de la vie et non dans les grands discours qu'elles prouvent la bonne foi de celles et de ceux qui les dispensent. Une sale histoire que celle-ci. Sale et pourtant si répandue. Accroché à ses valeurs, à son rang, à sa reconnaissance sociale, à ce qui en somme lui permet de se définir , de se rassurer face aux autres et encore plus face à lui même, voilà un général qui se déclare libéral, nouvellement pétri d'un nouvel humanisme, d'un  « humanitarisme » de circonstance. L'époque change, la nouvelle Russie se met en marche. Mais dans quel sens ? Pour changer le fonctionnement du monde doit on changer la nature des hommes ? A marche forcée , les idées peuvent être se rendre maîtresses des sentiments ? Comment remettre en question un système qui vous a fait place et qui a fait de vous ce que vous êtes  ? Si la société est un arbre, et que sa cime en est le rêve pour beaucoup, la distribution de ses branches n'en reste pas moins une dure et souvent cruelle réalité. La répartition des êtres vivants selon leurs exigences… Thème d'une leçon sur les sciences de la vie et de la terre. Collège , première année. Pas selon leurs besoins, leurs désirs, leurs espoirs, mais selon leur exigences. Où se situe alors le sens commun ?
La vie est équilibre et l'exigence sociale, politique, économique subie, imposée, et généralement admise, engendre le combat. Ah!...Aimer son prochain… Mais que fait on de son suivant ? de son lointain ? de son vivant ? Dostoïevski condense dans ses écrits une pensée si dense qu'il nous viendrait presque l'envie de développer chaque page, de s'y arrêter, d'y réfléchir. L'auteur connaît bien les hommes, connaît bien l'argile dont ils sont faits, il connaît également très bien l'enfer des feux dans lesquels ils ne cessent de se jeter. Il connaît aussi très bien le jeu dangereux des miroirs qu'ils tentent de traverser ou d'ignorer. Écrite en 1862, cette nouvelle intervient après les années de bagne en Sibérie auxquelles l'auteur fut condamné. Oui il connaît les hommes, il a appris, il a observé, il a retenu, compris et il a noté.
Folie, angoisse, contradiction...Problèmes, doutes, questions.
Lire ou relire Fiodor Dostoïevski c'est lire et relire beaucoup ,toujours et encore en nous mêmes.

Astrid Shriqui Garain
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Ma décision est prise depuis quelques temps déjà, c'est décidé, je me mets ENFIN à lire des auteurs Russes ! Mais bon, pour commencer, je me suis dit qu'un roman assez fin conviendrait mieux que de m'attaquer à "Guerre et paix" !

Voilà pourquoi j'ai commencé ce projet par ce roman qui m'a fait entrer de plein-pied dans la Russie de 1862, celle des castes, des privilèges, de l'administration toute puissante et du début des réformes qui annoncent une tentative de libéralisation du régime.

Un grand chef de l'administration, désireux de prouver sa largeur d'esprit, ne trouve rien de mieux que de s'inviter à la noce d'un modeste fonctionnaire.

Le quatrième de couverture me parlait d'une farce irrésistible et je m'attendais à des éclats de rire, mais il n'en fut rien.

C'est bien une farce, mais c'est de l'humour à froid. C'est de l'impertinence caustique, pas du rire gras. Ne vous attendez pas à de la blague à deux balle (honte à moi) mais c'est encore plus terrible.

Bien que j'aie eu quelques difficultés avec les noms des protagonistes, n'arrivant pas bien à les reconnaître, au départ et obligée, de ce fait, à relire plusieurs fois les mêmes lignes, j'ai persévéré, obligeant mon cerveau à lire les noms et non les deviner (un personnage, ce n'était pas "Stéphane", mais "Stépane")

Ce qui m'a plu ? Les pensées de Mr Pralinski avant de s'inviter à la noce : il se fait un film de ce qu'il pense être le futur déroulement de son entrée surprise, se voyant déjà ensuite, adulé par les autres... Et la largeur d'esprit, à cette époque, c'était le must !

Mais c'était oublier que la première chose qui foire dans un plan de bataille, c'est le plan de bataille lui-même !

Pralinski et ses déboires, ce fut un peu à la manière de Perette de son pot de lait : elle se voit déjà en possession de poules, de vaches, de cochons... Et ensuite ? Adieu veau, vache, cochon, couvée !

Au final, une belle découverte de quelques moeurs de la Russie Impériale et une belle illustration du fameux "Tu t'es vu, quand t'as bu ?"

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Nouvelle paru en 1862, Stéphane Nikiforovitch, homme de haut rang ayant mené 45 ans de vie laborieuse et économe pour acquérir une maison bourgeoise, preuve de sa réussite, invite 2 de ses collègues dont Ivan Illiitch Pralinski conseiller d'état, à pendre la crémaillère dans sa nouvelle maison. Les discussions vont bon train les trois hommes ne sont pas franchement amis, mais… ici il s'agit de paraître, de se faire valoir ! Vers minuit, donc, nos trois hommes se séparent, en ayant bu « plus que de coutume ». Pralinski se voit contraint de rentrer à pied chez lui, son cocher ayant disparu et sa télègue avec. Notre héros, sera donc Ivan Iliitch, qui, sur le chemin du retour, lors de sa déambulation dans Petersbourg, atterrit dans la noce d'un de ses subordonnés, et décide de s'y inviter dans le seul but de briller et de se faire aimer auprès de ces gens du peuple, en prêchant « l'humanitarisme ». Il s'imagine déjà adulé, glorifié, admiré : « On m'aime et, par conséquent, on a confiance en moi, on a confiance en moi, donc on croit en moi et par conséquent on m'aime ». Mais, son irruption et son intervention seront un fiasco. Ivan Iliitch, sous l'emprise de la vodka, va honteusement s'écrouler et semer le trouble dans la fête. Dostoïevski campe sans concession une caricature, une critique de ce haut fonctionnaire, imbu de lui-même humilié et ridiculisé. La situation décrite n'est qu'extravagance, et bouffonnerie, seule la mère du marié lui portera secours et finalement, nous donnera une belle leçon d'humanité.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ceci se passait au temps où, emportés par leur foi en la renaissance de notre chère patrie, les meilleurs de ses enfants s’élançaient, enthousiastes, vers de nouveaux espoirs et de nouvelles destinées.
Par une nuit d’hiver, claire et calme, trois hommes respectables étaient réunis dans une chambre meublée avec confort, voire même avec un certain luxe, d’une des belles maisons du quartier de Pétersbourskaïa Storona. Enfoncés dans des fauteuils profonds et moelleux, ces personnages qui, tous les trois, avaient le rang de général[1], discutaient posément sur un thème très curieux, tout en avalant de temps en temps une copieuse rasade de Champagne.
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Il se sentit soudain si honteux, si oppressé, bien plus que dans les minutes les plus insupportables de ses huit jours de maladie. "Je n'ai pas tenu !" se dit-il, et, impuissant, il retomba sur sa chaise.
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On m’aime et, par conséquent, on a confiance en moi, on a confiance en moi, donc on croit en moi et par conséquent on m’aime.
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Il tendit la main, se versa lui-même un verre énorme de vodka, et il le but. Jamais auparavant il n'avait bu de vodka. Il sentait que c'était comme s’il dégringolait d'une montagne, il volait, il volait, il volait, il aurait bien fallu qu'il se retienne, qu'il se raccroche à quelque chose, mais, ça, il n'y avait pas moyen.
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