Pas de larmes pour Mao

Niu-Niu (qui signifie bizarrement chipie en Français) est née à Chengdu dans le Sichuan en Chine le 6 mai 1966, soit exactement 10 jours avant que Mao Zedong lance sa terrible révolution culturelle prolétarienne qui fera des millions de morts.

L'auteure avait 4 ans, lorsque de vaillants Gardes Rouges ont expédié ses parents, des acteurs renommés, dans un camp de rééducation par le travail, saccagé et "vidé" leur maison.
Peu après ce sera le tour de sa soeur Mimi (née en 1960) de disparaître et de son grand-père bien-aimé, Liu Tailong, d'être brutalement sacrifié comme contre-révolutionnaire et ennemi du peuple.

L'ouvrage de Niu-Niu constitue un témoignage honnête et sans complaisance d'une des pires époques de souffrances humaines de l'Histoire, connue sous le nom trompeur de "Révolution culturelle" du 16 mai 1966 au 6 octobre 1976. Même après ces 10 ans de violences arbitraires et excessives et la mort de Mao, le 9 septembre de la même année, cette opération politique pour le bonheur du peuple a eu des séquelles jusqu'à nos jours.

Le grand spécialiste français de la Chine, Lucien Bodard (1914-1998), surnommé Lulu le Chinois, auteur de la remarquable tétralogie sur "La guerre d'Indochine" et de fascinants romans situés en Chine, tel "Monsieur le Consul", "Le fils du consul", "La vallée des roses"... a personnellement connu Niu-Niu et lui a écrit une belle préface pour son autobiographie.

Pour mes ami-e-s Babelionautes qui ne sont pas particulièrement motivés pour lire des livres plus ou moins épais de ladite révolution, je peux recommander "Le petit livre rouge d'un photographe chinois" de Li Zhensheng (1940-2020), paru chez Phaidon en 2003, qui vous permettra de visualiser cette phase historique grâce à des centaines de photos originales et exclusives.

Le récit autobiographique de Niu-Niu, qui compte 282 pages, plus 8 pages de photos, comporte en fait 2 parties : une première partie récitant les malheurs de la petite chinoise occasionnées par la politique du Grand Timonier, à savoir ses pertes, douleurs et peurs comme fille de malfaiteurs et une deuxième partie qui trace la période de ses études secondaires à Chungqing, puis ses 3 ans à l'université de Beijing, division du cinéma, section de la réalisation de films, et se termine par sa rencontre et mariage avec le journaliste, photographe et auteur français Yann Layma, en 1987 à Paris.

Personnellement, j'ai trouvé la première partie la plus fascinante et instructive.

J'ignore dans quelle mesure notre réalisatrice chinoise a été aidé par Lucien Bodard dans la rédaction de son ouvrage, sorti à Paris en 1989, mais elle a réussi à publier un témoignage qui mérite indubitablement d'être lu.

Que les actuels leaders de 2 grandes puissances, Xi-Jinping et Poutine, semblent cultiver une espèce de nostalgie de passages historiques particulièrement saignants, l'un pour le grand bond en avant et la révolution culturelle de Mao Zedong et l'autre pour la terreur et l'Holodomor de Staline, n'a strictement rien de bien rassurant !

Cela fait maintenant 480 jours que chaque jour à nouveau le capo mafioso du Kremlin montre de quelle dose de terreur il est capable pour assouvir ses fous rêves de grandeur. Son homologue de Beijing, plus intelligent et plus discret, réussit ainsi à mieux cacher qu'en réalité il chérit d'analogues perspectives de gloire nationale et personnelle.

Dans 4 mois Poutine aura 71 ans et le Xi vient tout juste de fêter ses 70 ans. Il est donc grand temps que ces 2 vieux crocodiles rapaces prennent rapidement leur retraite dorée dans l'un ou l'autre de leurs palaces financés obscurément par des deniers d'État qui auraient dû aller au peuple.

Un témoignage fort sur la Révolution culturelle en Chine au travers des yeux d'une enfant ! Niu-Niu voit en effet son destin bouleversé suite au programme de Mao et va connaitre des années très difficiles ,traité comme une moins que rien avec sa famille, humiliée, séparée des siens ,affamée et j'en passe ...On imagine par à quel point ce fut cruel qu'en lisant ce genre de témoignage et en se demandant comment elle a pu survivre à cette cruelle période ! Mais son fort caractère lui a permis de surmonter le pire . En grandissant , je la trouve tout de même un peu trop rebelle parfois et je suis assez surprise de sa façon de parler à ses professeurs à l'université....Une révoltée qui veut être libre et ne supporte pas les restrictions de ses compatriotes . On la comprends facilement et on admire souvent son audace , tout en regrettant parfois qu'elle puisse choquer sa famille, qui a tant fait pour elle. A lire pour mieux comprendre ce triste pan de l'histoire chinoise !

Cette autobiographie d'un enfant séparé de ses parents lors de la Révolution culturelle en Chine et des péripéties qui s'ensuivent jusqu'à l'âge adulte m'a très moyennement intéressé. Oui on vit cette période trouble de l'intérieur et on y constate l'incohérence et l'hypocrisie de ce type de régime. On a aussi un coup d'oeil sur les dynamiques familiales et sociétales chinoises qui semblent déconcertantes pour notre perspective occidentale. Mais, et c'est un gros mais, le regard de la narratrice reste au ras du sol, empêtré dans sa personnalité enfantine, toujours déchirée entre l' amour de la famille, sa révolte envers le régime et ses prises de bec puériles avec ses compagnons. C'est aussi bourré de personnages à peine esquissés qui ne servent que de faire-valoir à la fameuse Niu-Niu. L'écriture est simple, très simple, et le tout prend des allures de règlement de compte sans nuances. Bref pas le choix du siècle pour cette lettre!

un livre remarquable sur la vie d'une famille déchirée sous la révolution culturelle... les mots ne suffisent pas, il faut se plonger dans la lecture de ce livre.

Je n'en suis qu'au début et des larmes me viennent toutes les 4 ou 5 pages. Très poignant ce témoignage !