Lors de l'ouverture du cinquième épisode du Challenge Wild PAL consacré aux petites maisons d'édition, vous aviez été une majorité à sélectionner la trilogie
Palimpsestes dont seul le premier tome – baptisé Impressionnisme – est à ce jour édité au Chat Noir.
Emmanuelle Nuncq est une jeune auteure que j'ai déjà eu l'occasion de lire à plusieurs reprises, notamment avec
Bordemarge chez Castelmore et que je suis aussi assez régulièrement dans son autre activité : la création de costumes !
Avec
Palimpsestes, j'étais quasiment sûre de retrouver sa passion pour l'Histoire et son sens du détail. J'ai passé un moment agréable en compagnie de ses deux héros mais je regrette la trop grande légèreté de l'ensemble. Je ne sais pas trop ce qu'elle nous réserve pour la suite, mais j'espère que les deux tomes suivants seront un peu plus complexes.
Fin XIXe siècle, des fouilles ont lieu sur le site archéologique de Delphes (en Grèce). Un français découvre la statue de la Pythie et décide de la rapatrier à Paris où elle est installée au musée du Louvre pour une grande exposition. Parallèlement, le lecteur découvre le quotidien de Samuel, petit gardien du musée qui – trop timide – n'ose pas aborder une jeune femme qui vient chaque jour étudier les oeuvres. Il s'agit de Clara, artiste-peintre aux idées bien arrêtées, attirée par le mouvement impressionniste naissant, vivant scandaleusement avec une autre jeune femme, elle aussi artiste-peintre.
Les deux jeunes gens vont être les témoins et les acteurs des effets de la Pythie sur la ville de Paris. Au début concentré à l'intérieur de quelques salles du musée, le pouvoir de la statue irradie bientôt sur toute la capitale. A cause de l'Oracle, les parisiens assistent à un dérèglement du temps et aperçoivent ainsi plus ou moins brièvement des événements s'étant déroulés dans le passé, exactement à l'endroit où ils se trouvent. La panique gagne la ville et les incidents se multiplient.
Evidemment, vous vous en doutez, en plus de comprendre les mécanismes de ces apparitions temporelles, les personnages vont devoir trouver un moyen de régler le problème. Et voilà, c'est tout. le fil rouge est simple… mais justement beaucoup trop simple. On tourne un peu en rond et sans être ennuyeux, on a l'impression d'arriver à la fin du livre sans que le scénario ait réellement commencé. C'est un peu trop léger. Les pages défilent et ne sont quasiment que des successions d'apparitions du passé, il ne se passe pas grand chose de plus.
A part la romance entre les deux héros présentés plus haut, évidemment. Cette histoire d'amour est mignonnette mais bon, rien de bien original et exaltant. C'est, qui plus est, un peu rapide – j'exagère mais, au bout de 3 jours les deux amoureux envisagent le mariage – et un peu trop facile. Rien de bien crédible, encore une fois ; il se passe exactement ce qu'on imaginait qu'il allait se passer.
Et pourtant, j'ai été assez séduite et convaincue par les deux personnages principaux, notamment Clara, la jeune artiste-peintre assez libérée et avant-gardiste pour le Paris de 1894. J'ai aimé sa détermination, son franc-parler, la passion qui l'anime et sa force de caractère. Au contraire, j'ai apprécié la timidité et la réserve de Samuel, jeune juif roux (je suis pour le règne des roux dans le monde entier !) qui, grâce à son calme et sa réflexion, apporte apaisement et solution. Mais comme leur relation, ces deux figures – aussi bien croquées soient-elles – sont exactement là où on les attend, ça manque donc un peu de sel et de piquant.
Les personnages secondaires sont présents en nombre, mais aucun n'a véritablement retenu mon attention ; j'ai même parfois eu du mal à différencier les conservateurs du musée entre eux, ils se ressemblent un peu tous. L'attention est clairement tournée vers le couple phare, ce que je peux comprendre, mais c'est un peu dommage de laisser les autres de côté.
Malgré tout,
Emmanuelle Nuncq parvient à sortir son épingle du jeu grâce au contexte qu'elle met en place. On sent dès la première page que l'auteure est une passionnée d'Histoire et d'Histoire de l'Art. Les déambulations dans le musée du Louvre puis plus tard dans les rues de Paris sont peuplées de visions du passé. Les descriptions sont nombreuses, précises mais fluides et percutantes. Pour le lecteur, il est très facile d'imaginer les scènes et de les vivre, le voyage temporel fonctionne vraiment très bien ! Côté dialogues, si c'est parfois un peu artificiel, l'ensemble fonctionne tout de même bien et rythme le récit.
Impressionnisme n'a pas été un premier tome désagréable, non ; j'ai été divertie et j'ai voyagé aussi bien dans le musée du Louvre qu'auprès de grandes figures historiques dans la ville de Paris. Mais c'est une aventure que je qualifierais de « naïve ». La romance entre les personnages est mignonne mais un peu simpliste et l'intrigue autour de la Pythie manque clairement de profondeur et de complexité. C'est sympathique mais oui, un peu naïf.
Cela dit, j'attends de lire le tome 2, on y vivra peut-être une multitude de rebondissements et d'énigmes !