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Contre-histoire de la philosophie tome 5 sur 12
EAN : 9782253084549
346 pages
Le Livre de Poche (27/01/2010)
4.08/5   33 notes
Résumé :

Au sommaire de ce cinquième tome de sa " Contre-Histoire de la philosophie ", Michel Onfray s'attache plus particulièrement à souligner la dimension utopique des hédonismes libéraux du siècle dit de la " Révolution industrielle ". Pour ce faire, il se penche sur les oeuvres de Mandeville, Bentham, Godwin, tout en explorant les virtualités " eudémoniques " des théories de Flora Tristan, Stuart Mill, Owen, F... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le tome 5 de la "Contre-histoire de la philosophie", "l'Eudémonisme social", aborde les problèmes sociaux du 19ème siècle liés au développement industriel et à un capitalisme sans limites, et les réponses concrètes qu' y ont apporté quelques philosophes, utilitaristes, utopistes, anarchistes...

Au 19ème siècle l'exploitation de l'homme par l'homme est criante et se fait universelle. Si des Africains sont vendus comme esclaves et embarqués dans de lointaines contrées, la situation des ouvriers européens n'est guère plus enviable. En Angleterre, 75% de la population est exploitée dans les usines, soumise à des cadences infernales pour des salaires de misère. le travail des enfants commence dès l'âge de 6 ans (voir plus tôt parfois). Pas d'écoles ni d'hôpitaux en nombre suffisant, une nourriture de mauvaise qualité, des conditions de logement déplorables. Flora Tristan sera une des premières à enquêter dans les usines et les prisons...la délinquance étant majoritairement liée aux problèmes sociaux.
La condition féminine n'est pas non plus brillante. Dans tous les milieux, la femme est exploitée ou considérée comme une mineure. L'égalité des sexes n'est encore qu'une utopie...

Quelques esprits vont commencer à réfléchir à une amélioration ou un changement radical de la société, à partir des notions de plaisir, justice sociale, égalité entre classes, entre races, entre sexes. Malgré quelques idées nouvelles, les premiers utilitaristes, William Godwin et Jeremy Bentham, restent marqués par le libéralisme et l'austérité protestante. Bien qu'étant l'auteur du terrible système de surveillance, le panoptique, Bentham prend la défense, au nom de l'utilitarisme, des esclaves et des homosexuels. Mais c'est avec J. S. Mill que la pensée utilitariste va se radicaliser. Il va travailler à l'élaboration d'une société hédoniste et défendre la liberté de l'individu contre la société de masse. Il faut que le plus grand nombre d'individus possible ait accès au bonheur.

Owen, quand à lui, va s'opposer aux religions et surtout mettre en oeuvre concrètement ses idées à la manufacture de New Lamark. Les ouvriers mieux traités, mieux soignés, mieux instruits, mieux nourris et logés, vont s'avérer plus productifs. L'expérience est réussie. Il va tenter de faire appliquer les mêmes règles à l'ensemble du pays. le projet est présenté au parlement mais passablement mutilé...Il va tenter ensuite une expérience de communautés utopistes communistes mais qui s'avèreront un échec. Mais l'idée demeure : l'abolition de la propriété privée, de la religion et du mariage, l'aspiration à l'eudémonisme social, base d'un socialisme humaniste.

La pensée de Fourier semble à première vue très loufoque et ésotérique. Mais il est un des premiers écologistes, dénonçant déjà en son temps l'impact de l'activité humaine sur l'environnement naturel et la mauvaise qualité des aliments consommés par les classes les plus pauvres à cause de la chasse au profit. Il défend également les femmes et propose une vie en Harmonie qui s'oppose en tous points à l'existence en l'actuelle Civilisation.

Bakounine enfin, anarchiste russe, opposant au socialisme autoritaire de Marx un socialisme libertaire, est la dernière figure évoquée ici pour sa défense inconditionnelle de la liberté, du fédéralisme et son antiétatisme.

Tous ces philosophes ont un point commun : ils se sont opposés aux pouvoirs religieux, politiques, économiques de leur époque et ont proposé des solutions pour changer le monde. Leurs pensées, loin d'être marginales, restent d'actualité tant le chemin reste long à parcourir de notre monde à une société idéale...
Un petit ouvrage passionnant pour partir sur les traces de pensées alternatives, utopiques, socialistes, anarchistes...A conseiller à tous ceux qui pensent qu'une vie meilleure pourra devenir une réalité. A condition de ne point se soumettre...
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Un des meilleurs livres de la serie. le XIX ème siècle fut le siècle des utilitaristes, du moins dans les pays anglosaxons avec Bentham ou Mill, mais aussi celui des progressistes comme Owen, des utopistes comme Fourrier ou des anarchistes comme Bakounine. Après avoir lu ce livre, on a envie d'en savoir plus sur ces courants, et même s'aventurer vers les disciples ou les précurseurs.
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Une grande partie du XIXè siècle a proposé un dispositif hédoniste collectiviste et communautaire en réaction à la proposition utopique libérale d'un bonheur hypothétiquement construit par une main invisible.
Malheureusement, la réalité de l'eudémonisme social n'a pas été à la hauteur des ambitions de ses promoteurs.
Ces ambitions ont néanmoins produit des effets non négligeables dans l'histoire de l'humanité : la réduction du temps de travail, gratuité de la santé, accession à la retraite, solidarités étatiques, éducation nationale gratuite, humanisation des conditions de travail, égalité des hommes et des femmes, interdiction du travail des enfants, etc.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Au XVIIIè, mais aussi au XIXè, puis aux siècles suivants, les tenants du libéralisme consentent, peu ou prou, à mots couverts, avec plus ou moins d'arrogance et de cynisme, aux analyses de LA FABLE DES ABEILLES de Bernard de Mandeville : liberté du marché ; ordre naturel ; main invisible ; identification de la prospérité des nations au souverain bien ; téléologie utopiste du bonheur de l'humanité ; faux calcul annonçant que la richesse des nations engendre celle des individus qui la constituent ; et négation de la paupérisation induite par cette vision métaphysique du monde.

En face de cette logique libérale et déiste, des philosophes enseignent la fausseté de pareilles opinions et la nécessité, pour réaliser la prospérité de la nation, d'assurer d'abord celle des singularités qui la constituent.

On nomme ceux-là les socialistes, quelques que soient les formes données à cette revendication éthique quintessenciée.

Les socialistes mettent l'économie au service des hommes alors que les libéraux pratiquent l'inverse.
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Mill (John Suart) veut une égalité totale, absolue, intégrale des femmes, en tout et pour tout : ce qui est accordé à un sexe doit l'être à l'autre. Les femmes doivent et peuvent gouverner, être élues, représenter des hommes, accéder à tous les métiers, disposer de toutes les formations intellectuelles, culturelles, spirituelles. L'éloge qu'il fait des individualités extravagantes ,'exclut pas les femmes, bien au contraire : Mill voir dans l'avènement de ce progrès pour l'humanité qu'est l'égalité entre les sexes une chance pour accélérer le règne de la justice.
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Quelles que soient les mains entre lesquelles il se trouve, le pouvoir corrompt en produisant la soumission, donc l'abolition de la liberté. L'abus se déduit naturellement de l'usage.
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Chacun est pour lui-même le seul habilité à juger du degré de puissance ou de la quantité de force avec laquelle il ressent la jouissance.
Personne ne peut dire en effet dire l'importance quantitative de ce que je ressens. L'intensité donne une hauteur sur une échelle, elle constitue un genre d'abscisse dans un schéma hédoniste.
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Leçon féministe cardinale : "L'extension des privilèges des femmes est le principe général de tous progrès sociaux." (I. 133). Le dispositif fouriériste propose l'émancipation des femmes comme levier pour l'émancipation de l'humanité entière.
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Videos de Michel Onfray (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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