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Jean Paulhan (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070712953
238 pages
Gallimard (14/04/1988)
4.24/5   25 notes
Résumé :
En 1937, Joë Bousquet rencontre Poisson d'Or dans un salon. Elle fête ses vingt et un ans. Lui en a quarante. Une balle, pendant la guerre, l'a laissé paralysé. Il lui écrit. En avril 1950, Poisson d'Or se marie. À l'automne suivant, Joë Bousquet meurt. Durant douze ans, cet homme aura écrit à son étoile un immense chant d'amour et une leçon d'existence qui sont de toute beauté.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cette correspondance amoureuse débute en 1937 jusqu'en 1949 c'est à dire durant douze ans. Il rencontre Germaine dans un salon, elle est jeune, elle a vingt-un ans lui quarante. Il l'a nomme " Golden Fish" : Poisson d'or. Elle éclaire sa vie d'écrivain replier sur lui même à cause de son handicap mais pas sur la vie et les autres bien au contraire.
Joë Bousquet est un écrivain mystique, il a une philosophie de la vie admirable. le 27 mai 1918, il était jeune, une balle le touche, il en sort vivant mais handicapé il ne peut plus marcher et se servir de ses jambes. L'opium le soulage de sa douleur, douleur qui ne montre pas et encore moins qu'il exhibe.Joë Bousquet avait beaucoup de succès auprès des jeunes femmes. le ton est grave, l'amour est la passion est là aussi.
L'écriture est à tomber, elle est poétique évidement puisque Joë Bousquet est un poète avant tout. C'est une écriture juste qui sait à merveille à mes yeux parler de l'âme. C'est une écriture une délicatesse à fleur de peau qu'il n'est pas étonnant d'avoir les larmes aux yeux tellement cette plume est un petit joyaux tout en finesse, douceur et tendresse.
Lien : http://livresdemalice.blogsp..
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"Petite fille, mon bonheur est très grand parce que ta vie est venue te prendre. Écoute-moi : il y avait une fois un homme qui avait trouvé une étoile. Oh ! il ne savait pas bien l'importance de sa trouvaille, et il croyait n'avoir mis qu'un caillou blanc dans son sac de voyageur. Seulement à mesure qu'il marchait, le paysage où il s'avançait se faisait plus beau et le tentait davantage de s'arrêter et de déposer son fardeau qui se faisait de plus en plus lourd. Mais comment voir s'embellir l'horizon sans y trouver la promesse d'un horizon plus beau. Il allait, de plus en plus, exténué sous le poids de cette lumière dont tout, autour de lui, paraissait naître. Et c'est alors qu'il a compris que sa faiblesse venait de l'anéantissement de son être et qu'il allait bientôt n'être qu'un souvenir dans le monde qui serait la solitude de l'étoile. Et cet homme a accepté. Et il est devenu le coeur de l'étoile. de grandes ailes se sont étendues dans l'air bleu de l'oasis. Et c'était l'étoile même qui prenait son vol pour se poser sur la plus haute cime où cet homme les attendait. Cet homme, c'était lui-même. Je te dis cet apologue que parce qu'il regarde ta vie comme il regarde la mienne." (p.231)
" (…) tu es le bonheur de mon bonheur." (p. 214)
"Aimer, c'est ne plus être dans le monde où l'on attendait l'amour." (p. 47)
"Le secret de l'amour est simple et magnifique : il faut que mon être soit le berceau du tien et que tu sois aussi étroitement pénétrée de moi. Cela ne peut aller sans te rendre extraordinairement réelle. Car te pénétrer de moi, c'est t'imprégner toute de ton propre regard qui me donne à toi, t'absorber dans le souvenir de nos paroles et de ma voix et, par conséquent, te faire de chacun de tes sens une âme profonde, intacte, dont ton corps sera le rêve." (p. 90)
"Je t'ai dit -et il y a dans cet aveu une tristesse infinie- que mon amour était assez grand pour survivre à ce que tu ferais contre lui. Ne sens-tu pas tout ce qu'il y a de tragique dans cette parole ? Ne vois-tu pas combien de nuits blanches et de désespoirs derrière cette parole d'un homme qui a fini par comprendre que nul enchantement, nulle poésie n'empêcheraient cette situation qui lui est faite par sa blessure de se rendre implacable." (p. 149)
"Je t'aime par-delà moi-même." (p.152)
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Je n'ai pas réussi à lire ce livre au-delà des 30 premières pages car je n'ai pas accroché aux réflexions de l'auteur.
Et pourtant, j'avais été très touchée par une des lettres écrite par Joë Bousquet et lue à haute voix par une actrice lors d'une animation à la médiathèque que je fréquente.
Cela ne devait pas être le bon moment car je viens d'achever l'écoute de la trilogie berlinoise de Philipp Kerr en audiolib et cela n'a évidemment rien de comparable en terme de style, de sujet, de rythme...
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Carcassonne. 4 septembre 1949.
     
Ta lettre m'a rempli d'une émotion mélancolique dont je te saurai toujours gré. Car ma vie tout entière m'y était donnée en une sorte d'éblouissement. Et rien n'est aussi exaltant pour une créature que de sentir en soi tout son destin. Plus haut que la joie, plus haut que la douleur s'élève le chant de la vie où l'homme apprend qu'il a été lui et qu'un fait lui a apporté le privilège de se trouver égal à son infortune. J'étais fait pour l'amour, cela ne veut pas dire que j'étais né pour le bonheur. Depuis que je suis blessé, j'ai toujours eu peur de m'aventurer avec mon coeur plein de lumière dans les durs réveils de l'existence. La voix aimée, les gestes de son corps qui m'entraînaient dans un autre monde, j'ai toujours craint de les voir se poser sur une terre où je n'irais qu'en rampant.
...
     
Tu vas voir la vie : une eau dormante sur laquelle on est emporté qui ne paraît ni nous suivre ni nous émouvoir. La vie dort. Tu sauras que loin de toi une petite lampe brûle toute la nuit au chevet d'un homme qui a eu besoin de toute sa force pour voir en toi une image du bonheur et non le bonheur même. Cela te paraîtra très étrange, mais aussi très doux de penser que tu es toujours attendue par un regard qui a lu sur toi le secret même de l'être.
...
     
Petite fille, mon bonheur est très grand parce que ta vie est venue te prendre. Ecoute-moi : il y avait une fois un homme qui avait trouvé une étoile. Oh! il ne savait pas bien l'importance de sa trouvaille, et il croyait bien n'avoir mis qu'un caillou blanc dans son sac de voyageur. Seulement à mesure qu'il marchait, le paysage où il s'avançait se faisait plus beau et le tentait davantage de s'arrêter et de déposer son fardeau qui se faisait de plus en plus lourd. Mais comment voir s'embellir l'horizon sans y trouver la promesse d'un horizon plus beau. Il allait, de plus en plus, exténué sous le poids de cette lumière dont tout, autour de lui, paraissait naître. Et c'est alors qu'il a compris que sa faiblesse venait de l'anéantissement de son être et qu'il allait bientôt n'être qu'un souvenir dans le monde qui serait la solitude de l'étoile. Et cet homme a accepté. Et il est devenu le cœur de l'étoile. De grandes ailes se sont éten­dues dans l'air bleu de l'oasis. Et c'était l'étoile même qui prenait son vol pour se poser sur la plus haute cime où un homme les attendait. Cet homme, c'était lui-même. Je ne te dis cet apologue que parce qu'il regarde ta vie comme il regarde la mienne.
     
Désormais tu vas dans une autre vie avec toute la tienne et rien ne s'y gâtera de la pure image que j'ai de toi.
     
Ma vie est extérieurement une vie de rebut, et je n'en veux pas d'autre. Je ne grandirai jamais qu'en la voulant telle qu'elle m'a été infligée, en faisant de son épreuve un objet de désir. Il y fallait une vision de pureté et de beauté et qui ne démen­tît pas mon rêve en se heurtant à mon corps blessé. C'est fait, ce qui devait être est.
     
Joë.
     
* En avril 1950, Germaine se maria. En septembre 1950, Joë Bousquet mourut.
(Dernière Lettre - Éd. l'Imaginaire Gallimard, pp. 230-231)
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Mon amour, il y aura toujours une partie de mes lettres que tu liras vraiment avec ta peau. Pardonne-moi de t'écrire avec autant de naturel. Je ne suis si loin de toi que pour arriver plus sûrement à t'envahir sans te toucher ; hier soir, j'ai eu soudain une impression étrange, extraordinairement douce, c'était comme si ma santé revenant d'un coup, j'étais, comprends-le, j'étais, à la lettre, guéri dans la pensée que ton corps m'appartenait. Le cœur me battait : la profondeur où surgissait en moi l'image n'avait jamais été touchée par mon mal, et j'y descendais lentement, comme on va porter à boire à un prisonnier . Tes cheveux environnaient de parfum mon visage, mes yeux étaient fixés sur ta nuque si blanche, mes mains ne te dévêtaient pas tout à fait, mais, à travers tes vêtements, ton corps semblait s'appuyer à elles et venir à leur rencontre ; et j'avais un peu de ton être qui se donnait à moi, timidement. J'étais sensible à la délicieuse douceur d'éveiller dans ton corps des velléités d'abandon...
Mais ce n'est là qu'une image. Et mon amour pour toi va beaucoup plus loin. Je me sens vivre dans tes entrailles, comme si tes souvenirs avaient lentement introduit mon âme dans toute la profondeur de ta chair. De même, je te porte en moi : à chaque battement de mon cœur, mon corps se traverse de la blancheur du tien, une flamme me parcourt. Ta bouche est dans mes lèvres, ta voix est le trésor de ma voix. Ton être est dans le mien comme une lampe dans le jour, qui brille aussitôt que l'espace se referme sur elle. Ta forme hante la mienne et si tu étais là, si je me faisais une révélation de ton corps, si je le pressais sur moi, je ne ferais que me pénétrer davantage de cette âme à ton image qui brûle au-dedans de moi.
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Carcassonne.
Vendredi, 1943.
On dirait que nous sommes en ce monde des ramasseurs de vent. Il nous faut longtemps guetter nos sentiments, recueillir ce que nous avons de meilleur et, le long des jours et des nuits, réunir la matière précieuse qui sait embellir toutes les heures d'une journée extraordinaire. (...) Le monde qui nous entoure est ce qu'il est dans notre coeur. Il naît avec nous, il est une apparence dont notre amour fait une réalité. Il est pour moi le monde de notre rencontre. Cette pièce illuminée où je t'ai vue pour la première fois, et où j'entre vraiment, sitôt que son image est dans mon coeur. C'est le moment où creuser la réalité de la vie, c'est croire en Dieu.
Je ne t'ai pas dit tout ce que je pensais en te voyant ; en t'écoutant. Mes paroles étaient trop pleines de ta présence et de la mienne pour servir de monnaie d'échange entre nous. Les mots ne sont vrais que s'ils sont la vie même. Et c'est après ton départ qu'ils sont ta présence, et le meilleur de mon coeur.
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                                   Carcassonne.
                        Décembre 1938, samedi.


Ma chérie,
Extrait 3

  Je voudrais t’expliquer cela : il me semble qu’en partageant avec toi mes impressions les plus secrètes, en les mettant en toi, je peux arriver à emplir ton être avec mes propres pensées et que c’est une façon, non de résoudre certains problèmes, mais de t’éveiller dans un monde où ces questions ne se posent plus. Le moment est sans doute bien choisi, car je te sens vibrante, émue par quelque chose que tu ne m’as pas dit. À travers tes lettres on te sent lourde d’un secret qui te pèse. Mon amour te sent soudain comme chargée de larmes intérieures, balancée avec un fardeau dans tes pensées que tu crains d'abandonner bien qu'il te pèse... Je ne te demande pas de confidences ; mais je tiens à avoir, à chaque instant, une tendresse prête pour une de tes peines. C’est facile, ma vie semble le berceau de la tienne ; et rien que de te parler de moi, il semble que j’agrandis ton cœur.
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L'Évêché, Villalier.
16 août 1937.


Extrait 2

  Si cette dernière phrase* constitue accessoirement
une définition de la poésie, elle peint mieux encore
la volonté d'un cœur de former à lui seul l'unité
de l'être aimé avec le monde où il existe. Vous le
comprenez, ma chérie ! vous êtes la forme réelle
de ce rêve que j'ai toujours caressé, et vous ne
serez vous qu'en formant l'élément essentiel de
cette irréalité qui a le tableau du monde pour
contenu. On disait de moi, dans les cercles artis-
tiques, que la poésie m'avait sauvé du désespoir.
Mais, soudain, vous avez été ma poésie et vous
êtes venue vers moi pour que je ne reste pas enfermé
dans les limites d'un art. J'ai été poète pour accéder
à vous qui m'avez voulu homme….

p.37

* " beauté de l'être qui est un sourire de la
vie — transparence de la pensée et du désir à la
rumeur du monde "
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Vidéo de Joë Bousquet
Joe BOUSQUET – Le témoin de la condition poétique (Chaîne Nationale, 1955) Une émission spéciale diffusée, le 28 septembre 1955, en hommage à Joe Bousquet. Produite par Hubert Juin, pour la Chaîne Nationale, elle conviait : Michel Bousquet, Jean Negroni, Albert Béguin, Jean Cassou, Alain Robbe-Grillet, Roger Blin et Martine Sarcey.
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