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EAN : 9782072833489
208 pages
Gallimard (02/05/2019)
2.69/5   54 notes
Résumé :
Juin 2044. La prohibition alimentaire règne dans l'Hexagone, mafias du camembert et trafics de foie gras prospèrent, les partisans intégristes de régimes ennemis s'affrontent dans de violentes manifestations. Pour festoyer, on s'approvisionne au marché noir, on participe aux agapes de sociétés secrètes, on compte ses points sur son permis de table.
Débarquant dans une Provence caniculaire, un contrôleur alimentaire, intimidé par sa cheffe goinfre et décomplex... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Coup d'état contre coup de fourchette !
Nous sommes en 2044 et les mangeurs de graines et de tofu ont pris le pouvoir. Un régime politique qui impose un régime alimentaire. L'enfer diététique. La Sécu ne rembourse plus les éleveurs de cholestérol. La chasse aux bons vivants avec des permis de table est ouverte et malheur à celui qui cornaque une deuxième part de chapon. Il se fait aspartamer le permis. C'est l'aile ou la cuisse. le camembert est devenu une denrée protégée comme à peu près tous aliments qui ont l'impudence d'avoir du goût. La bidoche, je n'en parle même pas. Il est devenu aussi choquant de manger un lapin qu'un chat ou un chien. le gibier est devenu animal de compagnie. le sanglier dort sur le canapé et Bambi ne voit plus sa trombine accrochée sur la cheminée mais lappe l'eau de la piscine. Légumes et fruits garnissent les assiettes mais ils doivent avoir été cueillis à un jet d'urine bio de la cuisine. La proximité, y'à que ça de vrai. Rien de mieux que le brocolis du potager et le homard de la mare au canard. Seuls les pigeons ont le droit de continuer à voyager.
La résistance des amateurs de gueuletons s'est organisée et il est venu le temps… de la Prohibition. Des filières clandestines alimentent le marché noir en foie gras, fromages et autres douceurs du palais.
Le meurtre d'un jeune cuisinier va donner l'occasion à deux contrôleurs alimentaires de sortir des petits trafics de produits du terroir. Anna Janvier n'a rien d'Eliott FitNess et elle est très complaisante vis-à-vis des amateurs de bonne chère. Ferdinand, parisien formé à la nourriture lyophilisée de cosmonaute est plus tatillon. En parallèle, la gérante d'un restaurant gastronomique tente de sauver son affaire. Des petits vieux incrédules face à l'hygiénisme ambiant participent également à la ripaille. En toile cirée de fond, des attentats alimentaires surviennent dans tout le pays.
Le roman de Chantal Pelletier avait tout pour ravir mes papilles et pourtant je suis resté sur ma faim. Les bonnes idées ne suffisent pas. L'assaisonnement de formules non plus. La pauvreté de l'intrigue et les sauts de puce d'un personnage à l'autre ne m'ont pas permis de me passionner pour l'histoire alors que la thématique était intéressante.
Je vais quand même lire le second opus « Sens Interdits » en espérant une meilleure tambouille.




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DRÔLE, CHARNEL ET EFFRAYANT 🍽️

Bienvenue en 2044, dans une Provence caniculaire. L'État pour limiter ses dépenses pénalise tout invidivu qui mange trop gras, trop salé, trop sucré. Les locavores, vegans et autres adeptes de régimes alimentaires se déchirent. Dans un contexte de prohibition, où les trafics de camembert et autres denrées interdites sont légion, Anna Janvier et Ferdinand Pierraud, contrôleurs alimentaires, vont devoir élucider le meurtre d'un jeune cuisinier.

A travers les aventures d'un controleur alimentaire et de sa cheffe qui tentent d'élucider le meurtre d'un jeune cuisinier dans un restaurant clandestin. le langage est fleuri, l'univers imaginé unique mais pas si délirant vu la nette tendance à l hygiénisme de notre société.

💪💪Les supers pouvoirs de Nos derniers festins 💪💪

🍽️ :Camper un duo pour le moins contrasté, lui rigide et se nourrissant de doses de protéines toutes prêtes, elle décomplexée et hédoniste

🍽️ Saupoudrer de dialogues cocasses
🍽️ Inventer un monde qui n'est peut être pas si éloigné du nôtre posant au passage des questions sur la légitimité du contrôle social par l'Etat (paradoxalement celui ci s'accompagne d'un désengagement croissant) et sur notre rapport à la nourriture
🍽️ Nous mettre l'eau à la bouche en parlant cuisine et plaisir de manger

Si l'intrigue policière me paraît assez secondaire, le roman d:anticipation lui est réussi !

Pour qui ? Les épicuriens et amateur(trice)s de bonne chair !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Imaginez : on est en 2044 (ne faites pas la grimace, je vous y vois comme je m'y vois et vous pétez toujours la forme!), le lobby des végétariens, végétaliens, locavores, accros aux protéines, à la macrobiotique et en guerre contre le sucre, le gluten, la graisse a finalement eu gain de cause.
Le fois gras circule en contrebande et « les dealers de camembert sont plus nombreux que les trafiquants d'héroïne. »
Quant au veau en daube, n'y songez plus et même pas en rêve comme dirait l'autre : on ne mange plus les bébés animaux... Adieu les plats de grenouilles à l'ail, d'escargots de Bourgogne, de raies aux câpres noyées de beurre, les risottos à la truffe baignés de sauces onctueuses : trop gras, trop riches, trop dangereux pour les artères et le coeur… Et toutes ces bonnes choses sont remplacées par une « bouffe sans goût, hygiénique, écologique, morale et consensuelle, en pots, en gélules ou en poudres. » Ah, vous rêvez de vous empiffrer au restau ? Il faudra au préalable vérifier le nombre de points dont vous disposez sur votre permis de table ! Vous avez du diabète ? Votre taux de cholestérol ou de glycémie à jeun laisse à désirer ? Oubliez le baba au champagne ou le pot-au-feu de canard à la citronnelle et autant dire que vous n'aurez PLUS JAMAIS le droit de toucher à la tarte aux trois chocolats. le restaurateur se chargera de vérifier scrupuleusement les points dont vous disposez encore sur votre permis que vous devrez obligatoirement lui soumettre pour être servi. Vous êtes en bonne santé ? Parfait ! Il vous faudra tout de même jeter un oeil aux points qui figurent devant chaque plat sur le menu que l'on vous a proposé. Un boeuf forestier ? Quatre points. En disposez-vous encore ? Une mousse au chocolat : six points.
S'il vous venait à l'esprit de dilapider d'un seul coup toutes vos réserves, vous diriez alors adieu au restaurant pour un bon bout de temps ! Et si vous abusiez des bonnes choses et tombiez malade, la Sécurité Sociale ne viendrait pas soulager vos finances: vous l'avez voulu, tant pis pour vous ! Terminées les prestations sociales pour les désobéissants !
Au menu : salade verte, radis, feuilles de chou, brocolis et poireaux. Je vous entends : « ben quoi, c'est bon, les brocolis ! » Hypocrite que vous êtes ! Allez, et le poulet mafé, les pommes de terre farcies en mille-feuilles, la panna cotta, le welsh rarebit, hein, c'est pas mal non plus ?
Concrètement, pour assurer le bon fonctionnement de tout ce système, il faut des contrôleurs alimentaires. Eh bien, en voici deux, en la personne d'Anna Janvier, une jouisseuse « athée et omnivore », « végétarienne non pratiquante », bonne vivante décomplexée avec « des formes d'ours en peluche et des appétits de boulimique », qui a bien l'intention de profiter de la vie et ce, dans tous les domaines, notamment celui de la bouffe !,,, et son acolyte, Ferdinand Pierraud, un brin coincé mais qui a lui aussi en mémoire les bons petits plats que lui faisait sa grand-mère autrefois pendant ses vacances en Bourgogne. Alors quand on lui dit que ce qui mijote doucement et discrètement dans cette arrière-cuisine de restaurant n'est pas du veau, son esprit s'échappe quelques secondes et il repense aux effluves de blanquette qui s'échappaient de la cuisine de sa grand-mère. « Il se délectait de la viande fondante exhalant tous ses sucs, des champignons encore alertes sous la dent, des carottes saoulées de sauce, puis, avec un quignon de baguette croustillante à la mie très blanche, il sauçait son assiette jusqu'à la dernière goutte… Saucer !! Mot chavirant pour un geste scandaleux qui évoquait le péché et le stupre, sonnait salace et cochon, laissait imaginer mouillures, bruits de bouche et grognements de jouissance, transbahutait surplus de cholestérol et embouteillage des artères… Mots et parfums le prenaient, le comblaient, lui en foutaient plein la bouche, le mettaient au bord d'un orgasme de premier choix. »
Alors ces deux-là vont débarquer dans le restaurant de Lou, ils vont bien sentir que quelque chose ne tourne pas rond et que les règles, Lou s'en arrange… Elle refuse notamment de contrôler permis de table et cartes de sécu. Hors de question de mesurer l'apport calorique de ses plats. Et puis quoi encore ! Elle risque gros : de perdre son restau par exemple. Mais on fait avec ce qu'on est, hein ? Va s'ajouter à cela le meurtre d'un cuisinier dans un petit restau clandestin.
Bref, les contrôleurs vont avoir du pain sur la planche ! Surtout que les enlèvements de cuisiniers récalcitrants organisés par quelques intégristes « pour protester contre le massacre des animaux, le gaspillage de la nourriture, la dilapidation des ressources, l'usage encore trop répandu de produits chimiques dans l'agriculture et l'industrie alimentaire, le non-respect des règles diététiques » sont de plus en plus nombreux. Il va donc falloir agir vite !
J'ai adoré ce polar dystopique (pas pour son intrigue - on ne le lit pas pour ça) mais pour l'évocation sensuelle, poétique et tellement réjouissante des plaisirs de la table… Et c'est si bien écrit qu'on en a l'eau à la bouche… Quant à la société qui se profile où tout est interdit, contrôlé, standardisé, bien formaté, franchement, elle est effrayante et triste, si triste… faite de privation, de contrôle de soi, de morale, de frustration, de renoncement aux plaisirs de la chair, des chairs… C'est vrai qu'on se dit alors, « à quoi bon ?». Ce roman est un appel au plaisir, à la volupté, au bonheur, à un art de vivre tout simplement...
J'aimerais seulement que vous lisiez les dernières lignes (pas de panique, elles ne dévoilent rien de l'intrigue!), les voici… Qu'elles vous convainquent de vous régaler de ce texte délicieux et roboratif :
« Quatre-vingt-dix-sept ans, ça passe tellement vite ! Jusqu'à sept ans, ça ne compte pas vraiment, tu n'apprécies pas pareil. Donc mettons quatre-vingt-dix ans. Quatre-vingt dix occasions de manger pour la première fois une pêche, une blanche, mûre à point, bien juteuse, qui a mûri sur l'arbre ! Ça te coule sur les doigts, tu t'en fous partout, t'es le roi du monde pendant deux minutes et demie, tu mâches, tu fais durer, t'es éternel, tu manges ta première pêche de l'année !

Seulement quatre-vingt-dix premières pêches avec le parfum de la chair mouillée qui te jute dans la bouche ! Y en a qui boulottent ça sans y penser, les pauvres ! Ils auraient dû rester morts ! Parce que c'est pas plus compliqué que ça : avant de vivre, t'es mort, et à la fin, tu re-meurs. En attendant, tu fais gaffe à toutes les premières fois où tu manges une pêche. »
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Derrière ce titre qui fait saliver se cache une dystopie polardeuse ou un polar dystopique, c'est comme vous voulez et avec la sauce de votre choix.
Un cuisinier est assassiné, noyé dans la marmite de blanquette qu'il mitonnait en toute illégalité. Nous sommes en 2044 et manger est devenu compliqué car tout est sous contrôle. Chaque citoyen est muni d'un permis de table à points, des points qu'il peut perdre en avalant une nourriture trop grasse, trop sucrée ou en dégustant une viande interdite comme le veau, les cuisses de grenouille ou le lapin consacré animal de compagnie. Les contrevenants peuvent se voir privés de protection sociale.
C'est dans ce contexte, par 40°, que débarquent nos deux contrôleurs alimentaires que tout sépare : La Janvier, qui est la cheffe, est une gourmande aux formes appétissantes tandis que Pierraud son acolyte, allergique aux fruits, préfère la nourriture de cosmonaute vite avalée.
Dans un futur proche, les partisans du bien manger s'affrontent avec les intégristes de l'alimentation saine et politiquement correcte et nos deux héros vont faire la chasse aux dealers de camembert, trafiquants de foie gras et adeptes de banquets clandestins. Leur route va croiser celle de Lou, cheffe cuisinier à la tête d'un restaurant et qui tente de conserver une vraie gastronomie malgré les dictats.
Il est aussi question de l'avenir de nos vieux avec cette crèche novatrice pour vieillards abandonnés, une idée de Lou et de sa compagne.

Avec une intrigue sans grande envergure, nous suivons une enquête aux péripéties gastronomiques et gustatives où les recettes s'enchaînent à un train d'enfer.
Bien dialogué, le style est alerte. C'est drôle et bien enlevé. J'ai bien aimé la succession de recettes incroyables comme la tourte de sanglier au foie gras, servie tiède avec une salade de pourpier aux échalotes ou les cheveux d'ange à la rose constitués de vermicelles craquants enrobés de miel et fourrés de crème parfumée à l'eau de rose.
D'une lecture agréable, ce roman qui s'avale vite n'est pas très long en bouche. L'enquête sert de prétexte pour décrire une prohibition alimentaire et la guerre acharnée entre les tenants d'une gastronomie sans complexe et les intégristes du bien manger. Si le monde de la gastronomie vous fait saliver et si vous appréciez l'humour culinaire, ce roman vous réjouira, mais si vous êtes amateur de polars aux intrigues complexes et au dénouement surprenant, passez votre chemin.
Je remercie les éditions Série Noire Gallimard et Explorateurs du Polar avec Lecteurs. Com pour m'avoir fait découvrir ce roman


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2044. En ce début d'été, avec un thermomètre affichant 30 degrés à 10 heures du matin, on respecte les normales saisonnières. Sur une route de Provence, Anna Janvier et son stagiaire Ferdinand Pierraud, affectés au contrôle alimentaire, se rendent sur les lieux d'un accident impliquant une fourgonnette chargée de foie gras de contrebande. Car on ne rigole plus avec l'alimentation. Non seulement les conflits sont de plus en plus violents entre vegans, locavores, omnivores et adeptes de la défense des lapins, mais en plus l'État a imposé un permis de table à points. La perte des points – pour avoir mangé trop gras, trop sucré, pour quelques verres de trop – peut entraîner pour les contrevenants la perte de leur protection sociale. À ce jeu-là, Lou, patronne d'un restaurant côté, a perdu sa compagne, Nour, morte d'une bête péritonite devant les portes des urgences faute de s'être soumise aux règles du contrôle alimentaire.
Anna, Ferdinand, Lou, mais aussi Oreste ou Jeanne, tous se trouve mêlés de près ou de loin à une affaire de meurtre : un cuisinier ébouillanté dans sa blanquette de veau. Dit comme ça, il est vrai que cela peut prêter à rire. Mais ça doit quand même faire drôlement mal. C'est cette enquête que l'on va suivre, de speakeasys version méditerranéenne en rencontres clandestines de confréries vouée à des plaisirs interdits tels que la dégustation de beurre.
Raconté comme ça, le roman de Chantal Pelletier pourrait passer pour une farce légère autour de la question de notre rapport à la nourriture. Elle l'est d'ailleurs dans un sens, et l'humour n'est pas la moindre des qualités de l'auteur. C'est aussi pourtant un livre qui aborde l'air de rien de manière assez poussée la question d'un contrôle permanent d'un État qui a totalement cessé de faire semblant de s'intéresser aux bien-être de ses citoyens pour révéler ce qui lui importe vraiment : moins de dépenses sociales, plus de productivité. Avec des effets d'ailleurs ambigus et un certain nombre de paradoxes puisque les plus écolos peuvent aussi être les plus taxés – ça leur apprendra à vouloir faire des enfants –, parce que le recul de la liberté en termes de santé s'accompagne d'une plus grande tolérance à l'égard de l'homosexualité et des trans… Bref, l'aboutissement de l'installation d'un totalitarisme mou qui a commencé par avancer à peine masqué.
Tout cela forme le décor très abouti d'une intrigue plutôt classique dont le lecteur un peu attentif devinera assez rapidement la plupart des tenants et aboutissants. Cette intrigue, d'ailleurs, est peut-être en fait le véritable décor qui permet à Chantal Pelletier de parler du changement radical du regard de que porte notre société sur l'alimentation. Une manière de voir les choses qui dépasse l'hygiénisme pour incarner une nouvelle forme de contrôle social. Surtout, Chantal Pelletier raconte tout cela avec humour mais aussi avec une façon très charnelle de parler de cuisine et d'aliments. Bref, un livre qui a le don d'amuser, de susciter au moins un début de réflexion, et d'ouvrir l'appétit.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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critiques presse (2)
SudOuestPresse
18 mai 2022
On se prend à rêver en lisant le roman de Chantal Pelletier. À vrai dire, plutôt à cauchemarder sur cette dystopie à l’horizon du mois de juin 2044, dans une Provence caniculaire, avec des personnages forts en gueule comme ce duo d’enquêteurs chargé de la contrebande alimentaire.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Liberation
14 juin 2019
Chantal Pelletier imagine la Provence en 2044, quand la gastronomie est sous contrôle. Un cuisinier est assassiné, les dealers de camembert s'entretuent et le foie gras circule en contrebande. Gare à ne pas perdre de points sur son permis de table.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Couchée dans un trou qui tenait du tombeau et à moitié couverte de sable, elle se prenait une flambée de vapeur vive en faisant revenir dans l'huile l'oignon, l'ail, le mouton haché et les pois chiches pour la sauce de tomates brûlante qu'accompagnaient yaourt frais, ail et menthe. Avoir ça dans les narines et sur la langue, alors qu'on est au fond du trou, déjà enterrée, qu'on va finir là à vingt ans dans les montagnes désespérées d'Afghanistan... ça vous sauve, ça vous maintient éveillée, on ne va pas mourir, on va reprendre le fil de la recette, plier les ravioles sur la farce, puis de la recette à l'assiette, on ressasse encore et encore la tendreté du pois chiche dans la sauce à la viande, on se jure de ne pas l'oublier, on laisse l'évocation vous fourrer dans la bouche un souvenir qui soulage votre estomac, estompe vos douleurs, on reprend espoir, on pourrait s'endormir en léchant un peu de yaourt à la menthe, mais on s'en empêche, ne pas aller trop vite, il faut profiter de ce moment : être enfin la somme, être tout à la fois, bébé qui tète au sein de sa mère, gamine qui croque une gaufre chaude collante de cassonade, ado goûtant sa première mousse au chocolat ratée.
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À se demander si l'optimisme ne grandissait pas avec les années. Il suffisait peut-être d'un peu de curiosité pour accepter de devenir vieux. Considérer que c'était une chance de contempler l'existence de haut, de découvrir sur la fin, donc un peu trop tard, que le plaisir tout bête de respirer était le must du ravissement. Durer comportait peut-être quelques atouts, pas seulement des risques. Il se redressa, tirant ses épaules en arrière, comme s'il se rappelait fugitivement que tout sapiens doit son titre de mammifère le plus évolué de la planète à son statut de bipède debout et droit brandissant sa tête comme un trophée face aux colères du ciel.
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La lecture sur papier lui avait été prescrite par ses thérapeutes pour lui faire retrouver le contact physique avec un objet qu'on écorne, qu'on vieillit, qui a matière, poids, odeur, dans lequel on progresse en déployant la masse lue jusqu'à ce qu'elle prenne toute la place. Les livres l'avaient guéri de sa dépendance aux écrans. Il leur devait reconnaissance, ils l'avaient aidé à la fois à retrouver la réalité et à s'en évader.
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Raconter ses malheurs portait la poisse, et Ferdinand ne s'y risquait pas, il avait déjà assez d'ennuis comme ça. À Paris, la Janvier serait passée comme lui par une cellule post-traumatique qui l'aurait nettoyée de sa plaie. La pratique devait être ignorée ici, où on en était au XXe siècle, autant dire au Moyen Âge !
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Le foie gras, je vais vous dire, on ferme les yeux sur les petites productions à usage personnel, mais on évite que la contrebande étrangère n'inonde le marché noir, qu'on ne pourra jamais éradiquer, c'est clair, mais qui doit garder des proportions acceptables.
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Videos de Chantal Pelletier (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chantal Pelletier
Dans son nouveau roman, Sens interdits, Chantal Pelletier projette le lecteur en 2046. L'enquête criminelle se déploie sur fond de drames environnementaux dans un pays régi par des permis de table, des contrôles de temps d'écran, des maisons de redressement alimentaire et des sessions de télécoaching punitif. Olivier Bordaçarre, dans Appartement 816, met en scène l'an 2030 dans un pays aux libertés et aux comportements modifiés par une épidémie. Dans un huis-clos hypnotique, un homme enfermé chez lui avec sa femme et son fils témoigne d'une époque et de ses effets sur la psychologie et les corps. Dystopie, anticipation, roman noir et réel : autant de liens à explorer qui montrent comment la littérature pense les enjeux de demain.
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