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EAN : 9782070492978
215 pages
Gallimard (14/05/1992)
2.94/5   18 notes
Résumé :
Découvrir que le meutre que vous n'avez jamais eu le courage d'accomplir est là, devant vous, décrit au détail près. Le découvrir à Florence, sur une fresque de Paolo Uccello. Que faire ? Peut être prendre le train de nuit pour Paris, attendre dans un parking souterrain et y assassiner l'homme de la fresque, par la masse et par le feu. C'est ce que fit Nec. Ensuite il rencontra Béa. Tout le reste était déjà écrit. Il n'y avait plus qu'à suivre avec son doigt. Jusqu'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bien que plongé depuis quelque temps dans les entrailles obscures de la collection culte « Série Noire » des éditions Gallimard, j'hésitais à remonter vers la surface pour découvrir des oeuvres plus récentes.

Dans mon esprit, la « Série Noire » était plus vieille que moi (ou presque) ou n'était pas.

Depuis fort longtemps, je vois Daniel Picouly à la télé et je me dis que le gars a l'air plutôt sympa et qu'il faudrait, un jour, que je découvre sa plume.

Mais, un mec sympa est-il forcément un bon écrivain ? le passé nous a démontré que l'inverse pouvait être vrai, mais cela n'était pas une certitude.

Aussi, quand « Nec » m'est tombé dans les mains, ce livre qui alliait à la fois la plume de Picouly et la « Série Noire » si chère à mon coeur de lecteur, cette lecture devenait une évidence sans pour autant annihiler toutes mes réticences.

Et, malheureusement, quand en moi sommeille la réticence, il serait plus sage de m'abstenir. C'est la réflexion que je me fais à chaque fois, mais a posteriori, ce qui n'a plus d'intérêt.

« Nec » est son second roman, écrit en 1993, juste après « La lumière des fous ».

Il n'y a pas à dire, les rencontres littéraires comme humaines, sont soumises à des aléas que l'on ne maîtrise pas et que l'on ne comprend pas toujours.

Parfois, il suffit de quelques secondes pour apprécier une personne que l'on vient de rencontrer, des fois cela prend plus longtemps, de temps en temps la répulsion est immédiate. Et, pourtant, on n'est pas toujours capable de cerner les raisons de ce sentiment.

Il en est de même avec les livres.

En tout cas, il en est de même avec « Nec » de Daniel Picouly.

Quel mal j'ai eu à entrer dans l'histoire sans en comprendre la raison ! À vrai dire, je n'y suis même jamais réellement entré. Et, pourtant, tout semblait là pour que l'aventure se passe au mieux. Un roman noir, une histoire de vengeance, des personnages intéressants, un style déjà très présent (trop présent ???), une fin cataclysmique... et, pourtant, je suis resté sur le bord de la route et si j'ai terminé le trajet c'est plus par flemme de chercher un autre véhicule littéraire que par le plaisir du voyage.

Daniel Picouly nous conte, entre autres, l'histoire de Nec qui cherche à venger quelqu'un (on ne sait pas trop pourquoi ou bien j'ai loupé l'information en finissant mon voyage en survol plané) et qui, pour ce faire, immole un diplomate sud-africain en lui mettant un pneu autour du cou à la méthode de je ne sais plus qui, mais j'avais déjà vu ça dans l'excellente série télévisée « The Shield », pratiquée en vengeance par un gang mexicain (ou un truc du genre).

Nec prend des photos de la crémation afin que son pote Scoop (photographe free-lance) les fasse publier dans les journaux.

Mais Scoop doit de l'argent à un gang et Nec est perturbé par le mariage proche de son amour de jeunesse tandis qu'un flic est lancé sur l'enquête parce que considéré mauvais par sa hiérarchie.

De plus, Nec fait la connaissance de Béa, une jeune femme qui paie ses cours de danse en nature, de Météo, celui à qui Scoop doit de l'argent, revoit Hondo, un gamin muet et pyromane... et si on rajoute des diplomates, des tueurs et tout le bataclan, cela devient un beau bordel, surtout quand on n'a pas trop suivi.

En fait, je me suis fait l'effet de cet écolier que je n'ai jamais été qui, assis au fond de la classe, rêvasse pendant que la maîtresse (ou le maître) explique un problème de math et qui se retrouve interrogé... (oui, j'étais bon en math et je suivais les cours avec assiduité).

J'étais dans le même état d'esprit ! J'étais présent au cours, du moins, physiquement, mais incapable de résoudre le problème.

Si j'ai l'habitude de me plaindre de la platitude des plumes des auteurs à succès actuel, au moins, voilà un reproche que je ne pourrais faire à Daniel Picouly.

Effectivement, l'auteur, malgré son manque d'expérience (rappelons qu'il s'agit là de son deuxième roman seulement), fait preuve d'une audace stylistique louable.

Car Daniel Picouly n'hésite pas à complexifier sa plume, sa narration, à la « poétiser » à l'imager à grand renfort de métaphores, au point que, immédiatement, on n'est pas insensible à cette plume alerte.

Mais, l'audace n'est pas toujours récompensée, surtout quand elle flirte avec l'exercice se style voire l'onanisme littéraire.

Je n'irai pas jusqu'à prêter cette dernière tentation à Daniel Picouly, que je ne connais pas personnellement et je me contenterai de prétendre que l'auteur a un peu trop voulu se faire plaisir, peut-être au détriment de son roman, donc, du lecteur. Mais quand on pense à son propre plaisir sans se préoccuper de celui de son ou sa partenaire, on n'est jamais loin de l'onanisme, vous l'avouerez.

Bref, toujours est-il que ce style, dont la présence, dans un premier temps, rassure et est prometteur d'un réel plaisir de lecture, vient vite, par son omniprésence, parasiter l'histoire, l'intrigue, la narration et donc, la lecture.

Mais là encore, tout est question de timing et ce qui vous irrite un jour peut très bien ne plus vous titiller autant un autre jour et rien ne dit qu'en repoussant ou avançant cette lecture, j'aurai pu avoir un ressenti totalement différent.

Tout cela pour dire que je n'ai pas détesté (mais je n'ai pas aimé non plus), mais que cela n'est pas synonyme pour autant d'un roman raté ou d'un mauvais roman, juste, probablement d'un roman généreux dans lequel les ingrédients pris séparément sont plutôt intéressants, mais que l'auteur a mal dosé probablement du fait qu'il ait cherché son plaisir avant celui du lecteur et cette attitude n'est certainement pas à blâmer, car l'écriture est un plaisir solitaire que l'on expose parfois au public sans jamais savoir s'il appréciera autant que l'auteur. Alors, quitte à faire, autant assurer son plaisir quand on écrit, cela fera toujours au moins une personne de conquise.

Au final, un roman intéressant, mais probablement mal dosé dans lequel un style trop présent vient parasiter une intrigue, des personnages et un final qui aurait mérité que le lecteur soit un peu plus concentré dessus.
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Nec revient à Paris après deux années d'absence. Il revient pour tuer un homme qu'il a raté par deux fois deux ans plus tôt : un attaché de l'ambassade d'Afrique du Sud qu'il tient pour responsable de l'assassinat de Dulcie September, militante anti-apartheid, tuée de deux balles dans la tête en mars 1988 à Paris.
Refusant que ce crime reste impuni, Nec a un plan. Non seulement il va tuer Breyton van Moeurs, mais il lui fera subir le supplice du collier — un pneu enflammé autour du cou ; celui réservé aux noirs "collabos" — et prendra des clichés de son forfait qu'il compte bien diffuser ensuite à la presse, aidé par son ami Scoop, pigiste à Libération.
Cette mise en scène lui a été révélé lors de son exil, de passage en Italie où il a pu contempler une fresque de Paolo Ucello, le Déluge et le Retrait des Eaux. Ce fut une révélation, et c'est elle qui guide ses pas.

[Voir l'image en plus grand] L'univers mis en scène par Daniel Picouly est assez particulier. D'abord il y a le personnage de Nec, sa noirceur intérieure, son désespoir palpable, cette forme de désillusion qui l'accompagne. Ensuite il y a tout le petit monde qui gravite autour de lui, et là c'est une explosion de vie ! Son copain Scoop, le roi de la formule ; son amie d'enfance, Menga : Hondo, ce garçon de dix ans qui éclaire tout le monde de ses sourires ; la SAPE, Société des Ambianceurs et personnes Élégantes, des dingues de fringues ; et j'en passe… Tout un foisonnement exubérant, un furieux mélange de genres, des gens, des vies, des misères sociales et des énergies. Impressionnant ! Et tous ceux-là s'agitent dans un périmètre réduit qu'on appelle à Paris le XIXème…

Reste qu'il y a eu mort d'homme… et à l'ambassade d'Afrique du Sud, en ces périodes de réconciliation nationale, on voudrait bien étouffer l'affaire. Alors côté police française, aux ordres, on confie le dossier au commissaire Lomron, celui qui ne trouve pas, le spécialiste des affaires spongieuses.
« À la première parole il avait étiqueté le commissaire : tâcheron borné et résigné, le modèle presse-papiers de commissariat d'arrondissement qu'on envoie sur le terrain pour désengorger les archives. Bizarre, ce badge qu'il portait au revers de son veston.
— Je vais vous résumer la situation. Voilà, on a un cadavre sur les bras, et pas n'importe quel cadavre. Vous comprenez ?
Lomron hocha la tête, ce qu'on prenait en général pour un signe d'acquiescement… En fait, ce n'était qu'une petite gymnastique préventive quotidienne, pour endiguer un début d'arthrose cervicale. le médecin lui avait dit : Vous hochez-déhochez, ça vous évitera d'avoir un jour le port de tête d'Eric von Stroheim et ça donne l'air attentif. Les gens aiment ça. »

Entre temps, Scoop, à qui Nec a confié sa pellicule (celle des photos du meurtre de van Moeurs), aura quelques problèmes avec un rasta dealer qu'on appelle M. Météo — celui qui fait tomber la neige — ; un mercenaire sud-af' partira en chasse après les photos pour qu'elles ne soient pas publiées ; Nec tombera amoureux de Bea qui doit son surnom au Bifidus des yaourts dont elle se nourrit :
« Je l'ai trouvée il y a une semaine éparpillée sur le palier du troisième : un type un peu fêlé. On est déjà au quatrième : il lui reste plus qu'un étage et les chambres de bonnes. Après, elle sera obligée de faire l'autre escalier. C'est une nomade de pieux cette fille, une Touaregue de la chose… »
et tous arpenteront le nord-est de Paris en long, en large et en travers dans une époustouflante course-poursuite infernale.

Daniel Picouly est de ceux qui conçoivent leur roman avant tout comme un conte, une histoire à raconter, et celle-ci un véhicule pour propulser le lecteur dans un ailleurs reconstitué, magnifique. On ne peut pas résumer Nec, il faudrait tout garder de ce foisonnement, ne rien oublier, et c'est impossible.
Picouly a l'imagination luxuriante qui déborde de sa plume et une réserve insoupçonnée de tendresse pour ses personnages. C'est à une poésie dramatique qu'il nous convie, à une histoire d'amour sombre et fatale, à un voyage immobile dans ce XIXème arrondissement de Paris qu'il sublime à sa manière comme le fit Daniel Pennac en son temps avec le quartier de Belleville.
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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livre qui m'a fait découvrir picouly
polar aux relents cyberpunk et nihilistes avec des morceaux de warriors dedans et de revendications anti racistes
bien divertissant
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Si on accrochait une pancarte au cou d’un type, c’était pour y écrire quelque chose, et si on écrivait quelque chose, c’était pour que le quelque chose soit lu, et pour que ce soit lu, il fallait garder une trace du quelque chose, puisqu’on venait de brûler ledit quelque chose… C’était limpide. C’était un désastre. C’était la catastrophe.
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Il y a toujours quelqu’un ! C’est comme dans les rêves : Tu vois une cabine téléphonique en plein désert. Ça sonne ! Rien, personne… et pourtant ça décroche.
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C’était tout un art que de recevoir une gifle avec élégance : ne pas la rendre, éviter l’air niais, jouer juste un peu du menton et de la mèche. Il n’était pas certain d’être à la hauteur. C’était un rôle nouveau.
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C’est plus facile pour une fille de payer ses dettes. Elle se fait tirer, et ça s’efface : Hop ! comme les ardoises magiques… Formule !
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Tu sais, les mariages, ça fait croire aux serments.
— Et les séparations ?
— À d’autres serments.
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Vidéo de Daniel Picouly
Dans le cadre du concours de lecture « Si On Lisait A Voix Haute » organisé par France Télévisions et « La grande librairie », des écrivains et comédiens offrent leurs conseils aux collégiens et lycéens qu'ils rencontrent en classe.
Cette semaine, l'écrivain Daniel Picouly part à la rencontre des élèves de 5e d'du Collège Guynemer à Nancy.
« La lecture c'est une activité physique, vous lisez avec votre corps. Ne vous renfermez pas dans votre corps. C'est lui qui travaille. »
Une vidéo en partenariat avec le CNL.
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