Je ne m'attendais pas à autant aimer.
La vérité sur ce qu'il y a dans ma tête est un roman intimiste, profond et sensiblement humain, qui nous plonge dans les méandres de l'esprit de Hyacinthe, notre protagoniste, un garçon réservé et mystérieux. Suite à une dispute dont nous ignorons les tenants et les aboutissants, Hyacinthe décide d'écrire une longue lettre à Violette, sa meilleure amie. le récit en est le déroulement. Sans chapitre, l'histoire se déroule d'une traite, avec aisance et fluidité, l'auteure sachant manier les transitions avec expertise.
Souvent mis à part, rejeté par ses camarades, Hyacinthe a trouvé du réconfort auprès de Violette, la seule amie qui semble le comprendre et l'accepter tel qu'il est. C'est elle qui se fait la voix du jeune homme lorsque celui-ci est trop intimidé pour se faire entendre. C'est elle qui le rassure, le réconforte, le protège et l'accompagne partout. Tout allait bien dans ce duo pourtant improbable, jusqu'à l'arrivée de Simon (à prononcer Saïmon), un beau jeune homme, nouvellement affectée dans la même classe que les deux amis. D'autant que Simon semble particulièrement intéressé par Violette et inversement, ce qui effraie énormément Hyacinthe. Ce dernier apprend que les deux jeunes gens se fréquentent en cachette, ce qui ajoute une dose supplémentaire de déception, de colère et de tristesse au coeur du garçon, qui voit le Pacte conclut avec sa meilleure amie, totalement floué. C'est l'histoire d'une belle d'amitié que nous livre
Lucie Pierrat-Pajot, juste, réaliste et émouvante, qui est faite, comme toutes les histoires, de hauts, mais aussi de bas.
En parallèle, Hyacinthe a des problèmes familiaux liés à sa famille recomposée. Son père, qui, depuis son divorce avec sa mère, a refait sa vie aux Etats-Unis, est de retour en France avec sa nouvelle femme et sa demi-soeur. Il souhaite reprendre contact avec Hyacinthe et le voir fréquemment, renouer des liens ou en créer entre lui et sa nouvelle famille. Enfin, sa mère, chez qui il vit, une hippie collectionneuse d'objets d'arts et de décoration de seconde main, fréquente un homme. C'est une source de peur pour Hyacinthe, qui, après les mensonges de Violette, se sent complètement abandonné et lésé par celles qui comptent le plus pour lui. La peur de l'abandon est une conséquence directe liée à une faible estime de soi et un manque de confiance, qui lui font appréhender constamment le fait d'être rejeté et laissé seul. Il ne connaît pas la quiétude émotionnelle et relationnelle.
C'est pour ça que Hyacinthe m'a beaucoup ému : c'est un jeune homme particulièrement attachant, au travers duquel on peut se reconnaître aisément. On ressent avec puissance la force de ses émotions, à fleurs de peau, constamment stressé, légèrement paranoïaque, c'est aussi un être doux, plein de pudeur, avec de nombreuses peurs, souvent injustifiées, mais tout aussi touchantes. À travers son personnage dénigré et rejeté, l'auteure se fait l'échos du harcèlement scolaire, physique et psychique. Chacun est différent, il faut savoir s'accepter, oser s'affirmer et prouver sa différence, c'est ce qui fait notre force. Au fil du récit, Hyacinthe va s'ouvrir au monde, s'ouvrir à lui-même et aux autres, il va enfin se trouver et trouver dans un même temps le bonheur qu'il cherchait tant.
Un beau récit jeunesse épistolaire sur l'amitié, la différence, le harcèlement, l'abandon. Particulièrement bien écrit, il est composé de personnages émouvants qui m'ont beaucoup touchés. Je recommande cette histoire et lirai avec grand plaisir un autre roman de
Lucie Pierrat-Pajot !
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