ISBN : 9782840966753
Merci aux Editions Parigramme et au site Babélio pour nous avoir permis de découvrit cet ouvrage.
Certaines villes de par le vaste monde ont à jamais une image qui, depuis la nuit des siècles, leur colle en quelque sorte à la peau. Pour Venise, c'est son carnaval et ses masques aussi somptueux qu'énigmatiques. Pour Londres, c'est la fameuse Tour qui vit défiler tant de prisonniers, royaux et moins royaux mais tous promis à une mort cruelle. Et pour Paris, c'est le plaisir sous toutes ses formes, y compris les plus tordues.
Cette dénomination de "ville" et même "capitale
Du Plaisir" ne lui aurait été officiellement donnée qu'au Second empire, lorsque
Offenbach, Meilhac et Halévy faisaient danser un cancan échevelé aux dieux de l'Olympe tandis que, à la sortie des théâtres, patientaient les viveurs, grands amateurs d'actrices, de demi-mondaines et de prostituées tout court. Mais en fait, grâce à
Emmanuel Pierrat, on découvre très vite que Paris s'enorgueillit dès le Moyen-Âge des ses "bordeaux", étuves et autres retraites du même acabit. L'actuel quartier Beaubourg avec, entre autres, la rue Quincampoix - et son "Club 41" où Denise n'officie plus depuis déjà quelques années - ne sont par exemple que les mutations modernes d'un quartier qui, avec ses rues et ses ruelles, vivait de libertinage et de prostitution des siècles avant les excentricités esthétiques du Centre Beaubourg. Là, rappelons-le, se tenaient jadis les Halles et le monde qui les entourait était, depuis des lustres, aussi pittoresque qu'interlope.
Pierrat nous invite à un véritable voyage dans l'espace et le temps parisiens qui regorge d'anecdotes mais s'attache surtout à retracer l'Histoire d'une ville et des ses habitants. Si la prostitution et les milieux liés jadis à la Cour des Miracles et de nos jours à une pègre tristement bigarrée tiennent dans ce livre le haut du pavé, il n'est pas un domaine qui ne leur soit lié qui demeure dans l'ombre. L'auteur rappelle ainsi que c'est à
Louis XIV et à sa sainte horreur des lieux qui pouvaient donner asile à tout frondeur, titré ou non, que Paris doit la première authentique régulation de ses milieux les plus sordides. C'est en effet le Roi-Soleil qui, en confiant à Gabriel Nicolas de la Reynie le soin de mettre un peu d'ordre dans ces Ecuries d'Augias parisiennes, créa en France le prototype d'un service policier digne de ce nom.
De Marguerite de Provence, épouse de Louis IX, qui, à l'église, donna un jour en toute bonne foi le "baiser de paix" à une femme richement vêtue qu'elle prit pour une bourgeoise alors qu'il s'agissait en réalité d'une prostituée aux travestis des plus colorés de l'actuel bois de Vincennes, en passant par le poète
Claude le Petit qui mourut brûlé vif pour avoir raillé les amours d'Anne d'Autriche et de Mazarin en des vers plus que libertins et par la Gourdan, légendaire tenancière de lupanars huppés sous le règne de Louis XV et par le non moins légendaire "Chabanais" de l'entre-deux-guerres, tout est dans ce livre auquel on ne fera qu'un seul reproche : il est trop court. ;o)