Dans notre panthéon maritime,
Lapérouse tient une place privilégiée. Excellent combattant sur mer, très bon à la manoeuvre, cet officier de marine brillant ne pouvait être que sollicité par Louis XVI, lui-même, pour mener une navigation autour du monde, une circumnavigation.
Il s'agissait de suivre les pas d'un autre grand navigateur, britannique celui-là
James Cook. Il fallait prouver que la France, qui disposait pour la première fois de son Histoire d'une marine de haut rang, pouvait montrer pavillon partout dans le monde, et surtout dans la zone Asie-Pacifique alors méconnue.
Nul autre que le prometteur
Lapérouse pouvait prendre la tête de cette exploration. Avec ses deux frégates, l'Astrolabe et la Boussole, il appareille de Brest à l'été 1785, avec savants éminents et instruments coûteux à leur bord. Les relevés qu'ils feront seront exceptionnels et contribueront à une meilleure connaissance du monde de la fin du XVIIIème siècle. Seulement, après une escale à Botany Bay, Australie actuelle, en 1788, on ne les reverra plus.
Alors si le voyage a passionné la cour et surtout le roi, leur disparition donnera lieu également à un intérêt extrême comprenant espoir pour les proches et envie de savoir leur devenir pour les autres. Pendant quarante ans, les fantasmes attisés par des fausses informations ont entretenu le désir de la Nation de connaître ce qu'il était advenu de Monsieur de
Lapérouse et de ses équipages. Même le Directoire, qui n'avait pas la tête à cela (mauvais jeu de mots), s'est intéressé à l'affaire.
Dans cette biographie,
Anne Pons nous capte pour nous présenter la vie de
Lapérouse et surtout le périple de l'expédition avec qui nous passons le Cap Horn, nous sommes transis de froid en Alaska, nous reprenons du courage avec les Russes du Kamtchatka et finalement disparaissons dans les Mers du Sud.
Ce livre d'Histoire maritime et aussi celui d'une aventure, celle des découvreurs et des scientifiques qui élargiront pour le monde occidental le champ des connaissances et des frontières. Si je le pouvais, je referais le parcours à l'identique, répétant les mêmes escales, pour achever ce périple en rendant hommage à ces hommes devant le cénotaphe érigé sur l'île de Vanikoro.