Antoine Prost « Si nous vivions en 1913 » Editions Grasset. France-Inter.
Ce livre de 134 pages relate la vie en France en 1913 à l'aube de la guerre mondiale.
Les chroniques claires, variées, thèmes majeurs d'une sociologie du terroir, signent une vulgarisation de l'Histoire de France.
Chacun des chapitres relate un fait précis. « de la vie à la mort », « Au poids du travail », « Ceux qui ne travaillait pas » etc… .
A la page 23 « du privilège des vacances » « Lorsque le père du jeune Léon Jouhaux futur secrétaire de la CGT et prix Nobel de la paix, était en grève, le gamin quittait l'école et allait travailler dix heures par jour pour trente sous. »
On est plongé dans ce passage entre le passé et notre présent. On analyse le meilleur côté des époques. La page 45 de ce récit de vie du chapitre « Les ouvrières » relate : « Il y a là, dans la société dravant 1914, une double circulation de pratiques, entre la ville et la campagne, entre le peuple et la bourgeoisie ». Nous sommes au coeur d'une étude sociologique humaniste lorsque à la page 89 du chapitre « Les Bourgeoises » résonne ceci :
« Cet univers supposait fortune et domesticité. Il reposait sur un ensemble de codes non écrits, inaccessibles au profane qui n'ont peut-être pas tous disparu »
A la page 92 « la République de 1913 était probablement plus égalitaire que la nôtre ».
Poincaré président de la République qui est élu en 1913 répond ceci un jour au sujet des monuments historiques : « Je vous demande pardon, mon cher ami, il y a entre nous toute l'étendue de la question religieuse ».
Le thème de la laïcité est donc abordé avec finesse. Celui de la fraternité est dilué dans les passages d'entraide et de solidarité. Celui de l'égalité entre les citoyens de 1913 est un travail puissant scellé avec droiture et réussite certaines. Reste pour le lecteur le poids de ce petit (grand) livre, qui aura mené le lecteur vers des réflexions et surtout un basculement certain vers les entrailles du passé. Ce livre peut être lu pour des enfants par une voix adulte, afin de leur expliquer les détails qui sont importants car emblématiques. Et surtout les adultes afin de s'octroyer cette page de vie patrimoine historique et sociologique. Ce livre est d'une simplicité presque démagogique, tant les chroniques semblent se faire nôtres. Mais
Antoine Prost écrit comme s'il s'agissait d'une conférence. Ses chroniques, enseignent et enrichissent le lecteur. le pouvoir éducatif de ses dernières est la somme culturelle. C'est pourquoi, ce livre se doit d'être dans les écoles primaires, collèges et lycées, et universités, tant cette ancestrale éducation et leçon de vie relèveraient le niveau des élèves qui se projettent trop vers l'avenir et qui oublient les racines de leur patrimoine historique et de vie.
Evlyne Léraut.