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A la recherche du temps perdu - ... tome 3 sur 4

Jean-Yves Tadié (Directeur de publication)Antoine Compagnon (Collaborateur)Pierre-Edmond Robert (Collaborateur)
EAN : 9782070111435
1934 pages
Gallimard (24/11/1988)
4.68/5   58 notes
Résumé :
Ce volume contient les œuvres suivantes : Sodome et Gomorrhe - La Prisonnière - Esquisses. Avec, pour ce volume, la collaboration d'Antoine Compagnon et Pierre-Edmond Robert.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai un peu abandonné mon feuilleton de l'été: à la recherche de Marcel Proust..Mais comme on ne peut pas "poster" sur le même livre plusieurs critiques, je vous retrouve au tome 3 de l'intégrale, bande de petits veinards qui avez presque fini la découverte de ce chef d'oeuvre absolu...

Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de Proust le mondain, l'homme du Ritz - avatar au catleya de l'homme de Rio- celui pour qui la grande aventure commençait la nuit, quand il y avait moins de pollens dans l'air et plus de fragrances de chez Piguet, moins d'hétéros en affaire et plus d'homos en amour, moins de sténodactylographes fraîchement sorties du bureau et plus d'altesses à tête d'oiseau descendant en droite ligne de du Guesclin!

Snob, vous avez dit snob, Marcel Proust? Sûrement, si on s'en réfère à l'étymologie: sine nobilitate, sans noblesse...

En tout cas, Gide lui avait fait cette réputation auprès des Gallimard: dans la grande maison d'édition - qui s'en mordit les doigts- on ne dénoua même pas le paquet de son manuscrit... grasset tira profit de cette énorme gourance!

Et cependant....Proust n'avait-il pas hanté les soirées du Faubourg Saint Germain et questionné ardemment ses amis de salon sur leur généalogie, leurs ascendants, leur blason? N'était-il pas l'auteur du très superficiel Pastiches et Mélanges, des Plaisirs et des Jours, pastiche pâlichon des Travaux et des jours d'Hésiode, sorte de vademecum du parfait dilettante salonnard? N'avait-il pas ébauché un Jean Santeuil décousu et décevant où pourtant toute la Recherche était déjà endormie, comme la Belle au bois dormant du conte, attendant le baiser du Prince?

Mondain certes, mais mondain à l'affût, mondain aux aguets derrière son monocle, épiant les travers et les rites de cette haute société, notant ses "bons mots" souvent creux et parfois féroces, et méditant d'inscrire dans cette immense inanité, dans cette vaste vacuité, la plus grande découverte de toute son oeuvre: celle du Temps retrouvé!

Car c'est bien dans les soirées mondaines de la Recherche qu'ont lieu les "grandes découvertes" ..Insolent paradoxe!

C'est dans un bal que Swann, fou de jalousie, comprend qu'il a épousé Odette par erreur, parce qu'elle lui faisait penser à un tableau de Giotto, et il se met à voir toute la société du Faubourg qui gravite et parade autour de lui, à travers le prisme de ses monocles, comme on regarderait des poissons exotiques derrière le vitrail déformant de leur aquarium..Il voit aussi son dilettantisme, son inutilité...et le Narrateur, derrière lui, décrypte qu'il lui faudra impérativement passer à l'acte.

Observer avec sagacité et ironie ne suffit pas: comme un terroriste doit jeter sa bombe, il faut écrire..Absolument, et dans l'urgence!

A son tour, le Narrateur dans un état second, revient à Paris, après la guerre et la maladie., à l'hôtel de Guermantes où l'on donne une grande soirée.

Tout lui paraît avoir changé.

Il a seulement vieilli et pris du recul: les dreyfusards pullulent, les judéités s'affichent, les mésalliances sont légion, les deux côtés, si séparés de Swann et de Guermantes, n'en font plus qu'un..Il faut écrire, vite, sauver ce qui peut l'être encore par l'écriture..Et les pavés inégaux de la cour renvoient à ceux de Venise, le tintement des petites cuillers du buffet à d'autres cloches secrètes. La fille de Gilberte ressemble à sa mère, qui elle ne ressemble plus à rien..Il fait le beau avec elle: "Que dira-t-on si on vous voir sortir avec un jeune homme?"...Elle le regarde avec ébahissement: "Un jeune homme?" Il a cent ans, pour elle!

Il comprend alors que le temps presse, le temps humain, sans pitié pour tous ces chefs blanchis sous le harnois de la vie mondaine et vaine: ce qu'ils avaient tous sur la tête, ce n'étaient donc pas des perruques poudrées de marquis, ce bal, ce n'était pas une fête costumée...Juste une danse macabre, talonnée par la mort, le vieillissement et surtout talonnée par le vide, l'absence désespérante de traces..

Proust, le mondain, a donné pour écrin à sa découverte de l'essentiel , à l'oeuvre pérenne , au Temps Retrouvé des artistes, le décor le plus creux, le plus fugace, le plus artificiel..

Vous avez dit snob? Vraiment?
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Après deux premiers tomes prenant, c'est avec hâte que je me suis lancé dans « le côté de Guermantes ». Finalement, ce troisième tome me laisse un sentiment mitigé, sans toutefois m'ôter le désir de connaître la suite de l'histoire. Un sentiment ambigu dû à une première partie longue, presque ennuyante, et une seconde partie ravivant tout mon intérêt pour cette oeuvre.

De son séjour à Doncières où le narrateur retrouve son ami Robert de Saint-Loup jusqu'à son retour sur Paris, où sa famille et lui s'installent dans l'hôtel des Guermantes, aucun des évènements décrits par Marcel Proust n'ont suscité mon enthousiasme. Je n'ai pas su percevoir l'intérêt d'un développement aussi long de son séjour auprès de Saint-Loup dans la globalité de l'oeuvre, notamment les descriptions qui nous sont faites sur la vie en caserne et sur l'art de la guerre. Toutefois l'auteur parvient (comme il sait si bien le faire) malgré tout à nous garder intéressés grâce à l'objet principal du déplacement du narrateur à Doncières, à savoir : utiliser son ami pour pouvoir être présenté à la Dûchesse de Guermantes, et la façon dont l'affaire Dreyfus était perçue dans les différentes classes sociales de l'époque. Lors de son retour à Paris, le narrateur est reçu dans le salon de Madame de Villeparisis, où l'auteur effectue une description très détaillée et très longue (peut-être trop longue) des salons aristocratiques du faubourg Saint-Germain.

Pour ma part, l'histoire démarre vraiment à partir de son invitation à dîner chez la Duchesse de Guermantes, de l'étrange proposition que lui fait M. Charlus et de la mort de la grand-mère du narrateur. C'est-à-dire vers la fin de la première partie.

La seconde partie est, pour moi, la vraie réussite du livre. Après avoir atteint son objectif d'intégrer le cercle fermé des Guermantes, le narrateur nous décrit toute la déception et/ou la désillusion qu'il a en s'apercevant que la réalité de cette famille, des personnes qui la composent (et du milieu aristocratique en général) est bien moins majestueuse que celle qu'il s'était imaginé auparavant. Enfin Proust nous donne le coup final avec l'entrevue du narrateur chez M. Charlus. le comportement déroutant de ce dernier lors de cet entretien et le mystère gardé sur ses réelles intentions à l'égard du narrateur (bien qu'on puisse déjà en avoir une idée connaissant certaines moeurs de l'époque), nous laisse dans un état double d'excitation et de frustration dans l'attente de la lecture du prochain tome.
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Comme les volumes I et II de cette magnifique édition, la moitié du livre est occupée par le texte publié des romans de Proust, ici "Sodome et Gomorrhe" et sa suite "La prisonnière". L'autre moitié est faite d' Esquisses, de notes sur le texte et de variantes, qui font de cette édition de Jean-Yves Tadié une référence littéraire et philologique. "Sodome et Gomorrhe" ajoute à la trame de la mondanité et du snobisme, de la perte de son temps, le motif particulier de l'homosexualité, forme d'amour dépeinte par un narrateur entomologiste, voyeur, fasciné et en même temps parfaitement critique sur cette manière d'aimer, qui lui semble aussi vaine, aussi prodigue d'un temps de vie si précieux, que l'autre. Lui-même tombe dans le piège de l'amour, qui éloigne de la seule vérité, la création artistique, dans "La Prisonnière", dominée par la figure d'Albertine. L'amour, homosexuel ou hétérosexuel, est dans la Recherche le désir déraisonnable, fou et obsédant, de posséder absolument l'autre, et de le faire vivre exclusivement pour soi. Comme cette possession absolue est impossible, condamnée à la frustration, elle entraîne obligatoirement la jalousie. C'est le thème essentiel (et parfois lassant) de la série de deux romans qui s'ouvre avec ce cycle d'Albertine : "la Prisonnière" et "Albertine disparue." A la fin de ce cycle seulement le narrateur, libéré de l'esclavage amoureux et de la jalousie, deviendra capable de littérature.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Pour revenir à Albertine, je n'ai jamais connu de femmes douées plus qu'elle d'heureuses aptitudes au mensonge animé, coloré des teintes mêmes de la vie, si ce n'est une de ses amies - une de mes jeunes filles en fleurs aussi, rose comme Albertine, mais dont le profil irrégulier, creusé, puis proéminent, puis creusé à nouveau, ressemblait tout à fait à certaines grappes de fleurs roses dont j'ai oublié le nom et qui ont ainsi de longs et sinueux rentrants.

p. 696, "La prisonnière".
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MARCEL PROUST / DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN / LA P'TITE LIBRAIRIE
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