La quatrième de couverture nous apprend que c'est un récit, récit autobiographique vais-je ajouter.
J'ai toujours un peu de mal avec ces nouveaux écrits -pour rester générique- comme il en paraît des centaires à chaque rentrée, de la part d'un peu tous les gens qui se prennent pour des écrivains, ils ont besoin de s'épancher, de raconter leurs salades qu'ils feraient mieux de garder par devers eux, quand ce ne sont pas bien sûr leurs diarrhées à l'hôpital. Ca s'écoule largement, en petits tas, sur les gondoles de supermarchés au milieu des produits industriels, et après un temps éphémère, ça va se faire pilonner. Maintenant peut-être qu'Amazone leur achète des caisses pour trois fois rien. Ainsi va le monde, et on pense que ça va aller comme ça !
Alors pourquoi celui-là plus qu'un autre, me direz-vous ? Bon déjà il vient du libraire celui-là, c'est déjà plus un poil de considération. le risque n'est pas très grand, c'est un peu comme une boîte de chocolat où on trouve quand même que l'emballage faisant trois fois le contenu, tout est bon pour aguicher le client. Ici, annoncé pour 200 pages, si on enlève tous les blancs de pages que les 70 courts chapitres ne sauraient nous faire oublier, ça fait plutôt 100 pages. Dégraissons le cochon !
Queffélec, ça me disait quelque chose, Tolstoï en référence en 4e de couverture aussi, et puis on s'est demandé avec le libraire de qui cette
Léonore Queffélec pouvait être la fille d'une pianiste internationale morte en 2012 ? Je connais Anne Queffélec comme pianiste internationale ? J'ai dû encore louper une séance en 2012, étant submergé dans des problèmes personnels, un peu d'ailleurs de la même eau que les joies et les tourments racontés dans le livre présent. Madame
Léonore Queffélec en effet nous entrainant dans une douce folie 10 ans après le décès de sa mère qu'elle continue de voir partout, de la chercher en même temps. Tout est normal, à défaut de père n'apprend-t-on pas ici (
Yann Queffélec), sa mère la prenait avec elle dans ses voyages internationaux, une enfant de la balle en quelque sorte ; si ça ne marque pas une vie ça, je veux bien me faire moine ! Mais "cette architecture n'est pas plus grecque que le Pape n'est archonte", comme disait
Joseph de Maistre. Malgré la singularité de l'épreuve, je mesure que le style reste trop impersonnel, appauvri par une langue moderne qui doit tourner en 300 mots ; et quand l'auteur, l'auteuse pardon, essaie de faire un mot supposé être repris pour faire le buzz, eh ben, ça tombe à plat ; c'est d'un littéraire affligeant.
Ma libraire me dit que
Yann Queffélec, le père biologique, aurait dit à la faveur de la sortie de cet ouvrage : il n'y que les hommes chez les Queffélec qui peuvent se targuer du nom pour être écrivain ! Charmant ! C'est encore cette gôche qui écrit des leçons de morale dans le NouvelObs le dimanche et qui ferait bien de se regarder en privé le reste de la semaine !
Le chapitre 5 sur Tolstoï est le suivant (page 25, ce ne sera pas long) : Nous sommes un trio (*) calme, rêveur, un peu inquiet. Nous n'avons pas peur de smots ! Un mot est un mot.
Je me souris car je suis sûre qu'au paradis tu as trouvé ton idéal masculin. Un prince russe, un peu moukik, comme Tolstoï. Tu lui prépares des bortschs et des pirojki.
J'ai eu de la chance de connaître une fenêtre imaginaire vers d'autres horizons. Pour moi, elle s'appelle Maman.
(*) Ce trio est la grand-mère, la mère et l'auteur
Juste une précision, tout moujik que Tolstoï s'en donnait l'air (je le dis avec humour, c'est mon écrivain préféré), je puis attester qu'on ne comptait pas les domestiques à Iasnaïa Poilana pour penser que Sonia pût être au fourneau !
Quant à la référence bretonne, eh ben on en sera pour nos frais. Peut-être de la sardine en boîte au Goum de Moscou, mais attention éclectisme oblige, il faut enlever les arêtes, car on a l'impression que c'est ce qui reste en bouche après avoir mangé une scolopendre.
Allez, un dernier de "
Roulette russe " pour la route : quand l'auteur parle de Brigitte, Brigitte, Brigitte, comme une obsession, - un leitmotiv, c'est plus pertinent - c'est sa mère. Sa mère, Brigitte donc, a vécu 9 ans en Russie et elle ne jure que par Tolstoï quand elle lui fait dire ceci (page 145) : "En art, trois choses comptent, la sincérité, la sincérité et la sincérité". Bien sûr que je bois ça comme du petit lait, mais c'est la seule citation !
Mais racontez vos histoires, vraiment, plutôt que de rester au fil de l'eau en disant les choses à moitié qui gobe toutes les scories des temps modernes en vous arrêtant parfois sur des écueils qui n'en sont pas. Vous écrivez à votre maman qui vaut bien une messe j'imagine, mais si vous publiez, c'est aussi pour être lue ! Jetez-vous à l'eau bon sang de bonsoir, affirmez-vous, sans vous payer de mots, de mots ! Vous ne vous sentez pas sûre, eh ben faites-vous aider, faites-vous entendre des choses, comme Tolstoï écoutait bien ce que Sonia lui disait en parachevant son Guerre et Paix, fort du débroussaillage qu'elle lui remontait de ses brouillons illisibles, chapitre par chapitre, toujours inspiré bien entendu !