Prêts à partir pour le sud? OK mais ne vous y trompez pas. Oubliez les tongs et les bermudas! Car c'est du sud le plus austral dont il s'agit. le domaine des manchots et des léopards des mers , du moins tant que la banquise résistera aux assauts des caprices du climat, qui déciment les légitimes occupants de ces lieux inhospitaliers.
Sur ces terres dont l'accès est réservé à quelques privilégiés, professionnels pour la plupart, Deb effectue des missions de recensement pour l'Atlantic Penguins Project, tout en guidant les groupes de touristes, de plus en plus nombreux (beaucoup trop, compte tenu de la fragilité de la faune autochtone, contaminée par virus et bactéries contre lesquels elle n'a pas appris à lutter)
C'est son histoire et celle de ses deux amours, pour ce continent hostile mais d'une beauté sublime, et pour Keller, qui est arrivé ici pour mieux fuir d'anciens fantômes. On sait dès le début que le drame surviendra, et que cet amour est voué au malheur.
L'on peut craindre en parcourant les premiers chapitres, de devoir subir une bluette aux effluves d'eau de rose. La faute revient sans doute à la construction, très tendance dans les romans contemporains, mais dont je ne comprend pas l'intérêt si ce n'est de provoquer un questionnement artificiel. Et dans ce roman, c'est alambiqué : tout s'articule autour du naufrage de l'Australis, un paquebot de tourisme. La période précédent le naufrage est découpé selon un calendrier qui nous en rapproche, et ces chapitres alternent avec une rétrospective de plus en plus lointaine de la vie des personnages. Je ne suis pas sûre que c'était nécessaire…
Malgré cet écueil, on est vite sous le charme de ce continent blanc, qui ne se laisse pas aborder facilement, et qui est le témoin à charge des conséquences dramatiques de l'évolution difficilement contrôlable de notre planète.
Dans ce récit qui peut s'inscrire sans aucun doute dans le genre nature-writing, les personnages et leurs casseroles nous séduisent rapidement par leur authenticité et leurs faiblesses, qu'ils camouflent tant bien que mal derrière la passion que leur inspire leur combat (vain?) pour l'environnement.
Merci à l'équipe de Babelio et aux éditions Stock pour m'avoir proposé de découvrir en avant-première cet excellent roman.
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Lorsque l'on ouvre ce livre, on est déjà averti qu'au final une tragédie aura lieu. Tous les titres de chapitres y font référence et ne sont pas forcément dans un ordre chronologique: exemple : deux jours avant le naufrage, quinze avant le naufrage, puis deux ans avant le naufrage, etcétéri ... etcétéru.
Or donc, avant ce fameux naufrage, Deb et Keller se rencontrent. Leur passion amoureuse est intense à chaque retrouvaille mais sont souvent séparés pour cause de jobs différents. Seule cette passion pour l'antarctique et les manchots les réunit une partie de l'année, celle aussi ou les touristes viennent visiter le dernier continent resté sauvage.
Un livre qui oscille entre amour et écologie. Pas forcément facile de compréhension avec ce découpage aléatoire qui nous oblige à nous replacer dans le contexte sans arrêt. Bizarrement c'est peut-être le seul intérêt du livre, pense pas que si l'histoire avait été linéaire elle m'ait intéressé. L'histoire d'amour, oui bon c'est une histoire d'amour avec les flonflons et les violons. Côté écologie je pense que ceux qui l'ont lu ont bien compris qu'il ne faut pas envahir cette immensité si nous voulons la préserver.
En conclusion : un livre sympa, dépaysant.
Merci aux éditions Stock et à Babelio pour l'envoi de ce livre.
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Keller et Deb se sont rencontrés sur le continent blanc. Au milieu des manchots et des icebergs, sous un ciel bleu, dans cette immensité claire, une nouvelle histoire voit le jour au-delà d'Ushuaia. Tous deux sont des naufragés de la vie et cette rencontre est un nouveau départ, sous le regard de l'amiral Byrd.
« Je me demande si Keller et moi vieillirons aussi bien ensemble, si nous saurons durer dans un monde où tout fond, tout disparaît. »
Ils cherchent à passer le plus de temps possible sur cette terre vierge pour faire des recherches avec des associations écologistes. Afin de financer ces recherches ils deviennent accompagnateurs sur le Cormoran, un bateau transportant des touristes qui souhaitent poser le pieds sur l'Antarctique. Mais un autre bateau de croisière s'approche et les glaces se referment sur les coques comme on écrase une coquille de noix.
« Depuis le naufrage du Titanic il y a plus d'un siècle, les plans et la construction des bateaux se sont beaucoup améliorés (...) La seule chose qui n'a pas changé, c'est la nature humaine, l'ego, la folie, l'hubris, l'excès d'orgueil, et leurs conséquences. Un bateau n'est sûr que si son capitaine, son équipage et leurs choix le sont. »
Ce livre met notamment en lumière les contraintes et conflits que rencontrent les chercheurs qui doivent composer avec leur volonté de protéger l'environnement et le faire découvrir à des touristes pour assurer le financement de leurs expéditions polaires. Deux mondes qui se croisent, incompatibles et qui ont cependant besoin l'un de l'autre.
La composante écologique de ce roman est très importante, toutefois, j'ai été surtout touchée par l'histoire des deux principaux protagonistes : Deb et Keller. Une jolie histoire d'amour, de passionnés pour ce « dernier continent. » L'auteur crée par de multiples retours en arrière (peut être un peu trop, j'aurais préféré une construction plus linéaire) une ambiance qui nous permet d'entrer dans la psychologie des personnages et de bien comprendre ce qui leur plait tant sur la banquise, ensemble.
« (...) une folie à deux née de notre goût pour ce continent et de notre amour mutuel, qui nous rapproche l'un de l'autre, mais nous éloigne du monde réel que représentent les passagers, leurs opinions, moeurs, dénis, vérités. Nous dérivons de plus en plus loin de lui, au point que nous ne pouvons plus du tout vivre en son sein. »
Un bon roman qui tient le lecteur dans un état d'inquiétude dès le début de la lecture et jusqu'à la dernière page. L'écriture est fluide et agréable. Je remercie Babélio et Masse critique ainsi que les Éditions Stock pour ce cadeau qui donne une bouffée d'air frais et vivifiant, avant l'hiver.
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Midge Raymond entraîne le lecteur au plus près du quotidien des chercheurs et du Grand Sud d'une beauté absolue.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Les touristes se penchent au-dessus du bastingage et j'entends crépiter les appareils photo. Ils se précipitent derrière leur viseur pour capturer les manchots, archiver leurs précieux souvenirs et ratent la beauté réelle du ballet qui se joue devant eux.
J'ai tout de suite été emballée par le résumé du livre : une histoire d'amour compliquée, mais surtout le lieu du récit: l’Antarctique, dernière terre sauvage du globe. Cela a toujours été un continent qui m'a attiré, j'ai beaucoup de livres documentaires sur le sujet chez moi, et notamment sur la faune animale. J'avais donc hâte de débuter cette lecture, et je dois dire que dès les premières pages je savais que j'allais l'aimer. Il y a certains livres où l'on apprécie la plume de l'auteur dès les premières lignes, où la lecture se faire fluide, et où l'on ressent toutes les émotions que l'écrivain à voulu retranscrire sur le papier... C'est tout à fait ça avec ce roman, je ne sais pas vraiment comment l'expliquer, mais je savais dès le départ que j'allais tomber en amour avec "Mon dernier continent".
Il est vrai que, dès le départ, nous savons qu'un événement tragique va arriver : chaque chapitre commence par "2 ans avant le naufrage...", "1 an avant le naufrage...", pour arriver à "1 jour avant le naufrage". Il y a parfois des retours en arrière (20 ans avant le naufrage), où on en apprend davantage sur la vie du personnage principal, et comment elle en est arrivée à faire ses voyages au cœur du Pôle Sud. Cette chronologie funeste ne m'a pas dérangée, je trouve que cela garde le lecteur en haleine, et j'avais hâte d'arriver au bout de ma lecture afin de connaitre le dénouement de l'histoire.
J'ai également aimé les détails du quotidien en terrain polaire, la rudesse du climat, la splendeur des couchers de soleil, qui s'éternisent en ligne d'horizon. La beauté des paysages est parfaitement décrite par l'auteure, je me voyais moi aussi sur la glace, près de Deb, à compter les manchots Adélie. Je ne lisais pas un livre, j'étais AVEC eux. On retrouve par ailleurs de nombreuses anecdotes d'explorations survenues sur le continent : des découvertes, des hommes perdus au milieu des glaces, et parfois même des expéditions aux destins tragiques.
Je me suis beaucoup attachée aux personnages, dont deux sont mis en avant dans ce roman : Deb et Keller. C'est Deb qui raconte l'histoire, son histoire. C'est une jeune femme sensible, qui s'est toujours sentie un peu "à part", et qui n'a jamais trouvé l'homme qui saurait la faire chavirer. D'ailleurs, des hommes, elle n'en a connu que très peu. Puis un jour, elle rencontre Keller, lors d'une expédition dans le grand Sud. Il y a quelque chose en cet homme qui l'attire, et puis tout se fait naturellement... Le retour à la vie civilisée ne va pourtant pas se passer comme prévue... Parviendront-ils à consolider leur couple naissant, Keller est-il vraiment prêt pour une nouvelle histoire d'amour ? De nombreux questionnements qui alimentent le récit sans l’alourdir, et dont les réponses nous parviennent grâce à plusieurs flash-back.
Une très belle lecture, que je vous recommande chaudement. Si vous aussi vous aimez les terres australes, plongez dans ce livre !
Packs, floes, glaçons, sarrasins, plaques, frasil... Il existe tellement de mots pour désigner les différents états de la glace en Antarctique. Et tellement de risques pour un navire dans ce milieu hostile.
Chaque fois qu'il m'arrive de croiser Keller, au milieu d'un groupe de naturalistes, parmi les membres d'équipage, mon cœur s'accélère. Même quand je ne le vois pas, sa proximité agit comme un courant électrique, un fil dénudé, suspendu, dangereux.
Avec Keller à mes côtés, nuit et jour, pour travailler ensemble pendant de longues heures, partager nos repas, nous retirer sous la tente dès le crépuscule, je ressens un optimisme que je n'ai pas connu depuis des années. Moi qui me suis identifiée à ce continent, à son désespoir glacé, à sa nature inexorablement éphémère, je me sens remplie d'une énergie nouvelle comme si ce que nous accomplissons pouvait faire la différence après tout.