AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070273157
80 pages
Gallimard (06/05/1970)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Entre la parole commune et la musique, en effet un récitatif, entrecoupé de chants. Entre la confidence et la méditation, peut-être une autobiographie, çà et là transposée par des voix anonymes : passant par le détour délectable et violent de la poésie.
Que lire après RécitatifVoir plus
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Lettre à Marie



Vous m’écrivez qu’on vient de supprimer le petit train
     d’intérêt local qui, les jours de marché, passait couvert
     de poudre et les roues fleuries de luzerne.
Devant le portail des casernes et des couvents.
Nous n’avions jamais vu la mer. Mais de simples champs
     d’herbe
Couraient à hauteur de nos yeux ouverts dans les jonquilles.
Et nos effrois c’étaient des têtes de cire du musée,
Le parc profond, les clairons des soldats,
Ou bien ce cheval mort pareil à un buisson de roses.
Des processions de folle avoine nous guidaient
Vers les petites gares aux vitres maintenant crevées,
Abandonnées sans rails à l’indécision de l’espace
et à la justice du temps qui relègue et oublie
Tant de bonheurs désaffectés sous la ronce et la rouille.
Depuis, nous avons vu la mer surgir à la fenêtre des rapides
Et d’autres voix nous ont nommés, perdus en des jardins.
Mais votre verger a gardé dans l’eau de sa fontaine
Le passé transparent d’où vous nous souriez toujours
Les bras chargés d’enfants et de cerises.
Je pense aux jours d’été où vous n’osez ouvrir un livre
A cause de ce désarroi de cloches sur les toits.
N’oubliez pas.
Dites comment nos mains furent fragiles dans la vôtre –
Et qu’ont-ils fait de la vieille locomotive ?
Commenter  J’apprécie          00
Oraison du matin


(Oh manque initial, et retrait dans l'élan comme d'une
pelletée de cendres. Mais il y a lieu de se brosser les
dents en fredonnant un air, et de nouer adroitement
la cravate qui préserve de la solitude et de la mort.)

Jour, me voici comme un jardin ratissé qui s'élève
Tiré par les oiseaux. Fais que je prenne l'autobus
Avec calme ; que j'allonge un pas sobre sur les trottoirs ;
Que j'ourle dans mon coin ma juste part de couverture
Et réponde modestement aux questions qu'on me pose, afin
De n'effrayer personne. (Et cet accent de la province
Extérieure, on peut en rire aussi, comme du paysan
Qui rôde à l'écart des maisons sous sa grosse casquette.
Berger du pâturage sombre : agneaux ni brebis
Ne viennent boire à la fontaine expectative ; il paît
La bête invisible du bois et le soleil lui-même
Au front bas dans sa cage de coudriers.)
Mais jour
D'ici tonnant comme un boulevard circulaire
Contre les volets aveuglés qui tremblent, permets-moi
De suivre en paix ta courbe jusqu'au soir, quand s'ouvre
 l'embrasure
Et qu'à travers le ciel fendu selon la mince oblique de son
 ombre
Le passant anonyme et qui donne l'échelle voit
Paraître l'autre ciel, chanter les colosses de roses
Et le chœur de la profondeur horizontale qui s'accroît
Devant les palais émergés, sous les ruisselants arbres.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Jacques Réda (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Réda
Jacques Réda Quel avenir pour la cavalerie ?
Rencontre animée par Alexandre Prieux
La poésie serait-elle une guerre ? le vers, le corps d'élite de la langue ? En retraçant l'histoire de notre prosodie, Jacques Réda dévoile les processus de transformation du français, aussi inéluctables que ceux de la physique. Où les poètes sont les exécutants plus ou moins conscients d'un mouvement naturel. du Roman d'Alexandre à Armen Lubin, en passant par Delille, Hugo, Rimbaud, Claudel, Apollinaire, Cendrars et Dadelsen, Jacques Réda promène son oeil expert sur des oeuvres emblématiques, et parfois méconnues, de notre littérature. Inspirée et alerte, sa plume sait malaxer comme nulle autre la glaise des poèmes pour y dénicher les filons les plus précieux. À la fois leçon de lecture et d'écriture, et essai aux résonances métaphysiques, Quel avenir pour la cavalerie ? constitue la « Lettre à un jeune poète » de Jacques Réda, et le sommet de sa réflexion poétique.

À lire – Jacques Réda, Quel avenir pour la cavalerie ? – Une histoire naturelle du vers français, Buchet/Chastel, 2019.
Le jeudi 28 novembre 2019 à 19h
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1226 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}