Qui, dans le Val de Saire, n'a jamais entendu parler de la légende de son moine satanique enlevé par le diable ?
Quelques années après la libération, à ses heures perdues, Mr Bernomdunchien, vieux magistrat intègre et sans fièvre du palais de justice de Valognes, recherche inlassablement le dict de la dame de Réville, témoignage vieux de cinq siècles qui a disparu des archives de la bibliothèque ...
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L'inconnu des îles", en 1954, a été couronné du Grand Prix du roman d'aventures par un jury présidé par
Francis Carco, et dont les membres étaient
Maurice Constantin-Weyer,
Joseph Kessel,
Pierre Mac Orlan,
Pierre Nord,
Joseph Peyré, S.-A
Steeman,
Pierre Véry,
Armand Ziwès et
André Dignimont.
Pourtant ce livre est un ingénieux, pittoresque et malicieux roman policier.
Il est ingénieux parce qu'enjambant les siècles il mêle deux enquêtes par des indices anachroniquement concordants.
Il est pittoresque parce qu'il nous transporte dans un attachant petit coin de Normandie, le Val de Saire, au temps de M'sieur Tauriol le président de la république, au temps des cartes postales de chez Chapuis, au temps du transat ce wagon cylindrique fonçant vers Cherbourg.
Il est malicieux parce qu'au détour de ses tournures, il laisse parfois entrevoir quelques touches d'une ironie tout normande.
Un crime a été commis aux îles Saint-Marcouf.
Un pêcheur de Saint-Vaast-la-Hougue, le père Maillard y a découvert le corps d'un inconnu assassiné.
Mais le cadavre disparaît et à sa place, on ne retrouve qu'un tas de vêtements calcinés.
Deux armes pour un crime et point de cadavre.
Mr Bernomdunchien est perplexe ...
Le livre est bien écrit, à la manière du "pays".
Il se déguste comme un poulet au blanc, à la fortune du pot.
Ses personnages sont autant de silhouettes délicieusement désuètes qui font de ce roman une charmante petite balade dans le Val de Saire.
On le sent, à chaque mot, dans chaque phrase,
Maurice-Charles Renard a aimé emprunter ses petits chemins et y imaginer une facétieuse intrigue policière ...