AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782754800310
64 pages
Futuropolis (21/06/2007)
3.08/5   19 notes
Résumé :

C'est une photographie de Robert Capa, qui a incité Sylvain Ricard et Arnü West à écrire cet album.C'était en 1944, la France se libérait... En approchant au plus près l'intimité d'une famille ordinaire en proie à tous les déchirements dus aux horreurs de cette époque, ce récit sans concessions met en lumière toute la complexité des choix humains. Une subtile mise en garde contre le con... >Voir plus
Que lire après Fille de rienVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Fille de rien... Pour commencer, un titre qui parle d'une personne qui n'est pas encore née et qui déjà porte par ses origines un fardeau, alors qu'elle n'a "rien" demandé.
La couverture, les dessins, les couleurs décrivent bien le ressenti qui se lit sur le visage de tous les habitants. Et le scénario qui se place dans une famille déchirée non pas par la guerre de 1939-45, même si nous sommes avant la libération, mais la différence d'opinions, d'agissement que chacun des membres de cette famille fait ou ne fait pas.

Dans cette ferme y vit, la mère et ses quatre enfants : Henri, Serge, Marc, et le dernier, Roland, absent qui fait des actes de sabotage dans le voisinage contre les Allemands. Y cohabite aussi la femme d'Henri : Yvette et leurs trois enfants et la femme de Serge : Lucienne qui est enceinte. La mère, matriarcat de cette ferme, vit dans le souvenir de son défunt époux et glorifie le maréchal Pétain qui pour elle incarne encore le sauveur de la France.

5 mai 1944... Serge travaille avec sa femme Lucienne et Jürgen, un Allemand qui a l'air quelqu'un de calme, gentil dans un laboratoire sur des mouches, mais nous en savons pas pour quel but... Hélas pour Serge, il est mal vu par sa famille et ses confrères chercheurs français, car ils voient cela comme collaborer avec l'ennemi.
Un jour Henri retrouve une génisse morte dans un champ qu'il ramène pour en tirer ce qu'il peut de la carcasse... mais inévitablement un motard allemand un poil pervers et dangereux y veut sa part du gâteau. Lui en donner est un acte de collaboration, mais cela personne ne le verra de cet oeil.

16 juin 1944, le maréchal Pétain fait une visite sur la place de la ville, et quasi tous les habitants y viennent chanter en choeur

Quand le jour de la libération arrive le 5 septembre 1944, c'est un lynchage qui est fait contre ces gens qu'on n'aime pas, qu'on croit ou qu'on est certain qu'ils ont collaboré avec l'ennemi. Les femmes suspectes ont leurs têtes tondues, sont humiliées devant la foule. Et les hommes suspects sont tués. Aucune justice, seulement la stupidité des perdants qui veulent se faire passer pour les gagnants en se salissant les mains contre les siens.


Ici, la majorité l'emporte comme à chaque fois. Mais la majorité n'a pas forcément raison.

Ce qui est intéressant dans cet album, ce sont les contrastes du bien et du mal. Ce qui est acceptable de ce qui ne l'est pas dans les gestes de collaboration avec l'ennemi, qui est aussi la "Patrie Française". Les gens qui sont glorifiés ou s'auto glorifient en héros alors qu'ils se sont conduits comme des lâches tout ce temps durant... Sans oublier le thème principal : les déchirements dans cette fratrie à l'image de la France qui est séparée en deux et cohabitant sous le même toit.

Par contre ce qui est dommage, est cette fin qui, peut-être naîtra un second album pour parler de comment ces jeunes mères abandonnées par les siens survivront ou mourront à cause d'eux. Ainsi qu'il aurait été intéressant de parler des origines de ce geste de rasages et du nombre de persécutions par les rasages, exécutions et toutes autres violences contre les Français faits à la "libération"... Mais difficile à chiffrer combien d'innocent.e.s ont été tué.e.s, violenté.e.s par les leurs.


Commenter  J’apprécie          80
J'ai beaucoup apprécié cette lecture d'une période historique que notre pays a su vite oublier pour ne garder que les exaltations de la victoire. Sitôt la France libérée, ses habitants se sont livrés à des exactions de la pire espèce sans aucune forme de procès légitime. Il n'y a rien de pire que la vindicte populaire ! Certes, il y aura toujours des gens pour reprocher qu'ils n'ont pas eu également de procès face à l'envahisseur allemand. Bref, on se laisse gagner par la haine et la vengeance au point d'en devenir totalement aveugle. J'ose un jugement de valeur même si je suis né bien après cette guerre. Est-ce déplacé ? Je ne le pense pas.

Cependant, une situation n'est jamais simple surtout en temps de guerre. En cette époque troublée, l'amalgame était vite fait. Je ne suis pas certain que cela recommencerait aujourd'hui car j'ose espérer que le peuple a fait preuve de maturité depuis cette époque. Quoique j'en doute quelques fois...

Je félicite les auteurs d'avoir osé nous montrer une certaine vérité et nous donner des éclaircissements sur cette période où les femmes étaient tondues et les hommes fusillés sans aucun ménagement pour avoir collaboré avec l'ennemi. Quand on sait que 90% de l'administration française sous Pétain est restée en place sous De Gaulle, il y a quand même de quoi s'interroger. Bref, ce ne sont pas toujours les mauvais qui doivent payer l'addition en reprenant une expression employée par un résistant dans l'album en question.

Une lecture en tout cas utile pour ceux qui veulent sortir de la pensée unique ou de toute forme de manichéisme. Comme le souligne l'auteur au niveau de sa narration, c'est un drame qui n'est peut-être pas grand chose au regard de celui des familles de déportés mais cela demeure un grand gâchis quand même.
Commenter  J’apprécie          50
Ce type de récit, dans son angélisme moderne, me semble tout à fait à côté de la plaque. Les auteurs peignent (dans une langue assez maîtrisée, il faut leur reconnaître ce talent) les affres d'une famille lyonnaise pendant l'Occupation, dont les quatre frères font des choix différents, allant du maquis à la collaboration, en passant par l'attentisme et le marché noir.
Le souci, c'est que le principal protagoniste est, disons, le collabo, un scientifique heureux que la présence d'un chercheur allemand dans son institut lui permette de poursuivre, et même d'accélérer ses recherches, pour "préparer l'avenir de nos enfants". L'Allemand en question est bien urbain, pas le genre SS. Les résistants, qui évidemment ont tout de brutes avinées. Mais il y a aussi des Allemands pas super cools, et des résistants courageux, tout cela est donc très relatif.
Et pour le dire franchement, ce relativisme est à pleurer. On ne sait quelle opinion des auteurs, publiant en 2007, est la plus navrante. La banalité de trouver des gens bien et des salauds dans tous les camps ? le manque de perspective absolu sur la résistance ? La justification de certaines formes de collaboration par la poursuite d'autres buts - ici scientifiques ? L'inconscience, il n'y a pas d'autres mots, de ce que pouvait signifier de faire de la recherche sur des drosophiles dans un institut subventionné par le pouvoir nazi ?
Pleurant sur la naïveté, confinant à la lâcheté, de certains auteurs contemporains, on relira plutôt sur les sujets abordés dans cet album Uranus de Marcel Aymé, et le Silence de la Mer de Vercors, pour accéder à de véritables questions morales. Pour se détendre, on pourra ensuite regarder Papy fait de la résistance, je jure que c'est mille fois plus pertinent.




Commenter  J’apprécie          00
Dans un petit village français, quelques jours avant la fin de la seconde guerre mondiale, le temps s'est arrêté, les relations se sont figées. Sous le toi d'une ferme familiale, le silence. Les frères d'une même famille ne se parlent plus et se regardent hostilement. En ces temps troublent, l'heure est au jugement . Qui collabore et comment ? qui résiste et avec quels moyens ? Les jours défilent , lourds et la libération ne sauvent personne. La morale est perdue ce matin pâle où les opprimés deviennent les bourreaux. Une très belle bande dessinée qui interroge la frontière entre le bien et le mal en temps de guerre. La narration trop classique et des personnages peu approfondis m'ont empêchée d'avoir un réel coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          30
Sylvain Ricard et Arnü West ont choisi de s'attaquer à un sujet assez sensible et bien souvent tabou. Même s'ils traitent du sujet de la tonte des femmes, de la collaboration horizontale, des résistants, de la présence d'allemands dans les entreprises françaises… tout reste en surface. C'est regrettable qu'ils n'aillent pas au fond des choses. Difficile de pouvoir parler de tout et en plus y mettre une histoire avec autant de personnages. Au final, on n'a pas le temps de s'attacher à un personnage plus qu'à un autre et c'est bien dommage. On ne sent pas vraiment la tension de l'histoire tellement tout va vite. Alors qu'il y a tant à dire sur cette époque. Il ne manquait pas de braves français pour dénoncer les voisins, les amis ou autre pour se faire bien voir de l'occupant. Tout comme ces résistants de la dernière heure qui n'hésitèrent pas à mettre des brassards FFI après avoir enlevé leur discrète croix gammée. On tue sans réfléchir, sans juger et on tond des femmes sur la place publique comme exhortation à la colère. Toute cette frustration et cette haine explosent sur l'ensemble des citoyens. J'aurais aimé retrouvé toutes ces passions contradictoires dans le récit. La bande dessinée s'achève alors avec un goût d'inachevé. 

Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (1)
Lecturejeune
01 décembre 2007
Lecture jeune, n°124 - Mai 1944, non loin de Lyon, une famille ordinaire. La mère, veuve de 1914, admire le Maréchal Pétain envers et contre tout. Autour d’elle, vivent ses trois fils et leurs épouses. Le quatrième est entré dans la Résistance. Chacun de leurs côtés, les membres de cette famille s’arrangent avec les conditions ambiguës de leur époque. Lucienne, la femme de Serge raconte et décrit l’atmosphère lourde qui pèse dans ce foyer. Son mari est chercheur dans un laboratoire et sympathise avec son collègue Allemand, Jürgen qui le met en garde sur les dangers de leur amitié, mais Serge ne peut pas croire que leur relation aura des répercussions sur sa famille. Mais la fin de la l’Occupation approche et avec elle les règlements de compte et les vengeances personnelles, sous couvert de « justice » et d’« honneur rendu à la France ». Les cases régulières, les couleurs sombres s’enchaînent et semblent conduire inexorablement au drame. Un bel album dessiné sur un sombre moment de l’Histoire. Agnès Donon
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
p.64.
La boucle est bouclée. Cette guerre, comme toutes les autres, n'aura été qu'un grand gâchis. Un drame plus grand encore pour les survivants sans doute. Le mien n'est pas grand-chose au regard de celui des familles de déportés. C'est vrai. Moi, je ne suis qu'une veuve parmi tant d'autres. Et toi ma fille, toi qui ne comprends rien à ces histoires, tu ne vaux pas mieux que moi. Innocente et pourtant déjà coupable. Coupable d'être née de la "moins que rien". Tu es maintenant à mon image, une pas grand-chose. Une fille de rien...
Commenter  J’apprécie          30
p.44.
Que faire dans cette situation ? Que peut faire une femme seule face à l'hystérie collective ? Que répondre à la vindicte populaire, au ressentiment général, à ce qu'elle est censée incarner.
Rien. Aucune échappatoire n'est possible. Juste attendre. Attendre et ressentir l'étau de la honte se refermer... Attendre et laisser grandir la haine. Cette haine qui se dispute à l'humiliation, à la déchéance... Toutes ces choses qu'il faudra oublier... Oublier que cet adultère est national, oublier l'honneur souillé, la dignité perdue. Ou s'imaginer pouvoir ne plus penser qu'un jour on l'a parquée comme une truie et lentement fait plonger dans un désespoir abyssal. La catin. La collabo... la tondue.
Commenter  J’apprécie          10
p.41.
Rien n'est fini. Au contraire, les ennuis commencent. Et cet enfant qui n'est pas encore né porte déjà tout le poids de la frustration d'un peuple.
Commenter  J’apprécie          10
p.31.
Toute une vie consacrée aux autres et quelques minutes de la folie des hommes pour l'anéantir.
Commenter  J’apprécie          20
Les trois quarts des traîtres sont des martyrs manqués.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Sylvain Ricard (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvain Ricard
L'émission "Le coup de coeur des libraires est diffusée sur les Ondes de Sud Radio, chaque vendredi matin à 10h45. Valérie Expert vous donne rendez-vous avec votre libraire Gérard Collard pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • La peste d'Albert Camus aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/19668-poche-la-peste.html • le hussard sur le toit de Jean Giono aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/19639-poche-le-hussard-sur-le-toit.html • Coupable ? de Laurent Loison aux éditions Slatkine & Cie https://www.lagriffenoire.com/1032960-nouveautes-polar-coupable-.html • La Cité de feu de Kate Mosse et Caroline Nicolas aux éditions Sonatine https://www.lagriffenoire.com/1031543-nouveautes-polar-la-cite-de-feu.html • Les recettes de la vie de Jacky Durand aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/1035880-divers-litterature-les-recettes-de-la-vie.html • Virus - 1. Incubation de Sylvain Ricard et Rica aux éditions Delcourt https://www.lagriffenoire.com/137273-achat-bd-virus-t1-----incubation.html • le fléau de Stephen King aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/14884-livres-de-science-fiction--le-fleau-t1.html • Les Gosses de Valérie Clò aux éditions Livre de Poche 9782253179207 • Une vie et des poussières de Valérie Clo aux éditions Buchet Chastel La Griffe Noire, UNE VIE ET DES POUSSIERES - CLO, VALERIE • Belle-Amie de Harold Cobert aux éditions Pocket https://www.lagriffenoire.com/1034360-divers-litterature-belle-amie.html • Bel-Ami de Guy de Maupassant et Jean-Louis Bory aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/47574-poche-bel-ami.html • Jackie et Lee de Stéphanie des Horts aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/1034862-divers-litterature-jackie-et-lee.html • Karl et moi de Baptiste Giabiconi aux éditions Robert Laffont 9782221246894 • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, @Gérard Collard & @Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #sudradio #conseillecture #editionsfolio #editionsslatkineetcie #editionssonatine #editionsdelcourt #editionslivredepoche #editionsbuchetchastel #editionspocket #editionsalbinmichel #editionsrobertlaffont
+ Lire la suite
autres livres classés : soldats allemandsVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (29) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5224 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..