AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782742756155
Actes Sud (13/06/2005)
3.6/5   29 notes
Résumé :

Entre 1875 et 1879, par goût pour la France, sa culture et son esprit d'indépendance, Stevenson y entreprend deux voyages : l'un à travers les Cévennes, avec un âne, l'autre en canoë, avec un unique compagnon, pour descendre l'Escaut, la Sambre et l'Oise. C'est ce périple que retrace ce récit dont " l'Aréthuse " et " la Cigarette " sont les acteurs. D'Anvers à Compiègne, en passant par Maubeuge et Lan... >Voir plus
Que lire après En canoë sur les rivières du NordVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
« Après une bonne femme, un bon livre et une bonne pipe, rien n'est plus agréable sur terre qu'une rivière. » Au cours de l'été 1876, Stevenson entreprend avec un ami une traversée de la Belgique et du Nord de la France en canot. le canotage est le mode idéal pour la contemplation, la rêverie et la découverte de contrées intérieures encore fermées au monde. Les compères quittent Anvers pour une croisière qui va vite perdre tout agrément. Ils doivent affronter les intempéries d'une Nature splendide mais qui sait se rendre terrible, les caprices des eaux et l'hostilité des indigènes. Si les canotiers nourrissent leur goût du voyage par la découverte de paysages, de monuments et de rencontres insolites, ils suscitent aussi une vive curiosité chez les autochtones peu habitués à ce type d'éclectismes. Deux messieurs anglais qui ne voyagent non pas pour le commerce mais pour leur plaisir sont des intrus « étranges et picaresques » dans ces campagnes. L'accueil est parfois cordial, parfois plein de méfiance et les portes se ferment. Si les canotiers croisent le peuple des eux : pêcheurs, lavandières et bateliers, sur terre, ils partagent le sort des tribus de la route : vagabonds, colporteurs, baladins et gitans. L'auteur est d'ailleurs victime du délit de sale gueule, ce qui va lui poser des déconvenues auprès des aubergistes, douaniers et autres gendarmes. Stevenson fait une chronique pleine de charme de ce périple. Son récit comprend de nombreuses ellipses, il s'arrête parfois sur une anecdote ou un détail et éclipse la description d'une sous-préfecture. Il décrit un pays qui prépare sa revanche au lendemain de la défaite face à la Prusse : troupes et réservistes sont en manoeuvre, les civils entonnent des chants patriotiques. Ce protestant admire les cathédrales mais regarde avec ironie le culte catholique, ses miserere, ex-voto et autres indulgences. Ode à la Nature, descriptions de paysages, rencontres insolites, anecdotes humoristiques, petits bonheurs et grandes déconvenues, divagations philosophiques, chaque page de cette chronique pittoresque et pleine d'intelligence se déguste avec plaisir. Tant et si bien que je suis parti descendre une rivière en kayak pour partager – le cul mouillé et à grands coups de pagaie maladroits – une part de cette joyeuse oisiveté et de ce doux onirisme.
Commenter  J’apprécie          372
Stevenson commence son récit par l'arrivée à Anvers, son compagnon "la Cigarette" et lui-même "l'Aréthuse" débarquent avec leur canoës - des fétus de paille en comparaison avec les navires du port - pour descendre les cours d'eau jusqu'au bassin parisien ; bientôt ce sont les descriptions de paysage : ils patientent aux passages d'écluses, nombreuses, apprécient les bords de berge, les lavandières et les épisodes de halages, quelquefois le mauvais temps qui lui rappelle immanquablement l'Écosse. Au fur et à mesure de son périple, c'est vers les hommes et la mentalité des régions traversées qu'il se plaît non pas à analyser, mais à essayer de comprendre, avec ses propres références et lors de dialogues et d'observation...c'est une approche très humaniste, toujours bienveillante, où il souligne les qualités de ces interlocuteurs, relevant les défauts de chacun sans jamais les dévaluer.
Il aime et s'amuse de ces français qui parlent et expriment leurs idées de façon quelquefois ingénue, quelquefois avec véhémence mais toujours avec sincérité et qui se dévoilent, lui offrant l'occasion d'une comparaison avec ses congénères anglais, plus réservés et hésitants
Éloge de la lenteur, de la torpeur, des instants éphémères, des impressions et des moments de grâce qui ne se reproduiront jamais, des rencontres inattendues, agréables ou maussades, surprenantes ou décevantes mais toujours analysées avec bienveillance par Stevenson.
En canoë sur les rivières du Nord est une réflexion sur la nature humaine qui m'a charmée, et qui m'invite à découvrir un peu plus de son oeuvre.
Commenter  J’apprécie          280
Quatrième de couverture:

"Entre 1875 et 1879, par goût pour la France, sa culture et son esprit d'indépendance, Stevenson y entreprend deux voyages : l'un à travers les Cévennes, avec un âne; l'autre en canoë, avec un unique compagnon, pour descendre l'Escaut, la Sambre et l'Oise. c'est ce périple que retrace ce récit dont "l'Aréthuse" et "la Cigarette" sont les acteurs.

D'Anvers à Compiègne, en passant par Maubeuge et Landrecies, dans des contrées bien peu exotiques, ils découvrent des personnages étonnants, vivent des aventures dramatiques ou cocasses, connaissent nombre de tracasseries, manquent de s'écraser contre des péniches...

Saisissant l'âme des campagnes françaises, comme souvent savent le faire les Anglais, l'écrivain propose non seulement un récit de voyage, mais aussi un document de premier ordre sur la France du "[19ème siècle].



Même si ce périple de Stevenson est moins connu que son autre à travers les Cévennes, il n'en demeure pas moins tout aussi plaisant à lire... Réflexions humoristiques plutôt pince sans rire, ou considérations plus sérieuses tentées de philosophie émaillent les descriptions des paysages tranquilles de canaux et de rivières, ainsi que la présentation des villes et villages traversés et l'accueil parfois rude qui est réservé aux voyageurs, que l'on prend souvent pour des colporteurs.



"Les gens les moins nerveux se lassent à la fin d'être continuellement trempés par la pluie, sauf, bien entendu, dans les Highlands d'Ecosse où il n'y a pas assez de moments de beau temps pour s'apercevoir de la différence."



"On ne devrait entretenir aucune correspondance en voyage. Il est assez fâcheux d'avoir à écrire, mais recevoir des lettres, c'est la mort sans phrases de toute sensation de congé." [Quand, au fin fond de l'Asie, savoir si on reçoit ou pas les messages sur son portable est la grande question des co-voyageurs plusieurs fois par jour, cela finit par lasser...C'est du vécu]



Pour l'habitant, le voyageur n'est "qu'un passant et (...) son aventure n'est rien de plus qu'une sieste au bord de la route dans le cours réel de la vie."

L'hôtel de ville de Compiègne et la statue de Louis XII (1869, Viollet-le-Duc est passé par là...)

"Dans un grand panneau carré, au centre, en relief noir sur le champ d'or, la statue équestre de Louis XII, le poing sur la hanche et la tête rejetée en arrière. Il y a dans tout son maintien une royale arrogance. le pied à l'étrier fait saillie insolente hors du cadre.; l'oeil est dur et altier; le cheval lui-même semble fouler aux pieds avec satisfaction les manants prosternés et souffler de la trompette par les naseaux. Ainsi chevauche à jamais, sur la façade de l'hôtel de ville, le bon roi Louis XII, père de son peuple."


Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
Commenter  J’apprécie          70
Le jeune Stevenson et un copain naviguent – on dirait presque divaguent, tant l'itinéraire semble inconstant, de Anvers à quelque part sur la vallée de l'Oise, de rivières en canaux. C'est une histoire de navigation – un peu, de perceptions – pas mal, et de rencontres – surtout. Voyages de port en port, de lavandières en gendarmes, de paysans en sportifs, observés par l'oeil averti, ironique et empathique de RLS. Il n'est guère question de nature dans ces contrées bien peu naturelles, mais tout de même un peu, et surtout de ce qui se passe en nous sur l'eau… merveilleuse description de l'engourdissement mental qui nous prend après quelques heures dans cet hors du temps aquatique qu'est la navigation.
Commenter  J’apprécie          60
Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre en démarrant cette lecture qui me semblait originale.
C'est le récit de l'auteur et de son compagnon de voyage sur les rivières du nord de la France en canoë. le propos est tantôt poétique, tantôt réaliste, avec une alternance entre les digressions paysagères et les récits de tranches de vie avec les "locaux" qu'ils peuvent rencontrer.
Ce texte est une sorte de journal qui permet d'avoir une image de ce voyage et de la vie de l'époque. Il ne m'a toutefois qu'assez peu touché, m'attendant sans doute plus à "vivre sur l'eau" et à avoir un récit plus naturaliste. L'expérience n'était toutefois pas désagréable.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L’intérieur de l’église de Creil était indescriptible, éclaboussé des lumières crues tombant des fenêtres et décoré de médaillons représentant le voie douloureuse. Mais il y avait là, en manière d’ex-voto, un objet curieux et qui me plaisait fort : la reproduction fidèle d’une péniche qui se balançait à la voute, portant inscrit ce souhait : « Dieu mène à bon port le Saint-Nicolas de Creil ! » Ce bateau était habilement ouvré. Il aurait fait la joie d’une bande de gamins au bord de l’eau. Ce qui m’agaçait un peu, c’était la gravité du péril à conjurer. Qu’on suspende en ex-voto une réduction de navire, fort bien ! Le navire qui creuse son sillage autour du globe, visite les tropiques et les pôles glacés, court les dangers qui valent bien un cierge et une messe. Mais le Saint-Nicolas de Creil, qui devait être tiré pendant une dizaine d’années par de patients chevaux de halage, dans un canal empli de mauvaises herbes sous les peupliers murmurants des rives, le batelier sifflotant au gouvernail, le Saint-Nicolas de Creil qui devait accomplir tous ses voyages parmi les verdoyantes plaines de l’intérieur du pays, sans jamais perdre de vue, durant toute sa navigation, un clocher de village, mon Dieu ! J’aurai pensé que si quelque chose pouvait se faire sans l’intervention de la Providence, c’était précisément cela. Peut-être que le patron de la péniche était humoriste : ou peut-être un prophète qui rappelait au monde la gravité de la vie par ce témoignage anormal.
Commenter  J’apprécie          70
A Creil, où nous nous arrêtâmes pour goûter, nous laissâmes nos canoés dans un autre lavoir flottant. Il était, à cette heure de plein midi, archicomble de lavandières aux bras rouges et fortes en bec. Elles et leurs plaisanteries grossières sont à peu près tout ce dont je me souvienne de cet endroit. Je pourrais compulser mes livres d’histoire, si vous y tenez beaucoup, et vous citer deux ou trois dates, car cette ville a joué un rôle plutôt important dans les guerres avec les Anglais. Je préfère vous mentionner un pensionnat de jeunes filles et que nous nous imaginions que nous l’intéressions aussi. Du moins les jeunes filles étaient-elle là dans le jardin et nous étions d’autre part sur la rivière. Et plus d’un mouchoir s’agita à notre passage. Cela me jeta du trouble au cœur et pourtant, comme nous serions las et dépités, ces jeunes filles et moi, si l’on nous avait présentés les uns aux autres, pour une partie de croquet ! Mais c’est un usage qui m’est cher de baiser la main ou d’agiter un mouchoir à des personnes que je ne reverrai jamais plus, de jouer avec les possibilités et d’enfoncer une chevillette où l’imagination se suspende. Voilà qui donne une secousse au voyageur, lui rappelle qu’il n’est point partout qu’un passant et que son aventure n’est rien de plus qu’une sieste au bord de la route dans le cours réel de la vie…
Commenter  J’apprécie          60
Les arbres forment la compagnie la plus civile. Un vieux chêne qui pousse sur place depuis avant la Réforme, plus haut que plus d'un clocher, plus noble que la plupart des montagnes, est pourtant chose vivante, capable de maladie et de mort, comme vous et moi : n'est-ce pas là en soi une leçon d'histoire fort parlante? Mais des dizaines d'arpents pleins de ces patriarches enracinés côte à côte, agitant leur verte cime au vent, leurs vigoureux rejetons jaillissant entre leurs genoux : toute une forêt, saine et belle, colorant la lumière, parfumant l'air, n'est-ce pas la plus imposante pièce du répertoire de la nature?
Commenter  J’apprécie          110
Le menu, comme d'habitude en Belgique, était de nature imprécise. Au vrai, je n'ai jamais été à même, de découvrir quoique ce fût ressemblant à un repas chez ces braves gens. Ils ont toujours l'air de picorer et de jouer avec les mets tout le long du jour en amateur : ils essayent de singer les Français ; ils réussissent à faire comme les Allemands et, en quelque sorte, ils ont un genre intermédiaire.
Commenter  J’apprécie          122
Nous étions arrivés maintenant, en matière de temps, à un degré de soumission rarement atteint, sauf dans les Highlands en Écosse. Un pan de ciel bleu ou un rayon de soleil enchantaient nos cœurs et, quand la pluie cessait d'être diluvienne, nous considérions la journée comme presque belle.
Commenter  J’apprécie          140

Videos de Robert Louis Stevenson (78) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Louis Stevenson
Lors de l'émission de LA GRANDE LIBRAIRIE du 1er mai 2024, Gersende, libraire à l'Esperluète de Chartres, nous parle de son livre "hors norme" : SOUVIENS-TOI DES MONSTRES de Jean-Luc A. d'Asciano.
"Lire ce roman, c'est faire l'expérience d'un grand texte de littérature. D'Asciano nous emmène dans une Italie fantastique où l'on va suivre la vie de Raphaël et Gabriel. Ce sont deux frères siamois, monstrueux, avec un don magique, celui de tordre la réalité par leur chant. On y trouve du Queneau, du Rabelais, du Dante, du Stevenson, Pirates des Caraïbes. Et puis une touche de Monty Python. C'est un des textes qui m'a le plus marquée, le plus emportée et il est resté gravé au fond de mon coeur."
Merci Gersende !
Pour la petite histoire, ce roman est peut-être le seul à avoir été mentionné deux fois dans la Grande librairie, dans la partie "A livre ouvert", où des libraires parlent des textes qui les ont marqués. Il avait déjà eu cet honneur en 2018, lors de sa publication : Delphine, de la librairie AB de Lunel l'avait encensé !
Mais quoi de plus normal pour ce classique instantané, que lectrices et lecteurs se transmettent comme un secret gourmand ? Pour la petite histoire, le roman est sans doute le roman le plus lu du catalogue des forges de Vulcain car, superbement traduit en espagnol, il a connu le succès dans de nombreux pays.
Et vous, l'avez-vous lu ? Vous laisserez-vous tenter par ce texte "hors norme" ?
#littérature #roman #siamois #fantastique #unique
+ Lire la suite
autres livres classés : récit de voyageVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (100) Voir plus



Quiz Voir plus

L'ILE AU TRESOR

Au début de l'histoire, le vieux flibustier arrive a l'auberge avec

une brouette
un sac
un coffre
un cheval

10 questions
521 lecteurs ont répondu
Thème : L'Ile au trésor de Robert Louis StevensonCréer un quiz sur ce livre

{* *}