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Robert Pépin (Traducteur)Jean-Pierre Sicre (Préfacier, etc.)
EAN : 9782859409999
288 pages
Phébus (18/05/2004)
3.81/5   40 notes
Résumé :

Ce matin-là... un adolescent de dix-neuf ans, son violon sous le bras, quitte à pied son village, dans l'Ouest de l'Angleterre, et prend la route de l'Espagne : un pays dont il ne sait à peu près rien...

Nous sommes en 1935. Notre marcheur va, parcourir en un an, de Vigo jusqu'en Andalousie, plus de mille kilomètres au long des sentiers de transhumance et des chemins muletiers.

Il va découvrir, à la faveur de haltes dans des fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un jeune homme de tout juste 18 ans qui, en 1935, quitte sa campagne anglaise pour voir le monde mais, aussi surement, pour ne plus être à la charge de sa famille.

Il va découvrir un monde de pauvres gens qui font la route pour trouver du travail et après avoir voulu voir la mer, il va finalement arriver à Londres. C'est une vision de la capitale anglaise depuis les bas-fonds qu'il nous décrit, l'auteur ayant trouvé un travail de manoeuvre dans le bâtiment, un des métiers les plus dévalorisés.

Après un an de dur labeur, il décide de partir et va choisir un peu par hasard l'Espagne. Son violon l'aidera à gagner quelques pièces pour vivre au quotidien.

Son récit, à partir de ce moment, devient presque historique car l'Espagne qu'il va traverser, n'existe plus et c'est fort heureux car ce pays vivait, comme le dit l'auteur, presque comme au Moyen-Age.

Il va rencontrer une misère terrible, un peuple qui a faim, des gens qui vivaient souvent dans des conditions insalubres, pour beaucoup illettrés, sans travail et sans beaucoup d' espoir. Mais toujours, malgré cette misère, il trouvera des gens bienveillants pour partager le peu qu'ils ont, pour l'aider, le soigner et lui permettre de continuer son périple.

Il assistera au début de la Guerre Civile Espagnole qui redonnera de l'espoir dans l'avenir à ce peuple si malheureux et pour qui, rien ne pouvait être pire que les conditions dans lesquelles il vivait.

On ne peut, dans ce type de récit, éviter un certain nombre de répétitions mais il n'en reste pas moins alerte et donne envie de découvrir la suite qui se déroule pendant la Guerre d'Espagne.

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Un dimanche après-midi de juin, Laurie Lee, quitte le cottage familial en emportant son violon, une couverture et quelques vêtements. Direction la côte sud et ses villégiatures victoriennes.

Mais au fait, pourquoi quitter une famille de la classe moyenne et une mère aimante quand on a 19 ans ? L'auteur évite d'en parler et avance plutôt le goût de l'aventure et l'envie exacerbée d'échapper à un destin tracé d'avance...

Musicien de rue menacé d'indigence, il parvient finalement au bord de l'Atlantique, mais s'y ennuie assez vite. Cap sur Londres où il espère se reposer dans la maison d'une petite amie.

Pourtant, rien ne se passera comme prévu et il décide de dépenser ses derniers shillings pour un aller simple en bateau vers Vigo au nord-ouest de l'Espagne. Sur place, c'est le choc, avant tout sociologique.
Le jeune Anglais se retrouve confronté d'emblée à une misère et un sous-développement économique digne de la Grande-Bretagne d'avant la révolution industrielle. Bienvenue dans un pays qui n'a semble-t-il plus évolué depuis la fin du siècle d'or (1492-1681).

« Vigo me fit l'effet d'une véritable apparition. Elle semblait surgir de la mer telle une épave dévorée par la rouille, aussi vieille et blanchie que la roche qui l'entourait. Il n'y avait ni fumées ni mouvements d'aucune sorte autour de ses maisons. On eût dit que, rongé par les bernacles (coquillage), tout mourait et pourrissait dans l'attente d'un deuxième Déluge. Des gens y dormaient étendus par terre ou en travers des portes ainsi que des cadavres que le flot aurait poussés sur la plage. »

Et c'est là, outre une indéniable qualité d'écriture, l'apport majeur de cette errance autobiographique: l'écrivain britannique y livre un portrait crû, mais empreint de bienveillance d'un pays à peine sorti du Moyen-Âge.

Or, en dormant dans les mêmes « auberges » que les Espagnols les plus humbles, en partageant avec eux le feu et le couvert, il sera mieux placé que n'importe quel journaliste pour discerner les fêlures sociales à l'origine de la terrible guerre civile qui allait ensanglanter le pays entre 1936 et 1939:
« L'Espagne était un véritable gâchis de terres qu'on négligeait, beaucoup de ces dernières appartenant à une poignée d'individus dont les vastes domaines n'avaient été qu'à peine réduits ou redistribués depuis l'époque de l'Empire romain. Il arrivait souvent qu'un fermier travaillât ces terres pour un shilling par jour et qu'après avoir sué pendant quatre mois, il crevât de faim le reste de l'année. C'était cette incongruité, et cette incongruité seulement que l'on espérait corriger (avec la victoire électorale de la gauche en 1936). »

Et, contrairement à ce que pensait l'élite occidentale de l'époque, pour le peuple espagnol dans son écrasante majorité, l'instauration du communisme n'était pas à l'ordre du jour. Les concitoyens d'Antonio Machado voulaient « juste » « assainir l'atmosphère, retrouver peut-être quelque dignité, raser au passage des montagnes d'ignorance aussi hautes que les Pyrénées », et basta.

Et Laurie Lee de poursuivre avec lyrisme : « Il faut dire qu'à cette époque-là, un instituteur espagnol en savait moins sur le monde extérieur que nombre de bergers du temps de Christophe Colomb. On osait croire que cette intolérable nuit intellectuelle allait prendre fin et que lire, écrire et parler pourraient se faire avec quelque liberté. Les hommes espéraient que leurs fils auraient la possibilité de devenir artisans au lieu d'être traités en serfs, et leurs filles citoyennes et non plus putains du foyer, que le soir enfin on pourrait entendre les enfants s'en revenir de leurs écoles neuves et étonner tout le monde avec leur savoir tout frais. »

Un amour de la terre ibérique et une empathie si puissants qu'il allait s'engager comme volontaire dans les Brigades internationales une fois celles-ci constituées. Il en parle longuement dans « Instants de guerre (1937-1938) que je me réjouis de lire à l'occasion.

Au final un récit lumineux, car dépourvu du souci de paraître et de plaire. Je le recommande à tous ceux qui ont envie de découvrir une période méconnue de l'histoire des descendants de Velasquez et Goya.
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La quatrième de couverture était dithyrambique, la couverture était originale et jolie, je me suis laissée tenter par ce livre et cet auteur dont je ne connaissais rien. Dommage que la découverte n'est pas été à la hauteur de ma curiosité.
Ce livre retrace deux années de la vie d'un jeune garçon qui quitte sa famille pour d'abord travailler tant bien que mal à Londres puis ensuite pour arpenter les chemins d'Espagne, vivant de sa musique et de ses rencontres. En ces années 30 de profonde récession économique, une telle équipée était ou bien courageuse ou bien très naïve, et l'auteur, qui revient sur ses aventures trente ans plus tard n'hésite pas à nous faire penser que la seconde hypothèse est la bonne. Mais ce livre démontre que l'aventure était possible, dommage que je n'ai pas très bien vu ce qui avait poussé ce jeune homme sur les routes, ce qu'il cherchait, et surtout, ce qu'il y avait trouvé.
Ce livre finalement court pour les deux ans qu'il retrace est surtout une succession de tableaux, dans lequel la vocation poétique de l'auteur se fait sentir, car les descriptions manquent rarement d'être bien menées et manquent encore moins d'originalité. Mais ces descriptions ne prennent pas place dans un récit, dans un propos. Elle se succède au gré des aléas de la route, et doivent se suffire à elles-mêmes, ce qui m'a laissé sur ma faim.
Et pourtant, Laurie Lee a bien dû voir et apprendre plus qu'il ne le dit, car, évacué au début de la guerre d'Espagne, il retournera dans ce pays pour cette fois s'engager, bien loin de l'attitude contemplative du poète sans le sou qu'il prend pendant tout le récit. Et cette seconde aventure en Espagne ne semble pas avoir fait l'objet d'un autre livre, pas même dans ceux de l'auteur non traduits en français.
Dommage donc que cette lecture ne m'ait pas plus accrochée. Un livre plus destiné à ceux qui aiment les descriptions des villes chauffées à blanc de l'Espagne, ou à ceux qui ont tout autant les semelles que la tête ouvertes aux quatre vents.
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Un beau matin d'été/ As I walked out one midsummer morning 1969
Sur les chemins d'Espagne (1935-1936)
Laurie Lee
traduit de l'anglais par Robert Pépin, 1994
Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs, 262p


Récit autobiographique. Narrateur à la première personne. Un jeune garçon de 18 ans quitte son village du Gloucestershire, et s'en va sur les routes d'Angleterre avec son violon, pour en jouer et gagner ainsi quelque argent. Il se rendra dans la capitale et connaîtra la mer. Celui qui a choisi de vagabonder écrit aussi de la poésie et remporte quelques prix. Après une légère audace amoureuse, il travaillera sur un chantier et apprendra le monde et la solitude. Il a parfois le mal de sa famille, mais la vie indépendante lui plaît. le chantier terminé, il s'embarque pour Vigo, d'où il sillonnera l'Espagne. Pourquoi l'Espagne ? Parce qu'il connaît une petite phrase en espagnol.
En Espagne, il aura chaud, il aura soif et faim. Il verra toutes les couleurs et les lumières du pays, qui le changent du gris anglais. Ses jambes se fortifieront et deviendront expertes à la marche. Arrivé à Castillo en Andalousie l'hiver et s'y arrêtant un an , il connaîtra les débuts de la guerre civile.
Rapatrié, il se sentira coupable d'avoir abandonné ses camarades. Il retournera en Espagne.
Ce récit vaut pour sa fraîcheur, et pourtant c'est un quinquagénaire qui l'écrit. Il est abondamment émaillé de comparaisons, et toutes les scènes sont extrêmement vivantes. le jeune homme est observateur, et rien ne lui échappe. Il décrit un monde moyenâgeux, sans lumières pour l'esprit où la vie des pauvres, régie par la religion et les exploiteurs, est non seulement très rude, mais surtout désespérée. Quelques rares dandies à la ramasse traversent aussi ce monde. Cependant la révolte gronde, le Front Populaire est porteur d'espoirs vite éteints, la guerre civile suit. le récit est donc aussi un témoignage direct sur une époque révolue et rend hommage aux miséreux avec qui le narrateur a vécu et pour qui il éprouve plus que de l'affection .
Ce livre est le second d'une trilogie. L'auteur, né en 14 et mort en 97, est un poète, essayiste, nouvelliste.
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Une découverte, mais quelle magnifique découverte.
Il a la jeunesse de ses 18 ans et soif d'aventures. Voilà comment je pourrais résumer ce livre merveilleux.
Un livre écrit avec ironie, humour et sincérité.
Un livre qui parle d'une Espagne qui n'existe plus.
Un livre unique.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
On osait croire que cette intolérable nuit du savoir allait prendre fin et que lire, écrire et parler pourraient se faire avec quelques liberté.

Les hommes espéraient que leurs fils auraient la possibilité de devenir artisans au lieu d'être traités en serfs, et leurs filles citoyennes et non plus putains du foyer, que le soir enfin on pourrait entendre les enfants s'en revenir de leurs écoles neuves et étonner tout le monde de leur savoir.
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L'Afrique, l'Espagne, la vaste courbure de la baie tout brillait sous une forte couleur de bronze. Tout, sauf ce rocher qui faisait figure d'intrus.

C'en était à croire qu'on l'avait remorqué de Porsmouth et débarqué là, à quelques encablures de la côte, avec son petit toit de mauvais temps encore sur la tête.
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Il n’y avait vraiment aucune raison de se presser. Je n’allais nulle part… N’avais d’autre but que l’endroit même où je me trouvais, là, tout près de la chaleur épicée de cette terre étrangère que j’avais à quelques centimètres du visage. Jamais encore je ne m’étais senti aussi repu de temps, aussi libéré du besoin de faire ou de bouger. (p. 127, Chapitre 6, “De Ségovie à Madrid”).
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Le village était maintenant, plus nettement que jamais, scindé en deux factions qui, s’étant déclarées, pour plus de commodité sans doute, l’une «fasciste» et l’autre «communiste», s’opposaient enfin de manière radicale. Les « fascistes » semblaient prêts à se faire appeler ainsi : à parler franc, le fascisme était d’ailleurs très exactement ce à quoi ils aspiraient. Fer de lance de la vengeance huppée, la Phalange s’était déjà organisée en groupes de combats. Leurs sigles sans ambiguïté, d’inspiration nettement italienne, commençaient à faire leur apparition sur les murs et les portes.
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J'y avais accepté que, bien gras et bien riche, le gros bonnet contemplât tout d'un œil vitreux alors qu'au marché, des hommes se battaient pour quelques déchets, que d'aimables vierges de la haute vinssent à l'église en carrosse alors que des mendiantes accouchaient dans les coins de portes [...]. J'avais cru que les uns et les autres faisaient tout simplement partie du tableau et ne m'étais jamais posé la question de savoir si c'était juste ou injuste. [...] J'eus pour la première fois conscience que le grabuge n'allait pas tarder.
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