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EAN : 9782868696625
600 pages
Actes Sud (28/12/1993)
4.1/5   48 notes
Résumé :
Dans ce livre où l'invention du récit, les retours de la mémoire et l'intrusion des événements font comme un tourbillon, les aventures et mésaventures de Jed Tewksbury sont toutes dominées par l'arrachement au Sud, la traversée de la guerre et la furieuse mais impossible liaison avec Rozelle. C'est qu'avec Un endroit où aller (1977), composé quand il avait déjà plus de soixante-dix ans, Robert Penn Warren, inoubliable auteur des Fous du roi (1946), n'a pas seulement... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
UN ENDROIT OÙ ALLER de ROBERT PENN WARREN
Dugton, Alabama, Jed Tewksbury a neuf ans, son père Bucky vient de mourir, il pissait debout à l'avant de son chariot, il est tombé sur la tête, raide mort, la queue à la main. Jed se souvient de l'enterrement , sa mère sans pleurs, le déménagement, le sabre du grand père qu'elle balance dans la rivière, la stupéfaction de Jed et sa mère lui expliquant qu'à son avis le grand père s'était plutôt servi d'une bouteille que d'un sabre quand il se battait avec les confédérés. A l'école Jed accroche rapidement, emprunte le bouquin de latin d'un grand et étudie. Encouragé par une prof il va lire César, Catulle, Horace, Ciceron et Tacite. Et déjà la beauté, l'étoile de l'école, Rozelle, est omniprésente et promise à un bel avenir, il était sûrement amoureux d'elle mais n'avait pas mis de nom sur son sentiment. La première fois qu'ils se parlèrent il avait 28 ans et c'est elle qui l'invita au bal de fin d'année. La mère de Jed, elle, n'a qu'une ambition, qu'il quitte le Sud, le plus loin possible, elle le formulait très simplement, »si tu restes, j'te tue »!! Dès lors, Jed étudiera le latin et le grec, s'installera à Chicago, suivra les cours du professeur Stahlmann, juif allemand, miné par la mort de sa femme, ils avaient cru au socialisme, puis avaient compris et migré. Jed va s'engager dans l'infanterie, fera des publications appréciées qui lui vaudront une belle notoriété mais il est suivi de loin ou de près par la belle Rozelle qui au fil des années ne l'a pas oublié.
Un roman magnifique qui nous entraîne au coeur des grandes questions, l'amour, qu'est ce qu'aimer, comment le sait on? Comment savoir si l'on a trouvé sa place dans le monde, y en a t il seulement une ? Et bien sûr pour un écrivain comme Warren ( à l'instar de Faulkner) le Sud, que l'on veut quitter pour fuir ce qu'il a fait et représenté mais qui attire comme un aimant ceux qui y sont nés.
Lisez le c'est une merveille.
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Publié en 1977, Un endroit où aller est le dernier des romans de Robert Penn Warren, dernier-né (en 1905) d'une génération de géants d'auteurs américains originaires du Sud. Penn Warren y décrit l'itinéraire – la vie, finalement – de Jediah Tewksbury, originaire de Dugton, Alabama. L'évènement fondateur de cette vie est la mort du père, rapportée comme suit : ivre sur sa charrette, il tente d'uriner sur ses mules et bascule, chute et se tue de façon ridicule. Toutefois, ceux qui rapportent cette histoire ajoutent que le père Tewksbury n'urinait pas, mais se masturbait tout simplement, ce qui n'enlève rien au comique tragique de la situation.

Dégoûté par les moqueries de ses camarades à propos de cet événement, poussé par sa mère hors de ce Sud qui ne fabrique rien de bon, Jed vit une dernière soirée dans le Sud où, invité au bal par Rozelle Hardcastle, véritable princesse du lieu, il tourne le dos à cette dernière au moment de la première danse. Il ne se rendra compte que bien plus tard qu'il fut, cette soirée, utilisé par ladite Rozelle.

Homme de science, Jediah échoue à Chicago où il suit les cours d'un professeur de littérature médiévale d'origine allemande dont il partage la vie. La guerre survient et Jed s'engage. Il sert en Italie où il lutte contre les nazis. L'expérience est violente, traumatisante : Jed abat à bout portant un officier nazi qui se drape de son orgueil. de retour aux Etats-Unis, Jed devient professeur d'université. Respecté dans sa vie professionnelle, c'est toutefois dans sa vie personnelle – et amoureuse notamment – que se joue sa vie.

La langue dont use Penn Warren se veut à la fois simple et savante. Simple quand elle se fait le reflet de ce vieux Sud, notamment à travers les lettres de la mère de Jed. Savante quand Jed se fait l'écho de références culturelles majeures, notamment européennes, issues de la peinture et de la littérature. Dante, notamment, occupe une place majeure dans le roman, puisqu'il est le thème d'étude de Jed dans sa thèse (Dante et la métaphysique de la mort : tel est le titre de la thèse, écrite dans un état d'excitation morbide alors que sa première épouse, Agnès Andresen, se meurt).

Le récit de Penn Warren est en fait une imbrication de plusieurs récits. Ceux-ci sont parfois violents, non dénués d'humour, et l'ensemble forme un puzzle qui ne forme qu'image unie à la fin du récit. En cela, le roman de Penn Warren est un roman de la mémoire, fait des souvenirs du narrateur, et dont l'assemblage est une tentative pour trouver un sens à la vie.
Un endroit où aller, c'est donc l'histoire d'un homme qui fuit le Sud et erre, sa vie durant, à la recherche d'un endroit où aller. le roman interroge aussi le rapport fondamental de l'homme à la terre, sa terre natale, qui n'est pas forcément la terre où il peut s'épanouir.
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Robert Penn Warren est l'auteur des "Fous du roi", deux fois lauréat du prix Pullitzer, il a été un 'grand' de la littérature de la littérature américaine,au même titre qu'Hémingway,Faulkner,Steinbeck et pourtant, sans que l'on comprenne vraiment les raisons du pourquoi, son nom en France n'a pas eu le succés escompté.
Son livre"Un endroit où aller" est largement autobiographique. Il relate une histoire d'amour passionnelle et passionnée qui aurait pu durer éternellement si elle n'avait pas été construite sur une suite de rendez vous manqués.
A qui la faute?
A Jed, le héros et narrateur,issu d'un milieu modeste, né dans le sud à Dugton en Alabama, dont le père ivrogne et coureur notoire est tombé de charette 'sans lacher sa queue'; dont la mère hargneuse l'a poussé aux études pour le maintenir dans le droit chemin et le sortir de "c'te saloperie d' trou" ?
A Rozelle, d'un milieu social pas tout à fait identique, qui a voulu à tout prix sortir du 'dit trou' et s'élever socialement?
La rencontre a pourtant été fulgurante. Un amour d'adolescence est toujours unique. Jed plane, subjugué, car Rozelle le fait planer:"la herse de ses cils, déjà incroyables, abritait du monde les yeux baissés dont je ne savais pas encore qu'ils avaient un incroyable éclat d'améthyste, une couleur qui allait de l'eau en plein soleil à ce bleu-gris en demi teinte qui apparait quand les nuages d'été s'amassent au dessus de la falaise, mais que la pluie n'a pas encore commencé". Elle est folle de lui.
Mais, il y a la mère, la veuve du 'salaud' qui casse le nez de Jed (surnommé par la suite 'Vieux nez cassé') pour qu'il parte faire de hautes études, professeur d'université, c'est pas rien ça ! Et puis, il ne va tout de même pas fréquenter une "miss Fanfreluches".
Alors il part, froidement.
Et, elle, Rozelle, part de son côté, froidement aussi, pour monter des échelons cliquetant d'argent. Chacun se marie et se croise parfois ou se retrouve avec la même quête passionnée, jusqu'à la fin, celle du non retour, celle de la petite goutte d'eau, celle de l'enfant de salaud (pardon Monsieur Penn Warren, du haut de votre ciel, je me laisse emporter par mes mots) car c'est bien lui ce salaud dans l'histoire celui du tout début, cet ivrogne sur sa charette, mort sa 'queue à la main' (là c'est de vous, un peu de cru mais jamais de vulgaire, votre écriture est toute en finesse, j'ai adoré) cet enfoiré qui a tout fait foirer !
Bon, voilà amis 'babéliothécaires' vous comprendrez, vu mes implications successives que "Un endroit où aller" est un endroit fantastique, où l'on a envie de se poser un moment. Un long moment même ( 600 pages!!!) , mais un moment superbe et en plus à tout petit prix 11 euros 50, c'est dérisoire. Et en plus je fais la pub pour Actes Sud!
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Mon 4eme roman de cet auteur que j'affectionne tout particulièrement.

il s'agit du dernier roman écrit par Robert Penn Warren, et considéré comme une sorte de testament philosophique de la quête du gnôthi seauton (cfr Las Vergnias).

il se rapproche par certains aspects du Stoner de John Williams, mais avec un côté bagatelle et tragédie grecque supplémentaire.

Un magnifique roman à nouveau, et qui se lit d'une traite… ou presque vu les 600 pages!
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J'ai découvert Robert Penn Warren à la faveur d'une mention sur un réseau social qui avait "retenu mon attention" selon la formule consacrée. Et "Un endroit où aller" a ainsi rejoint ma Pile A Lire.
Contemporain de Dos Passos, Steinbeck, Hemingway, Faulkner, Cadwell, Pen Warren ne semble pas jouir de la même aura.
Et c'est tout à fait regrettable tant il sait vous emporter dans son monde, celui d'une Amérique de la première moitié du 20ème siècle. le Sud, la pauvreté, la richesse, l'éducation marquent la vie du jeune Jed de l'enfance à la maturité.
Ecriture fluide, personnalités complexes et riches des personnages, subtilité des sentiments.
Penn Warren raconte l'histoire de Jed, l'histoirecompliquée de l'amour, l'histoire d'un pays, l'histoire des conditions sociales.
Un livre qui effectivement peut rivaliser avec les grands classiques plus connus des contemporains de l'auteur.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Je me retrouvai dehors, dans le hall, puis de l'autre côté des grandes portes, sur le trottoir, au milieu du campus, sans savoir comment. Le soleil d'automne jouait de ses rayons dorés sur toutes les magnificences qui m'entouraient. Ici et là, autour de moi et plus loin, s'agitaient des silhouettes humaines. Chacun avait un endroit où aller.
Je m'immobilisai. Je n'avais aucun endroit où aller. Aucun endroit au monde.
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Elle marchait, la tête légèrement penchée, comme une bonne petite pensionnaire de couvent - dirais-je maintenant -, et la herse des cils déjà incroyables abritait du monde les yeux baissés dont je ne savais pas encore qu'ils avaient un incroyable éclat d'améthyste, une couleur qui allait du brillant de l'eau en plein soleil à ce bleu-gris en demi-teinte qui apparaît quand les nuages d'été s'amassent au-dessus de la falaise mais que la pluie n'a pas encore commencé.
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Seize ans plus tard, Rozelle avait toujours le talent des longs silences, assise pensivement ou inclinant la tête pour saisir les paroles d'une seule personne, invitant semblait-il par son silence et son attitude la voix qui parlait au sérieux, voire au secret. Elle avait encore le talent de baisser les paupières, comme pour mettre en valeur le modelé de la profonde arcade sourcilière et la beauté spectaculaire des cils. Mais les yeux - quand elle relevait les paupières pour en révéler tout l'éclat - étaient toujours aussi surprenants, comme la joie ou comme un coup. (pages 62-63)
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J'étais le seul parmi tous les élèves, garçons et filles, de l'école secondaire de la ville de Dugton, comté de Claxford, Alabama, dont le père ait jamais trouvé la mort parce que, debout à l'avant de son chariot au milieu de la nuit, il avait voulu pisser sur l'arrière-train d'une de deux mules de l'attelage ; ivre, il était tombé sur la tête, sans lâcher sa queue, pour atterrir sur la chaussée dans un tel état et une telle position que les roues gauches avant et arrière du chariot étaient passées très précisément sur son cou inerte, son état comateux étant sans doute la raison initial du plongeon fatal. Et pendant tout ce temps, pas une seconde, il n'avait lâché sa queue.
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Quelque chose se passe qui refuse de s'arrêter. De l'extérieur vous êtes témoin que quelque chose se passe, mais en même temps, de l'intérieur, vous participez. Le passage des choses, en fait, c'est vous, c'est votre vie. Si vous n'avez pas compris que les choses sont différentes sans cesser d'être les mêmes, vous ne connaissez rien à la nature de la vie. Voilà ce que je proclame.
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Videos de Robert Penn Warren (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Penn Warren
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