Robert Penn Warren est l'auteur des "Fous du roi", deux fois lauréat du prix Pullitzer, il a été un 'grand' de la littérature de la littérature américaine,au même titre qu'
Hémingway,
Faulkner,Steinbeck et pourtant, sans que l'on comprenne vraiment les raisons du pourquoi, son nom en France n'a pas eu le succés escompté.
Son livre"
Un endroit où aller" est largement autobiographique. Il relate une histoire d'amour passionnelle et passionnée qui aurait pu durer éternellement si elle n'avait pas été construite sur une suite de rendez vous manqués.
A qui la faute?
A Jed, le héros et narrateur,issu d'un milieu modeste, né dans le sud à Dugton en Alabama, dont le père ivrogne et coureur notoire est tombé de charette 'sans lacher sa queue'; dont la mère hargneuse l'a poussé aux études pour le maintenir dans le droit chemin et le sortir de "c'te saloperie d' trou" ?
A Rozelle, d'un milieu social pas tout à fait identique, qui a voulu à tout prix sortir du 'dit trou' et s'élever socialement?
La rencontre a pourtant été fulgurante. Un amour d'adolescence est toujours unique. Jed plane, subjugué, car Rozelle le fait planer:"la herse de ses cils, déjà incroyables, abritait du monde les yeux baissés dont je ne savais pas encore qu'ils avaient un incroyable éclat d'améthyste, une couleur qui allait de l'eau en plein soleil à ce bleu-gris en demi teinte qui apparait quand les nuages d'été s'amassent au dessus de la falaise, mais que la pluie n'a pas encore commencé". Elle est folle de lui.
Mais, il y a la mère, la veuve du 'salaud' qui casse le nez de Jed (surnommé par la suite 'Vieux nez cassé') pour qu'il parte faire de hautes études, professeur d'université, c'est pas rien ça ! Et puis, il ne va tout de même pas fréquenter une "miss Fanfreluches".
Alors il part, froidement.
Et, elle, Rozelle, part de son côté, froidement aussi, pour monter des échelons cliquetant d'argent. Chacun se marie et se croise parfois ou se retrouve avec la même quête passionnée, jusqu'à la fin, celle du non retour, celle de la petite goutte d'eau, celle de l'enfant de salaud (pardon Monsieur Penn Warren, du haut de votre ciel, je me laisse emporter par mes mots) car c'est bien lui ce salaud dans l'histoire celui du tout début, cet ivrogne sur sa charette, mort sa 'queue à la main' (là c'est de vous, un peu de cru mais jamais de vulgaire, votre écriture est toute en finesse, j'ai adoré) cet enfoiré qui a tout fait foirer !
Bon, voilà amis 'babéliothécaires' vous comprendrez, vu mes implications successives que "
Un endroit où aller" est un endroit fantastique, où l'on a envie de se poser un moment. Un long moment même ( 600 pages!!!) , mais un moment superbe et en plus à tout petit prix 11 euros 50, c'est dérisoire. Et en plus je fais la pub pour
Actes Sud!