Le galurin gris du titre n'est pas celui d'
Olivier Rolin, mais celui de
Blaise Cendrars, hommage donc de l'auteur à celui de
Bourlinguer. Des références, il y en a d'autres et de nombreuses dans ce recueil, dont certaines que je ne connais pas. Mais peu importe cela participe au style d'O. R. et cela enrichit ma petite culture. Dans son introduction Rolin nous explique pourquoi il ne voudrait pas être catalogué parmi les « écrivains-voyageurs » ; et dans le dernier texte (p.254) il souligne que
Joseph Conrad n'est pas un « écrivain maritime » (les guillemets sont, ici, de moi), je suis d'accord avec ça, ces trois-là (dont
Cendrars) ont affaire essentiellement avec l'universelle humanité et avec les mots, le verbe.
Sous-titré « Petites géographies », ce recueil reprend des textes (26) publiés dans différentes revues ou dans des ouvrages collectifs. Des instantanés, surtout de villes : Valparaiso, Trieste, Tallinn ou Kaboul, des esquisses de régions aussi : La mer Rouge, la Patagonie, les Acores ... Une petite géographie au sens où Élysée Reclus l'entendait ; physique mais aussi (surtout ?) humaine, historique, politique - La géopolitique en filigrane -.
Dans le texte intitulé « Une étoile d'images » publié en 1989, on perçoit l'idée et la genèse d'un roman à venir ; «
L'Invention du Monde »***** édité en 1993. Lorsqu'on a déjà lu et apprécié
Olivier Rolin, on ne sera pas déçu par ce livre. On y retrouve son style un peu désenchanté (qui, moi, m'enchante), l'intérêt pour les ruines (antiques ou modernes), pour l'incertitude et le temporel.
Dans Retour à
Port-Soudan, il relit ses notes de voyages, vieilles de quelques années ; il ne reconnait pas toujours son écriture, ses propres pensées d'alors ; son oeuvre toute entière est aussi un travail de et sur la mémoire ; Que reste-t-il après ? Que restera-t-il ensuite ... ?
Il y a aussi dans ces écrits une puissance poétique qui me touche. Dans un texte relatant une randonnée dans la Margeride (activité assez inhabituelle chez O. R.), cette poésie prend toute sa dimension, le lecteur ou la lectrice sensible à cette forme sera charmé.e par ses métaphores fluides et lumineuses.
Bref, j'apprécie beaucoup cet auteur, que je trouve trop sous-estimé. Allez, salut.