Douce
Marie Rouanet ! Que de pudeur et de délicatesse pour dire la douleur du veuvage, à travers les petites choses toutes simples de la vie, ces petites choses qui nous permettent de continuer à vivre après la disparition de l'être aimé, lorsqu'enfants et petits-enfants sont loin et vivent leur vie. Qu'il s'agisse du rythme des saisons avec leurs travaux particuliers, de l'amitié entre femmes, du rythme des jours et des nuits, de la solitude, des souvenirs et de cette volonté de ne pas se laisser aller quoiqu'il advienne, qu'il s'agisse du regard posé sur les autres habitants du village, ceux qui viennent, ceux qui s'en vont, c'est toujours de la simplicité et de la beauté des choses dont il est question, comme une croûte qui se forme sur la blessure de l'absence et du manque.
Marie Rouanet écrit comme on dessine :par petites touches, en faisant apparaître peu à peu la vision d'ensemble à force de détails à la fois minutieusement et sobrement écrits. Elle sait aller au plus vrai en peu de mots, et en cela me fait souvent penser à
Christian Bobin. Que de savoir-faire dans cette volonté toute simple de vivre qui défie les destructions du temps, cette volonté tranquille de tenir envers et contre tout, quand bien même le coeur n'y est pas toujours.
Marie Rouanet, c'est la douceur subversive. Merci à elle pour cette belle leçon de vie qui m'a à la fois touchée et éblouie.