Partition rouge est une anthologie des chants indiens d'Amérique du Nord. Des récits des origines aux paroles chamaniques, des aventures de Coyote aux poèmes sur la nature, le livre explore la parole indienne des différentes nations. Collationnés au XIX° alors que ces peuples et leur conscience sont étouffés par les USA triomphants, les poèmes représentés nous font connaitre une conscience aigue du monde qui sait mêler les registres comiques et lyriques. La magie occupe bien sûr une bonne place : la parole crée le monde et les liens avec les esprits, parole qui n'est pas seulement humaine mais aussi animale.
Un recueil où le verbe est miroir et instrument de l'univers.
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Poèmes du nom ou du rêve,
paroles d'Émergence ou de métamorphoses,
chants de création ou de guérison
histoires de Coyote et médecines de chamans :
cette anthologie poétique est une promenade sacrée à travers les paysages spirituels, tout vibrants de paroles vivantes, des peuples indiens d'avant l'Amérique du Nord et de toujours...
Dans notre paquetage, on ne veut pas :
- d'épingles à papillons pour Occidentaux collectionneurs, d'esprit plaqué sur un papier de paroles mortes
- de l'arrogance odieuse de ceux qui prennent et ont trop pris
Allant avec humilité, nous recueillons sans arracher :
Des litanies à lire,
le souffle non coupé mais ample en poitrine.
Des paroles à dire à haute voix, à tous vents.
Des pages à confier aux flammes,
pour en danser les chants,
en planter du talon l'esprit dans la terre, et le sentir pousser à travers soi –
sentir vibrer le chant, et vivre le monde à travers lui.
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La poésie est chant, est danse, est son, est tambour, est rythme, est message, est tableau.
Dans cette anthologie de poèmes et chants des indiens d'Amérique du Nord, nous est raconté l'épopée d'un peuple. Sa naissance dans le quatrième monde. Un monde blanc et noir, sans soleil, ni lune, ni étoiles. Les tribus furent nommées. Les différents chants montrent les relations avec la nature, les animaux. Ils rapportent l'arrivée des colons blancs, l'effondrement de la richesse de la culture des indiens, les maladies et la mort. Et la renaissance.
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Silencieuse – Jusqu’au-Dégel
Son nom raconte comment
cela se passait avec elle.
La vérité est qu’elle ne parlait pas
en hiver.
Chacun avait appris à ne pas
lui poser de questions en hiver
une fois connu ce qu’il en était.
Le premier hiver où cela arriva
nous avons regardé dans sa bouche pour voir
si quelque chose y était gelé. Sa langue
peut-être, ou quelque chose d’autre au-dedans.
Mais après le dégel elle se remit à parler
et nous dit que c’était merveilleux ainsi pour elle.
Aussi, à chaque printemps
nous attendions, impatiemment.
(Poèmes noms)
Quand ils étaient seuls sur la terre, ils se nommaient eux-mêmes.
(Cheyennes) Les Hommes
(Pawnees) Les Plus Hommes des Hommes
(Lenapes) Les Hommes Vrais
(Apaches) Le Peuple
(Hopis) Le Peuple Pacifique
(Arapahos) Notre Peuple
(Mandans) Le Peuple sur la Rive
(Winnebagos) Le Peuple de l'Eau Boueuse
(Cherokees) Le Peuple des Cavernes
(Sauks) Le Peuple de la Terre Jaune
(Foxes Le Peuple de la Terre Rouge
(Tetons) Ceux-qui-habitent-la-Prairie
(Hunkpapas) Ceux-qui-campent-à-l'entrée
(Kiowas) Ceux-qui-sortent
(Iowas) Ceux-qui-dorment
(Omahas) Ceux-qui-vont-contre-le-vent
Quand ils ne furent plus seuls, les Blancs, les marchands, les trappeurs, les voyageurs, les jésuites les nommèrent.
Parfois ils les nommèrent d'un trait jugé distinctif. (...)
Parfois ils les nommèrent en déformant le nom que leur donnaient leurs ennemis. (...)
Qu'ont pensé les élégants guerriers Crows (corbeaux) de leur surnom : "Les Beaux Brummels de la Prairie" ?
Il y avait une vieille femme que j'avais créée en vœu.
Elle était l'épouse
d'un vieil étang.
Vous pouviez la voir nager dans son mari
si vous étiez caché dans les buissons.
Elle lui parlait avec sa façon de nager
gentiment.
Une fois dans leur vie il n'y eut pas de pluie
et le soleil commença de réduire l'étang.
Bientôt le soleil prit l'étang tout entier!
Pendant beaucoup de nuit la vieille femme dormit
près du trou où son mari avait vécu.
Puis, une nuit, un orage arriva
mais au matin il n'y avait toujours pas d'eau
dans la vieille demeure de son mari.
Alors elle décida de partir à sa recherche
et elle suivit sur le sol les flaques
qui marquaient les pas de l'orage.
Elle les suivit pendant beaucoup de kilomètres.
Finalement elle tomba sur son mari
assis dans un trou. Mais il s'était trompé de trou!
Alors la vieille femme ramena son mari à la maison
petit à petit, dans ses mains.
Vous auriez pu le voir rentrer à la maison
si vous étiez caché derrière les buissons.
Poèmes de l'os magique.
Un petit lynx
perdit sa famille.
Il s'en alla tout seul
et commença a apprendre les choses.
Il se mit en route.
Un printemps il vit
arriver des oiseaux
qui venaient du sud.
Il en goûta quelques-uns.
Il en apprit le goût.
Un été il faillit
se noyer, mais il vit son visage
un long moment
dans ce lac.
Il apprit alors son visage.
Un automne il fut aussi grand
que ses parents
et cela le fit penser
à eux.
C'est ainsi qu'il apprit
le souvenir.
Un jour, dans le froid de l'hiver
il trouva un oiseau gelé
qui ne bougeait pas.
C'est ainsi qu'il apprit les larmes
qui de son visage tombaient
sur cet oiseau.
Il resta penché sur lui un long moment.
Je sais son histoire.
ce qu'il apprit.
Je le sais.
Je vous le dis.
Toutes ces choses !
Je pleure quand je les dis.
Je suis Petit-Lynx.
Qui ? Coyote ?
Oh, oh oui, la dernière fois
quand était-ce... je l'ai vu c'était quelque part
entre Muskogee et Tulsa
se dirigeant vers Tulsa, je pense, avançant tout
simplement.
Il marchait vers un fourré de jeunes chênes
juste de l'autre côté de la colline il y avait un ruisseau.
Il mettra bien deux jours à arriver à Tulsa
il boira un peu de vin
il fera giligili aux bébés Pawnee
il dormira au bord de la rivière Arkansas
l'écoutera un petit moment.
J'espère qu'il ne pleuvra pas
que la rivière ne va pas déborder.
Il reviendra, ne t'en fais pas.
https://www.laprocure.com/product/933081/jodelle-etienne-comme-un-qui-s-est-perdu-dans-la-foret-profonde-sonnets
Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde : sonnets
Étienne Jodelle
Édition d'Agnès Rees
Préface de Florence Delay
Éditeur Gallimard
Collection Poésie, n° 574
« Étienne Jodelle, ce nom ne vous dit sans doute pas grand-chose et pourtant il s'agit d'un des sept membres de la Pléiade, ce groupe de poètes constitué autour de Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay. Un des derniers numéros de la collection Poésie chez Gallimard nous donne à le découvrir avec ce très beau recueil de sonnets avec ce titre superbe : Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde. Ce sont des sonnets, surtout des sonnets d'amour, mais aussi des sonnets politiques, des sonnets religieux... »
Guillaume, libraire à La Procure de Paris
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