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Voilà un livre qui exalte l'amour des livres !

En effet, tout un monde prenant et passionné m'est apparu: celui de l'édition, des bouquinistes, des libraires, à travers le personnage principal, en partie autobiographique, semble-t-il, ce " Julien Noir", pseudonyme littéraire d'un être " mangé" par les livres, un être sensible et retenu, qui a du mal à se dévoiler. " Va où il y a des livres", lui avait conseillé un clochard...Julien a donc obtenu un emploi dans une librairie.Il y fera son apprentissage: de la vie, de l'amour, de la lecture.On croisera dans ce Paris littéraire des écrivains comme Aragon ou Bachelard...

L'évolution de Julien, héros stendhalien moderne, vers un amour unique et pur, celui voué à la belle Eléonore, américaine brillante et racée, plus âgée que lui, se fait très lentement mais laissera à jamais- de même que la rupture brutale de cette passion- des traces en lui.

Un roman attachant, fin, sensible." Viens creuser le lit de la merveille", a dit à Julien , un émigré de l'Est lui montrant sa bibliothèque. On aimerait aussi l'accompagner dans sa découverte...émerveillée.
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lent démarrage mais feu d'artifice ensuite garanti ! émouvant ce jeune homme désemparé qui va redécouvrir l'amour dans un cocon de lectures, de livres, d'auteurs, le lit de la merveille, ; il suivra le conseil pour toute une vie : "vas où il y a des livres" ... une belle découverte de Robert Sabatier avec qui j'ai travaillé en ... 1965 ...
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Un roman sur la vie et le monde du livre. Ses rêves, ses désillusions et ses chimères. Emotions et initiations d'un monde à l'autre … le lecteur va où il y a des livres, guidé par l'auteur, à) la rencontre du lit de la Merveille…
A découvrir dans ses parcours et dédales de recherche de cet absolu que tous, un jour, nous nous sommes attaché à retrouver.
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Ce titre étrange, « Le lit de la Merveille », est inspiré d'un chapitre de « Perceval ou le conte de Graal » de Chrétien de Troyes. le conte du Graal n'est pas un simple roman de chevalerie, mais un manuel d'initiation. le « Lit de la Merveille » est une épreuve réussie par Gauvain dans sa quête du Graal. Robert Sabatier reprend ce thème dans un roman en partie autobiographique ou l'amour des livres rivalise avec une histoire d'amour digne des romans de chevalerie.

  Un soir au théâtre Julien revoit une femme qu'il n'a pas revue depuis près de 20 ans, son émotion est aussi forte que le jour où il l'a rencontré pour la première fois. Flash-back, Julien nous raconte son histoire. Tout commence dans le Paris de l'après-guerre, Julien a 20 ans, ses parents sont décédés, il est sans argent et pratique divers petits boulots. Au cours d'une de ses déambulations, il rencontre un clochard qui lui demande ce qu'il aime dans la vie, Julien répond : « Les livres »

— « Va où il y a des livres » lui conseille l'inconnu.

  Julien n'aura aucun mal à suivre ce conseil, car ses pas le conduiront naturellement dans cette direction. Il trouve un travail dans une librairie puis est promu à un poste de direction dans une grande maison d'édition. Cette toile de fond posée les personnages de l'histoire vont surgir : Eleanore, une jeune Américaine veuve, richissime et passionnée de littérature et de musique, son fils Roland, brillant, mais désinvolte étudiant en droit, sa fille Olivia, artiste peintre, repliée sur elle-même et celui qu'on appelle « Oncle » un érudit spécialiste de la littérature du moyen âge aux mérites méconnus et qui postule depuis des années pour un poste de professeur à la Sorbonne. Tous, y compris Julien lui-même, invité par Roland, sont hébergés par Éléanore qui réserve à chacun un petit appartement dans sa résidence parisienne. Entre ses personnages vont se nouer des relations complexes et mouvantes fondées sur l'amitié, l'amour ou l'admiration. de nombreux modèles de vie s'offrent à Julien qui cherche son chemin dans le microcosme des intellectuels parisiens.

Julien Noir (nom d'emprunt choisi après avoir lu le rouge et le noir) est un héros stendhalien, Eléanore fait penser aussi bien à Eléanore d'Aquitaine qu'à madame de Reynal dans « Le rouge et le noir ». Les références littéraires sont nombreuses et au travers des activités de Julien on en apprend beaucoup sur l'organisation et le travail des professionnels du livre : commis de librairie, éditeur, bouquiniste. Par ses activités et grâce aussi aux relations d'Eléanore Julien côtoie des auteurs et artistes de renom : Aragon, Bachelard, Jouhandeau, Asturias ou Darius Milhaud. Ce mélange entre fiction et personnages réels est l'occasion pour l'auteur d'exprimer des avis sur la littérature ou les arts. Julien poursuit son parcours initiatique dans ce Paris des années cinquante à une époque où les jeunes gens portaient des cravates, fumaient la pipe et déjeunaient d'un sandwich au beurre dans les cafés du Quartier latin en attendant de descendre les marches du temple du jazz ; le caveau de la Huchette. Julien appartient à cette génération, mais son fil conducteur c'est le livre et son goût pour l'étude, « Lire était devenu pour moi une activité physique comme boire, manger, dormir, marcher » (page 236). Les lectures de Julien sont très classiques : Ovide, Horace, Tacite, Virgile et Tiburce. Cette passion le conduira à abandonner une carrière prometteuse dans le monde de l'édition pour s'associer avec un ami bouquiniste. Il va se lier d'amitié avec l'attendrissant Mihoslav « l'oncle » qui publie à compte d'auteur un livre sur les origines et la tradition des fabliaux du moyen âge. À sa demande Julien va écumer tous les bouquinistes de Paris à la recherche de livres rares et utiles pour le projet d'étude du professeur.

  Sur le plan sentimental, il n'est pas insensible au charme d'Olivia et cède à ses avances. Il a aussi une courte liaison avec la marchande de cigarettes, une amie de Roland, mais cette relation reste superficielle, il ne parvient pas à s'attacher. Ses sentiments sont confus jusqu'à ce qu'il comprenne peu à peu les raisons de son trouble. L'élégance et le charme d'Éléanore le subjuguent c'est avec elle qu'il envisage son avenir. Une relation qui ne va pas se dérouler sans péripéties.

  Ce roman est plutôt réussi et il séduira tous ceux qui comme moi se plongent toujours avec plaisir dans les histoires qui ont pour toile de fond le monde des livres et du savoir. J'ai apprécié les digressions sur la littérature médiévale et sur la bibliophilie ainsi que le souci de l'auteur de donner à ces principaux personnages des tempéraments qui les rendent uniques et attachants. J'ai aimé l'intérêt sincère de l'auteur pour les grandes entreprises éditoriales du XIXe siècle comme celle de la rédaction du grand dictionnaire universel de Pierre Larousse.

  Merci à Marc, dénicheur de trésors dans les cabines à livres, d'avoir pensé, à juste raison, que ce livre m'intéresserait.

Robert Sabatier né le 17 août (1923-2012) s'est fait connaître avec son roman « Les allumettes suédoises » publié en 1969, il est aussi l'auteur d'une trentaine de romans et d'une histoire de la poésie française en 6 volumes chez Albin Michel (la poésie était sa véritable passion). Il a été élu à l'académie Goncourt en 1971. Son oeuvre est empreinte d'une certaine nostalgie de sa jeunesse. Albert Camus qui le soutint dès ses débuts dira de lui : « Il y a chez Robert Sabatier une belle enfance jusque dans les adultes. »

  Son talent de conteur lui a permis de conquérir un large public. Une bibliothèque parisienne porte son nom.

Bibliographie :

— « Le lit de la Merveille », Robert Sabatier, Albin Michel (1997), 331 pages.
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"Va où il y a des livres...". Ce pourrait être le fil rouge de ce très beau roman de Robert Sabatier : le lit de la merveille. Ce titre est le nom d'une bibliothèque, celle de l'Oncle, médiéviste érudit, exilé de sa Slovaquie. (L'Histoire marie les peuples à son gré - mais la Tchéquie et la Slovaquie divorceront à l'amiable, dans le calme et le respect mutuel en 1993).
C'est aussi, le nom que prendra la bouquinerie de Julien Noir, le narrateur, en manière d'hommage à l'Oncle, pour les longues heures de complicité passées ensemble dans l'amour des livres et de la lecture. L'Oncle ne vivait que dans cet univers du Moyen-Âge synonyme, à tort, selon lui, d'obscurantisme car il a offert à l'Europe tant de merveilles en littérature. En nommant sa bibliothèque de Lit de la merveille, il signifiait sa connaissance de la littérature de chevalerie et de l'épreuve initiatique de laquelle a triomphé messire Gauvain au château de la merveille.
L'Oncle disparaîtra tragiquement en demandant pardon à Eleanor et a Julien, mettant fin du même coup et brutalement, à la passion entre Julien et Eleanor, la belle Américaine de Paris qui avait été leur hôtesse à tous les deux durant des années.
C'est un roman sur une passion amoureuse qui prend du temps à se reconnaître et qui se révèle avec tellement d'élégance ; c'est un roman sur la passion de la lecture qui pousse Julien irrésistiblement "là où il y a des livres..." suivant, en cela, le conseil que lui avait donné, jadis, un marginal rencontré au hasard de ses errances parisiennes de dèche. C'est, enfin, le roman biographique d'une initiation à la littérature, au monde de l'édition, à l'univers fascinant du livre et des auteurs et des éditeurs et dont il a surmonté les épreuves à la manière de Gauvain.

Pour le reste, laissons la parole à Jérôme Garcin rendant hommage en 2012 à Robert Sabatier :

" Quand Robert Sabatier débutait aux PUF...
L'auteur des «Allumettes suédoises», qui vient de mourir à 88 ans, avait raconté dans «le Lit de la merveille» le Paris littéraire des années 50, et la manière dont il y avait fait son entrée.
En ce temps-là, Robert Sabatier, ou plutôt son héros, était «maigre comme un cent de clous». Parce qu'il aimait Stendhal, avait été initié aux humanités par un bon abbé et avait dû lire dans «le Rouge» qu'à Paris «l'amour est fils des romans», il avait choisi de s'appeler Julien Noir.

Orphelin, provincial et pauvre, il était entré à 20 ans, sous la pluie, dans Paris libéré. La ville se réveillait à peine du cauchemar, elle était blême, pâteuse, encore hébétée; Julien s'y promenait en somnambule. Dans un bistrot de Clignancourt où il avait échoué, le jeune homme désemparé s'était entendu dire par un inconnu compatissant qui tenait de l'escroc, du clodo et de l'aruspice: «Va où il y a des livres. Tu verras, ça s'arrangera...» Il avait raison.

A la paresseuse, avec une nostalgie que le poids des années redore à l'or fin de la fidélité, sans que jamais il se hausse du col ou de la prose, Robert Sabatier raconte ici son entrée en littérature, par la petite porte de service. Engagé comme «dactylo-facturier» à la librairie des Presses universitaires de France, sise place de la Sorbonne, Julien Noir travaillait, en blouse verte, au service des ventes par correspondance. Il pesait les ouvrages et tapait les factures à la machine. Parfois, il officiait à la boutique.

Il se souvient avec émotion et fierté d'avoir servi, un samedi, M. André Maurois, de l'Académie française, qui cherchait «les Trois Dumas» d'Henri Clouard. Avec le peu d'argent qu'il gagnait, Julien achetait des livres, rien que des livres. Il négligeait sa mise, ignorait son estomac et son sexe, s'habillait avec les costumes de ses héros, se nourrissait de poèmes, faisait l'amour aux vierges de papier, n'avait pour compagnie que celle des auteurs qu'il vénérait et achetait ses chocolats à l'adresse que donnait Anatole France dans «le Petit Pierre». Il était jeune, naïf, solitaire. Il nous émeut.

Résistant une fois encore par pudeur, cette politesse de la timidité, à l'autobiographie, Robert Sabatier a d'abord voulu écrire un roman populaire. Une manière d'«Allumettes suédoises», version bibliophilique. Il ne camoufle pas seulement certains noms, il ne s'amuse pas seulement à désigner les PUF sans les citer, il ajoute aussi à son véritable apprentissage une histoire d'amour qui emprunte au «Rouge» et au «Diable au corps».

Où l'on voit Julien être recueilli d'abord comme un fils prodigue, ensuite comme un jeune amant dans le besoin par une riche Américaine, Eleanor, ayant la grâce de Mme de Rênal et l'audace de Marthe. Dans son bel appartement, elle abrite un fils expansif, futur golden boy, une fille peintre menacée d'autisme et un vieil érudit, médiéviste slovaque qui enseignera à Julien les lois du vieux français puis l'intraitable protocole du suicide.

Robert Sabatier excelle à décrire le quartier Latin de l'après-Guerre où, tandis que les étudiants de la Sorbonne bayent aux corneilles, son héros supplée à son infortune en dévalisant les bouquinistes, en s'enfermant dans les salles de cinéma, en jonglant avec le hasard et la nécessité afin de rencontrer Aragon, Jouhandeau, Darius Milhaud, Asturias, Albert-Marie Schmidt, en ayant enfin la révélation que «le vrai lecteur, celui qui sait lire, apporte sa part créative». «Le Lit de la merveille» n'est pas le roman d'un futur écrivain mais la confession du lecteur d'exception qu'il n'a jamais laissé d'être.

Mais, très vite, les souvenirs l'emportent sur la fiction, et Robert Sabatier sur Julien Noir. L'employé modèle de la librairie est remarqué par sa direction, qui lui offre d'accéder au saint des saints: la maison d'édition, boulevardSaint-Germain.

Il faut imaginer un instant ce qu'étaient, après l'absorption des fonds Alcan, Rieder et Leroux, les Presses universitaires de France, dans ces années 50 où les professeurs inspiraient le respect, où les sciences humaines triomphaient, où «Que sais-je?» inventait, avec des fascicules de 128 pages, l'encyclopédie au format de poche, où deux sociétés de psychanalyse se livraient à travers leurs collections un combat de tranchée et où, de Jacques Attali à Michel Foucault, toute l'intelligentsia s'y donnait rendez-vous. Un temple du savoir, symbolisé par un quadrige emballé dont le prestige était tel qu'une exposition itinérante tournait dans les capitales étrangères pour présenter la maison d'édition et qu'on recevait ses dirigeants comme des chefs d'Etat: en sortant, dans les aéroports, le drapeau tricolore.

C'est aux PUF que Robert Sabatier rencontra Gaston Bachelard, qui faisait son miel quotidien de poèmes parfois médiocres, l'enjoignait à lire Bosco, préconisait l'usage du porte-plume et s'inquiétait de savoir comment on ferre un cheval, l'économiste François Perroux, qui s'essayait au quatrain, mais aussi Maurice Duverger, Jean Lacroix ou Jean Fourastié. C'est aux PUF, enfin, que le néophyte apprit, en rédigeant des textes où l'emphase était prohibée, à discipliner son style et à combattre son lyrisme.

De son mentor d'alors, directeur littéraire paulhanien qu'il déguise sous le pseudonyme d'Alexandre Guersaint et qui lui évoquait, au physique, «un maître de haute école habitué à se tenir droit sur son cheval», il écrit ici: «Il m'a enseigné la rigueur dans l'écriture, donc dans la vie. Appelé à mourir jeune, il continuerait à vivre longtemps en moi.» Ce livre tendre en témoigne. Alexandre Guersaint, alias Philippe Garcin, était mon père."

Jérôme Garcin
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Un chant d'Amour
Pour le livre
Le narrateur suivra la phrase
Va où se trouvent les livres
Julien comme le héros de le Rouge et le Noir
et Noir, le livre de Stendhal
Grâce à lui nous allons côtoyer des personnages fictifs et d'autres qui ont réellement existé, Paulhan, Aragon.
Des soirées littéraires, liés d'artistes, politiques, professeurs, éditeurs
Rentrer dans une maison d'édition, en voir les fondements, la machinerie, les honnêtes et pas honnêtes

On aimera, le professeur "L'Oncle", Eléanor, les jumeaux Roland et Olivia
Lisez le !!
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Robert Sabatier a le don de faire passer le soleil au travers de ses pages.Cet ouvrage,encore une fois le prouve en nous offrantun recit joyeux,heureux et tres agreable a decouvrir.Une eclaircie dans votre journée.Rien que pour cela je remercie l'auteur de ce cadeau.
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Bonjour

J'ai lu ce livre voila bien longtemps .
Une " merveille " que cet ouvrage de Robert Sabatier.
Une qualité d'écriture mise au service d'un roman me remémorant cette époque quant " le quartier latin " fourmillait de librairies .
Il me faut vous avouer que mon apprentissage de libraire se déroula dans cet endroit lieu dédié aux livres .
Outre le romanesque de cet ouvrage , que je viens de relire , j'y ai retrouvé cet atmosphère des années 1960 .
Une ambiance que seuls les grandes ou petites librairies ( par la taille ) procurent
Aujourd'hui ,à 76 ans , après le décès de mon ma TRES CHERE compagne me voilà très seul , en bord d'Océan .
Merci , Monsieur Sabatier de me donner à revivre à la relecture de ce " lit de la merveille" des temps révolus
De plus , quels personnages en cette histoire .... permettez de ne rien dévoiler .
Une autre époque , une autre littérature

Merci de m'avoir lu

Jean- Claude Desré

















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Je garde de si bons souvenirs des livres de Robert SABATIER lus pendant mon adolescence, que je pensais y retrouver cette émotion. Malheureusement, le charme n'a pas agit avec ce roman !
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