GRANDE FUGUE de
JUAN JOSÉ SAER
Argentine. Guttierez vient de passer 30 ans en Europe et revient à Santa Fé. Nula qui est le premier à le voir résume sa façon de penser, « les pays riches ont perdu tout contact avec la vie, les riches résolvent tout en achetant, les pauvres en s'endettant »! Nula avait connu Guttierez par Soldi et
Tomatis, il leur vendait du vin et c'est d'ailleurs en faisant une livraison chez lui qu'il aperçut Lucia dans la piscine, sa fille dit il en la lui présentant, évidemment il n'en croit rien mais il apprendra plus tard en bavardant avec
Tomatis et Pigeon Garay que c'est possible! Tout le monde autour de Guttierez le croit riche, ça l'amuse, on est dimanche, il pleut énormément et pour son retour il veut organiser une fête, un »asado »avec ses amis pour le dimanche suivant. On va suivre jour après jour ses retrouvailles avec ses amis souvent perdus de vue, les invitations qu'il va lancer, et les questions que tous se posent, pourquoi est il parti précipitamment il y a 30 ans sans rien dire, sans prévenir. Pendant cette semaine où la pluie est omniprésente, chaque personnage va se dévoiler dans son rapport à Guttierez, l'histoire va se reconstituer en même temps que celle de l'Argentine et de la littérature, les références à
Omar Khayyam,
Flaubert et bien d'autres vont émailler le récit dans des luttes de « cliques »plus ou moins obscures qui se veulent très avant gardistes, comme le » précisionnisme »de Brando.
Toujours beaucoup de plaisir à retrouver les héros récurrents de Saer, Nula,
Tomatis, Garay, bavards, perdus dans les méandres de discussions qui s'interrompent pour reprendre et ne jamais se finir.
Ce roman est donné comme inachevé, il se termine en effet après la fête du dimanche alors que la conclusion devait se faire sur le lundi. Pas vraiment de sentiment d'inachevé en lisant ce bijou de la littérature argentine.