Mémoires

Tout d'abord, je dois avouer mon penchant pour les 'Justes', les hommes et femmes qui sont habités par des convictions altruistes et humanistes, qui les maintiennent au cours de leur vie et dépit des sacrifices et déconvenues, parce qu'étant trop modestes pour en faire commerce.
A. Sakharov était l'un d'eux. Il fut top méconnu car enfermé à double tour par l'URSS (il est né en 1921) d'une part, mais en plus Sakharov était chargé de travailler dans me secret pour la mise au point de la bombe H.
A l'heure où le film éponyme 'Oppenheimer' est diffusé sur grand écran, on peut se demander si un 'Sakharov' n'aurait pas été encore plus riche. C'est dire à tel point la vie de Sakharov nous instruit sur l'homme et son époque à plusieurs titres. Citons les principaux :
- Sakharov fut le contemporain et approcha ou rencontra : Staline, Khroutchev, Brejnev, Gorbatchev mais aussi Beria, Soljenitsyne...
- Il vécut les épisodes de famine, guerre d'URSS, puis les périodes de purge, le rapport de Khroutchev, la mise en résidence surveillée de sa personne à Gorki, la guerre d'Afghanistan, la Glasnost et la Perestroïka...
- Il a côtoyé les plus grands savants russes et des pays affiliés pour la physique quantique, et par ses travaux sur la bombe H concrétisé le fameux équilibre de la terreur
- Enfin, Sakharov a toujours été mû par le respect de l'humanité, la protection de la planète en URSS. En cela il fut un véritable précurseur, écrivant des articles qui furent publiés à l'étranger. Ce qui lui coûta fort cher. Un prix porte son nom.

Ses mémoires, de presque 800 pages, retracent tout cela. Et je dirais dans le même désordre thématique, hélas, ne suivant que l'ordre chronologique.
Certaines digressions, rares, sont consacrées à la physique quantique pour profanes. Bien que cette approche devienne rapidement pour initiés.
C'est surtout cela que je reproche à ce livre, mais souvenons-nous que ses 'Mémoires' sont le fruit d'un travail accompli à plusieurs reprises, le KGB ayant volé, brûlé, confisqué à plusieurs reprises des manuscrits.

Le style employé est très simple, ou pourrait penser qu'il s'agit du résultat d'un entretien avec un journaliste chargé de coucher sur le papier la vie de Sakharov et ses enseignements. Ajoutons à cela que le volume du livre où le respect de l'ordre chronologique ne permet pas de mettre en lumière le principal. Voici pourquoi, malgré mon respect et ma sympathie pour cet homme, je ne peux pas attribuer la note maximale. J'avoue avoir sauté plusieurs chapitres.

Pour finir, je recommande de voir sur internet les discours de Sakharov au parlement (qui ne s'appelait pas encore la Douma) contre la guerre en Afghanistan, ou pour rappeler à ce même parlement l'obligation de réussir la transition démocratique suite à l'effondrement de l'URSS.

Si vous ne connaissez pas Sakharov, et aimez les Justes, ce livre est à ajouter à votre bibliothèque.

Andreï Sakharov a écrit ses Mémoires sur plusieurs années, notamment lorsqu'il était en exil à Gorki. Il a fait passer ses textes, « sous le manteau », en cachette. Parfois, le KGB lui a volé les feuilles sur lesquelles il avait écrit et il a dû tout recommencer, sans jamais se décourager. Ce livre est un témoignage fort sur les pressions subies, sur sa prise de conscience face à la bombe atomique. On dit de lui que c'était « Un juste », un militant pour l'humanisme, le respect de l'autre, pour le partage, un homme qui n'a jamais baissé les bras, qui a combattu jusqu'au bout, ne serait-ce que pour nous transmettre ce livre (ce qui n'était pas gagné comme expliqué dans la préface).
Il y raconte sa famille, son couple, il fait son mea culpa. Il a cru que Staline voulait la paix, il a compris son erreur et a tout fait pour que les choses changent. le fil est linéaire, le style plutôt fluide et l'écriture plaisante comme quelqu'un qui raconte. Les passages scientifiques n'intéresseront pas tout le monde mais ils avaient sans doute leur raison d'être pour lui. Quelques photos en noir et blanc complètent l'ouvrage. Il y a de nombreuses annexes et une préface explicative très intéressante. Des dialogues rendent le propos plus vivant.
On peut se demander face à la souffrance, face à la barberie où les hommes puisent les ressources nécessaires pour ne pas s'effondrer, pour continuer à vivre, pour espérer encore et encore un mieux, une solution, voire un semblant de compréhension. Andreï Sakharov était soutenu par Elena Bonner et par d'autres dans l'ombre. Même s'il ne pouvait pas les rencontrer, ils savaient qu'ils étaient là. Peut-être que ça l'a aidé.
Heureusement qu'il y a des personnes, comme lui, qui se sont exprimées, qui ont osé malgré la prise de risque, malgré le danger …
Ce recueil est profond, édifiant, inspirant. Il est écrit en petits caractères serrés donc pas forcément aisé à lire mais le contenu est tellement puissant (la traduction doit être de qualité car je n'ai pas senti de lourdeurs) qu'on ne peut qu'être captivé. Un ouvrage à lire … à transmettre et à ne pas oublier ….


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Regards d'un homme sur son pays et sa politique.

Histoire et convictions s'anéantissent l'une et l'autre.

L'humanité se faufile dans ces méandres de perversions et de haines pendant que l'âme humaine se perd un peu plus.

A lire et analyser dans sa modernité et son actualité.