DÉROUTANT, déconcertant, désorientant,
inattendu, insolite, surprenant,
ÉTRANGE, singulier, insolite, bizarre,
ÉNIGMATIQUE, , hermétique, insaisissable,
mystérieux, obscur, ténébreux,
mais non dépourvu d'une certaine MUSICALITÉ,
cette rieuse, cu-rieuse danse de mots assemblés
mêlés, entremêlés, procure quelques couleurs
inattendues.
Peut-être à LIRE À VOIX HAUTE, et à écouter
gratuitement, sans chercher absolument
à déchiffrer, à comprendre.
" Vidé de mon coeur je me reluis, disait le pêcheur
guettant l'ombre, son foie dans le liquide de
la rivière, doucement rouge et transparent,
de salive je suis rempli, elle déborde et coule
peu à peu, écume sur le liquide de la rivière,
la mangent les poissons montant en flèche,
l'étendard violet dressé, ondulant, ils
dévorent les fleurs que j'ai jetées dans le
soleil et perdues, il roucoulait, sa langue
enroulée, son vélocipède couché sur les roseaux,
je les mangerai cette nuit, leurs entrailles
sur l'assiette jaune de porcelaine et de limon,
avec du jasmin et la couleur bleue du pinceau,
les os sur le bord dentelé, puis je laverai
la faïence dans le pur liquide, troublant la
rivière, verre tremblant, glacé d'oeufs, de
feuilles minuscules et rondes, avec le gravier
du fond et le sable de la berge, mais son
bras gela, parlant il s'endormit, de crachat
rempli, de sang parfumé, sa canne noire
au-dessus du monde, son reflet dans l'eau.
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Chair de poisson
Je suis un garçon tranquille, la nuit je laboure,
de boue est mon cœur pétri, lavé de noire eau pure,
je conduis des camions, je charge du charbon dans la
coque pourrie, je visite les fonds, contre le mur
je salive et je crache, de la lumière du feu
j’ai peur, comme un porteur d’eau je titube, comme
l’éperlan, j’ai la bouche close et les dents
desserrées, blanc du soleil sur mes flancs et ma
queue, poudre de pierre, la fleur de claire farine,
parmi les branches, là où le vent souffle, là
où coule le sable, se renverse la montagne
éphémère et pure, pleine d’eau, glacée et tendre,
de craie fine posée sur la mer, là je bois la
saveur, ma bouche au jet, ma main au bec,
limon qui me parfume, (…)
"Aperçu, à la morsure, à la langue de cendre,
illuminé, ses draps déchirés dans la puanteur,
oublié près du gouffre, la salive à la bouche,
comme un garçon d'argile foudroyé, peint, dévoré et sali,
à l'agonie sur l'herbe du pré, puni, poussé dans le trou,
dévorant son foie et touchant l'eau, choisissant,
triant les coquilles dans le noir, écrasant les
bouquets qui puent et qui salissent, les morceaux
perdus dans l'obscurité, Innocent pinçait la fleur,
la feuille rouge de l'arbre, les lèvres sur le bois poli,
la bouche fermée, prêt à mourir, toujours châtié,
toujours libre, les pieds nus sur le limon, en odeur
de neige."
Avec douze écrivains de l'Anthologie
Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle)
Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps
La fenêtre qui donne sur les quais
n'arrête pas le cours de l'eau
pas plus que la lumière n'arrête
la main qui ferme les rideaux
Tout juste si parfois du mur
un peu de plâtre se détache
un pétale touche le guéridon
Il arrive aussi qu'un homme
laisse tomber son corps
sans réveiller personne
Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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