Gott

J'aime beaucoup von Schirach, qu'une collègue m'a fait découvrir il y a quelques années, et dont je lis chacun des titres avec un plaisir renouvelé, tant j'aime sa façon de raconter les histoires, qu'elles soient nouvelles, chroniques, romans. J'aime ce que son passé a fait de lui, sa pondération, ses interrogations, la manière dont il traite des sujets de société, avec légèreté dans le ton mais pourtant en profondeur, sans prendre parti, en les exposant, les proposant à la réflexion du lecteur. J'ai toujours l'impression de sortir plus intelligente de ses livres.
Ceci étant dit, lorsqu'en l'ouvrant j'ai vu que celui-ci est une pièce de théâtre, j'ai eu un petit sursaut. Mais bon, von Schirach, quand même ! Et je l'ai lu. C'est très court, mais, comme toujours, très intelligent. Loin d'apporter des réponses sur le sujet qu'il expose –le suicide assisté- il soulève encore plus d'interrogations, permet de faire avancer sa propre réflexion, en y ajoutant divers arguments, c'est presque une lecture participative, en tous cas la pièce est conçue dans le but de faire participer ses spectateurs, et le lecteur s'y implique de la même façon. Il est agrémenté des rapports de 2 experts sur le sujet, qui élargissent et nourrissent un peu plus le propos.
Et dans un monde où la question de la fin de vie fait débat, je vous conseille plus que vivement la lecture de ce texte, fluide, très accessible, ne serait-ce que pour appréhender ce sujet dans sa globalité et le confronter avec vos convictions ou votre ressenti. Bien évidemment, ça se passe en Allemagne, où un article de loi sur la question a fait débat à plusieurs reprises, le contexte politique est différent en France. Mais le fond de la question reste le même où qu'on se trouve.

Ferdinand von Schirach est un dramaturge allemand à succès. En 2020, il a publié la pièce Gott (Dieu), qui met en scène un débat autour d'une question : "M. Gärtner peut-il obtenir une dose mortelle de pentobarbital de sodium alors qu'il est en pleine santé?"
M. Gärtner explique, devant le Conseil d'éthique, en présence de son médecin de famille et d'autres intervenants favorables ou non à sa demande, qu'il ne veut plus vivre depuis la mort d'Elisabeth, sa femme, qu'il a vu mourir dans de terribles souffrances suite à une énorme tumeur au cerveau. Père et grand-père de 78 ans, il a pris cette décision, tout en l'expliquant à ses proches : même s'il n'est pas dépressif, la vie sans sa femme de toujours n'a plus aucun sens ; il n'a plus goût à rien ; comment voyager sans elle, voir un film, lire un livre sans le partager avec elle ? En plus, il n'a aucune envie de finir en soins palliatifs, un jour, branché à des tuyaux. Comme on le dit, il veut mourir "dignement".
Viennent s'exprimer à la barre, même si ce n'est pas un procès, différents personnages : l'ophtalmologiste de confiance, devenue médecin de famille, à qui Gärtner demande son aide, son avocat, une experte juridique, un médecin expert opposé de toutes ses forces à l'euthanasie, un théologien qui vient défendre la vie coûte que coûte.
Cet essai, sous la forme d'une pièce de théâtre, expose tous les arguments des deux camps sur l'euthanasie et le suicide assisté. L'ouvrage fournit en annexes des documents pour prolonger la réflexion. En ces temps où le débat reprend en France et en Europe, c'est un bon outil pour renforcer ses propres arguments.
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