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Nicole Ciravégna (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782232101564
359 pages
Editions Seghers (04/05/1988)
4.02/5   22 notes
Résumé :
Les clos, pour les bergers de Haute-Provence, sont les combes qui se creusent dans les alpages accrochés au flanc d'un serre ? ou, si vous préférez, d'une crête montagneuse. Le plus beau de tous, sous le serre de Montdenier, s'appelle le Clos du Roi. De ses 1700 mètres, la vue embrasse toute la Provence, de la Sainte-Baume au Lubéron en passant par le Ventoux et, juste en face, l'immense plateau de Valensole. Marcel Scipion est né huit cents mètres plus bas, en 1922... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
-Té, venez vous asseoir près du feu.Le père Scipion, avé son assent qui traîne, vous entraîne et qui n'en finit pas, va nous conter ses souvenirs, peuchère.


Le Maurice (avec ses guêtres ruisselantes de rosée sur ses gros souliers de cuir) et son "escabouo", troupeau transhumant sont là, depuis 3 jours. D'autres bergers aussi!


On va s'attabler autour de l'immense table de mélèze. Une casserole de 5 litres de lait fume, le cousin a apporté une de ces énormes miches (non, il n'y a pas de jolie bergère!) comme seuls, savent le faire les bergers des montagnes.


On va parler du lièvre bleu du Ventoux, des sangliers des Baumes et du Clos du roi, au creux des grandes Alpes...


Ce lièvre était énorme, tellement gros qu'on le confondait de loin, avec les chiens." Il arrivait comme sur des pantoufles, par derrière les chasseurs, sans faire crisser le moindre gravier."
Il se permettait de leur frôler les talons, en passant, le Fada...
Et c'est pas des galéjades, encore un godet d'eau de vie?
-Je m'en souviens de son "elissir", comme d'hier, con!


"Voyageur de la nuit, moi qui en ribambelle
Ai franchi des pays sans les voir
J'ai hâte de trouver sous mes pas
Ce monde émerveillé qui rit et m'interpelle..." Gilbert Bécaud.
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Un livre composé d'une trentaine de récits évoquant la vie des habitants des villages de Haute-Provence dans la première moitié du 20 ème siècle. L'auteur y raconte ses souvenirs de petit berger. Cet ouvrage est assez proche par le ton des souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol... cependant, du fait de la proximité des montagnes, implantés dans cette Provence, Marcel Scipion parle beaucoup de troupeaux de moutons ou de chèvres, mais aussi de chasse, aux sangliers et aussi aux lièvres, et de braconnage.
Il apporte des témoignages importants concernant la vie des gens à cette époque, leurs habitudes alimentaires, la fabrication du pain, celle du vin, l'entretien du linge. Il évoque les saisons, les foires, la récolte du miel... le jeu de chat et souris entre braconniers et gendarmes... le récit qui m'a semblé le plus émouvant s'intitule "Des champs de pature aux champs de bataille" dans lequel un vieux berger lui raconte un combat mené en Alsace, en 1915, baïonnette au canon... le plus drôle est certainement "Ma première danse"... Ce livre étant constitué de chapitres sérieux et de récits plus légers... alternance que nous connaissons dans toute existence...
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Un Clos dit "du Roi", un vallon où emmener les moutons l'été à transhumer. Faire son pain mais pas pour rigoler (50 kilos de farine, 15 jours de miches pour la dizaine de personnes d'une famille élargie), faire ses patates, ses choux, son miel, sa médecine même avec les limites qu'on sait, son vin, distiller son marc en fraude, braconner les sangliers, le lièvre les nuits glacées de pleine lune malgré les gendarmes... Et tout ça conté presque au coin du feu... Oh c'est rustique, presque un cliché pour citadin mal à l'aise, rêvant d'un retour impossible à la nature...

Pourtant cette prise de conscience ne date pas d'hier. Il y a bien 50 ans qu'elle s'est formée. Une extravagance de nantis au début mais qui petit à petit devient une obligation sans quoi nous allons à la catastrophe de plus en plus annoncée. de timide, le changement de cap devrait se préciser avec moins de bagnole, moins de produits, finie l'obsolescence programmée, des circuits courts et le bonheur de manger ce que donne un jardin sain... On ne parle de sa vie que parce qu'il y a eu rupture ; Marcel Scipion et bien des auteurs bêtement traités de régionalistes ont pris conscience de la mise en danger du planétaire, de l'universel, déjà avant 1980.

Mais l'homme ne vit pas que de nourriture terrestre. Aussi au risque de passer pour un ethnocentré (je m'en fous c'est moins grave que le nombrilisme jacobin), je me laisse aller à apprécier notre penchant méditerranéen. le littoral oui mais l'arrière-pays surtout, qui aborde vite l'altitude, chez nous, Corbières, Pyrénées, Montagne Noire, Espinouse, Cévennes, Monts de Vaucluse, Préalpes de Digne ou de Castellane avec une végétation qui rompt avec les garrigues et maquis.

Gabachs ou gavots, partout des montagnards de quand la montagne était belle. Et ces mots, cette langue qui se doit de résister tant qu'une domination d'un autre âge n'a de cesse que de l'effacer pour ne pas qu'il soit dit qu'elle a été soumise...
"Dijous ma finestro i a un ametlièr que fa de flours blancos coumo de papièr"...
Et ce n'est pas parce qu'entre la science, le réchauffement climatique et l'épuisement des nappes phréatiques, l'amandier pousse plus au nord qu'il en a perdu pour autant sa portée symbolique.
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Chroniques de la vie d'un berger des alpes de Hautes-provence, cela peut se lire en plusieurs "nature" et pourrait ressembler à du Pagnol, avec une écriture beaucoup plus simple. Cela pourrait être lu à des enfants qui veulent connaître la vie d'autrefois.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pour la seconde danse, ne voulant pas être en reste, j'avisai une très grande et grosse fille qui pouvait être de dix ans mon aînée. Elle avait d'énormes seins, presque aussi gros que les cougourdes muscates. J'avais remarqué que depuis le début du bal elle était restée assise. Aucun cavalier ne l'avait invitée et pour cause. Bravement je me pointais devant elle et je hasardai un timide ; "Vous dansez, mademoiselle?"
La réponse vint, instantanée, brutale : un "Voui, Monsieur" viril et retentissant. Estomaqué, croyant m'être trompé de sexe, je portai mes yeux à l'avant sur les deux cougourdes. Il n'y avait pas à douter : malgré ses intonations masculines, c'était bien une jeune fille. Je n'eus du reste guère le temps de réfléchir : deux bras d'une vigueur sans pareille pour un sexe dit faible se nouèrent autour de mon buste et je me sentis pressé sur les deux énormes choses, assez dures il faut le dire, mais qui tout de même jouèrent entre moi et ma cavalière le rôle d'amortisseurs. Comme j'étais long à m'y mettre, les bras puissants et musclés imprégnèrent à mon corps un mouvement rotatoire que je dus suivre, sous peine d'être déséquilibré. Presque porté, sautillant, le souffle court, je fus ainsi transporté à l'autre bout du bal par ma cavalière dont la joie de danser décuplait les forces de minute en minute.
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La fonte de la neige dans les adrets nous permit de sortir les troupeaux. Le berger Mario les avait lâchés sur le Négaou, vaste lande limitée par un profond ravin où coulait le torrent de l'Anguire et sur le flanc opposé duquel s'étageaient les bois d'Ourbes parsemés de grottes. Celles-ci servent de refuge, l'hiver, à la sauvagine qui se trouve là bien à l'abri et au sec. Elles forment en bordure du précipice un arc de cercle, accessible à ses deux extrémités seulement par des sentiers qu'ont tracés les allées et venues du gibier. Ce sont aussi ces sentiers qu'empruntent les chasseurs pour traverser cette enceinte. On appelle ce coin "les baumes de Beauferrant". Il est d'une grande sauvagerie, de surcroît très dangereux. Pour y accéder, il faut déjà franchir le torrent, ensuite un éperon rocheux appelé le pas de l'Aiguille. C'est là que nos bergers vont couper les jeunes pieds de sorbier pour faire leurs bâtons. Le gibier qui réussit à trouver ces passages y reste parfois plusieurs semaines, s'y sentant en sécurité. Après les grandes périodes neigeuses, les sangliers s'y réfugient. Souvent les mères viennent à l'abri de ces baumes, faire leurs petits.
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Avec cette eau-de-vie, on fabriquait aussi un sérum très efficace contre les morsures des vipères et ce, d'une façon bien simple : en février on visitait les talus vipéreux et, dès que l'on voyait une de ces bêtes se chauffer au soleil sur une pierre plate, doucement on plaçait par-devant, couchée sur le sol, une bouteille de verre sombre. On faisait alors un léger bruit par-derrière la vipère qui, effrayée, rentrait dans le premier trou venu, la bouteille, qu'il fallait refermer très vite. Ensuite, on versait dessus l'eau-de-vie, que qui faisait dégorger la glande à venin. En cas de morsure, il suffisait de scarifier l'endroit mordu, puis avec un coton imbibé, passer cette liqueur. On a guéri ainsi une centaine d'animaux à la ferme.
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Mon père n'était pas comme moi né à la ferme de Vénascle. Il avait vu le jour dans un autre pays, beaucoup plus haut, derrière le serre du Montdenier, juste au pied du Mourre de Chanier. Sa ferme natale s'appelait "le Pré du Chai". Je n'ai jamais su pourquoi elle avait un tel nom, car de pré, point ; au contraire, elle était implantée sur un vaste cailloutis, et ne possédait pas non plus de cave à vin. Mais dans cette partie du globe, on appelle souvent "chais" les hommes qui aiment un peu trop la bouteille. On pouvait donc présumer que le lointain bâtisseur, en mourant, avait légué à sa bâtisse le nom de son péché mignon, cela pouvant lui valoir, qui sait, un allègement des peines au tribunal de l'Eternel.
C'était donc dans une de ces chambres, tout en pierres sèches, que mon père avait bu son premier bol d'air et de lumière.
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Tant que mon père eut assez de force dans les bras, il nous fit le fameux pain de campagne, au feu de bois, au levain et à l'eau de source. Il nous fut très dur par la suite de nous habituer à manger un autre pain que le nôtre, ce drôle de pain industriel, souvent vite fait, pas très cuit, auquel il manque la saveur des choses faites avec amour.
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Video de Marcel Scipion (1) Voir plusAjouter une vidéo

Marcel Scipion, apiculteur et berger
- Marcel SCIPION, invité pour parler de sa profession d'apiculteur et celle de berger : le métier d'apiculteur, qu'il exerce depuis 25 ans en Haute-Provence ; ses méthodes de travail. Il habite à Moustiers Sainte Marie. L'accident de voiture qui l'a immobilisé, le livre qu'il a écrit pendant sa convalescence : "Le clos du roi". La vie dans sa jeunesse qui témoigne d'un goût de l'effort....
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie générale et généalogique (557)
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