" le suicide !
mais c'est la force de ceux qui n'en ont plus, c'est l'espoir de ceux qui ne croient plus, c'est le sublime courage des vaincus".
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Guy de Maupassant.
Cachetons, corde, tranchage de poignets, hara-kiri.. Ouchhh ! Oh non! .. impossible hara-kiri...il faut être né là-dedans, tout simplement pas pour les occidentaux...
Restons simple... une balle dans la tête... rapide, "propre", adieu.
Surtout ne pas se rater, sinon ils vous enferment.
Vous vous rendez compte ?
C'est illégal de mettre fin à sa vie.
Le suicide est un péché impardonnable... Bah voyons !
Ces adorateurs tuent des millions et des millions de gens au nom de leur Dieu, mais toi... pas le droit de mettre un terme à ton existence, même au bout du rouleau, même malade...
Pas le droit à la mort.
Une agonie perpétuelle, voilà à quoi tu as le droit.
La torture, ça se passe comme ça.
Bon... ça commence plutôt fort.
Selby n'y va pas par quatre chemins, il nous plonge tout de suite dans l'ambiance, et c'est donc sous la forme d'un sombre monologue intérieur, que l'on suit notre narrateur en proie à une sévère dépression. Ne supportant plus sa vie, il opte pour la solution, la seule qu'il estime être en mesure de mettre fin à son calvaire... une balle.
Mais un grain de sable va venir tout chambouler. Il va s'opérer un petit changement de programme...
"Si j'en suis là, c'est aussi un peu à cause de ces connards avec leurs systèmes corrompus. Peu importe ce qu'ils font, ils s'en sortent toujours.
Toutes ces sordides petites ordures... juste exploser leurs têtes pourries...
Voilà ce qui arrive quand la colère vous rend fou."
Bon !... vous avez pigé le nouveau programme ?
Je connaissais un peu
Hubert Selby Jr (cubby), j'avais déjà lu quelques trucs "SUR"
lui, mais jamais rien "DE"
lui, jusqu'à la semaine dernière, où j'ai pu me plonger dans son recueil de nouvelles : "
Chanson de la neige silencieuse", que j'ai apprécié sans non plus m'y trouver en apnée. À l'époque de sa sortie, je m'étais également acheté le DVD :"Requiem for a dream" ; moderne et géniale adaptation ciné de son roman éponyme (une descente dans l'enfer des addictions, qu'accompagne une B.O toute aussi addictive)
Dans ce
roman, son dernier, l'écriture est beaucoup plus tendue, rageuse, voir haineuse que dans ses nouvelles.
Plus désespérée aussi.
Les réflexions, interrogations, obsessions, les doutes, les craintes s'enchaînent à toute berzingue, si bien que les phrases,les mots, se percutent, sont résolument crachés.
Une écriture bi-polaire.
On passe du noir au blanc,de petites victoires en rechutes inéluctables, ça bouillonne... ça bouillonne...
Alors on se calme...on inspire...on expire...on écoute le chant du merle... ça fait du bien...
Et ça repart... l'embrasement, inévitable, radical.
J'ai aimé son style brut de décoffrage, grossier,cash, sa mélodie du désespoir et du dégoût.
Peut-être qu'il y a quelques répètes de trop , que par moment le rythme s'essouffle, la lecture n'en reste pas moins électrique.
J'ai aimé côtoyé la folie... j'en redemande même.
Ce "
waiting period" aurait aussi bien pu s'intituler "washing machine", mais alors...en mode essorage.