Chez les Maigret, comme dans la plupart des familles, il y avait un certain nombre de traditions qui finissaient par prendre autant d'importance que, pour d'autres, les rites d'une religion.
Ainsi, depuis des années et des années qu'ils habitaient place des Vosges, le commissaire avait-il l'habitude, en été, dès qu'il commençait à gravir l'escalier qui s'amorçait sur la cour, de dénouer sa cravate sombre, ce qui lui donnait le temps d'atteindre le premier étage.
L'escalier de l'immeuble qui, comme tous ceux de la place, avait été un somptueux hôtel particulier, cessait, dès cet instant, de s'élever avec majesté le long d'une grille en fer forgé et de murs en faux marbre : il devenait étroit et raide, et Maigret, qui soufflait un peu, atteignait le second étage, le faux col ouvert.
Il lui restait à suivre un couloir mal éclairé jusqu'à sa porte, la troisième à gauche, et, quand il introduisait la clef dans la serrure, le veston sur le bras, il lançait un traditionnel :
- C'est moi !
Et il reniflait, il devinait à l'odeur ce qu'il y avait à déjeuner, pénétrait dans la salle à manger, dont le grande fenêtre était ouverte sur le spectacle éblouissant de la place où chantaient quatre fontaines.
"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon.
Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.