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EAN : 9782757814086
416 pages
Points (25/06/2009)
3.81/5   54 notes
Résumé :
C'est au Caire que se déroulent les aventures de la famille Batrakani : l'enseignement français des Jésuites, la récitation de Michel devant le Sultan, la reprise du commerce familial par Edouard, les amours adultères de Georges et de Maguy... Impressionné par la figure de Georges, son grand-père, Charles raconte avec affection et nostalgie l'époque où l'on portait le tarbouche.
Reconstituant l'histoire d'une famille chrétienne dans l’Égypte du mandat britan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Fort justement récompensé par le Prix Méditerranée 1992, le Tarbouche de Robert Solé est un roman passionnant .
La famille Batrakani est l' une des nombreuses familles chrétiennes implantées en Egypte depuis plusieurs générations. Syriens gréco-catholiques c'est ainsi qu'ils se définissent. Charles , l'arrière petit-fils d'Elias Batrakani , est la mémoire de la famille . de la guerre anglo-égyptienne en 1882 à la proclamation de la République en 1953 , la famille vit , ressent, subit toutes les secousses . Principal signe de cette révolution la disparition inéluctable du tarbouche , coiffure identitaire et symbolique de l' Egypte au grand désespoir de Georges Batrakani à la tête de la plus propre manufacture de tarbouches. Robert Solé , lui même né en Egypte, avec son talent de conteur redonne vie à cette Egypte pleine de douceur et de beauté , du moins aux yeux des nantis de l'époque, presque tous étrangers et non-musulmans. Certes il s'agit d'un roman mais le journaliste écrivain est rigoureux et précis , ce qui donne à ce récit une valeur ajoutée .Un très agréable moment passé en compagnie des Batrakani dans ce merveilleux pays.
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N°119– Juillet 1992.
Le TarboucheRobert Solé – le Seuil.


Le prétexte de ce roman est donné à la fois par l'évocation du « tarbouche », couvre-chef emblématique du costume égyptien traditionnel et par la publication partielle du journal intime que tient Michel Batrakani, élève des jésuites qui appartient à une famille chrétienne et francophile du Levant, assise entre deux mondes dans cette Égypte sous mandat britannique.

Ce journal commence le 13 mai 1916 alors que la Grande Guerre fait rage en Europe « Ce matin, à dix heures et demie et cinq, le sultan est venu au collège. J'ai récité devant lui « le laboureur et ses enfants ». Il m'a félicité ». D'une plume alerte, l'auteur nous conte cette saga des Batrakani où la petite histoire qui se mêle à la grande le dispute à cette fascination de l'orient qui se rencontre à chaque page.

Dans un style où l'humour et le dépaysement tiennent jusqu'à la fin le lecteur en haleine, l'auteur évoque le parcours de cette famille de commerçants chrétiens venus en Égypte et qui s'est mise à fabriquer des tarbouches par souci d'intégration. Georges Batrakani, le grand-père, n'a-t-il pas été fait « Bey de 1° classe » par le roi lui-même pour « services exceptionnels rendus à l'industrie locale ». Peut-on trouver mieux comme preuve d'assimilation ? C'était dans les années 20 !

Les personnages évoluent dans cet univers qui semble hors du temps et singulièrement hors du quotidien de l'Égypte profonde. Il n'en sont pas moins originaux, truculents, attachants... Maguy avec sa cohorte d'amants , Nando, profondément usurier, André qui deviendra jésuite et restera seul en Égypte, Henri aux éternelles citations latines sera consul d'une république sud-américaine changeante, Makram, le copte qui a juré de porter le deuil jusqu'au départ des Anglais ...
Ce paysage est fait de délicatesse, de douceur de vivre. Ce monde est à la fois proche et loin de nous, arabe et européen, mais surtout fascinant par ses couleurs, ses décors, ses senteurs...

Au fil du roman, nous assistons à la naissance de l'Égypte, du sentiment national puis à un renversement de situation que personne n'avait prévu et qui débouchera sur la prise de pouvoir de Nasser, faisant de ce pays une nation arabe où les Batrakani n'ont plus leur place. Un à un, ils ont fini par partir, sauf André, le jésuite, non pas expulsés mais rejetés presque naturellement de ce pays qu'ils avaient aimé pour sa richesse et sa douceur de vivre mais où ils n'étaient pas vraiment chez eux « Nous sommes partis de notre propre gré, sur la pointe des pieds, sans tarbouche ni trompette » peut-on lire sous la plume de Michel, un peu comme s'ils s'étaient trompé de symbole, le tarbouche ne représentant dès lors plus rien, pas même le couvre-chef national !

Alors, qu'étaient-ils, eux, ces grecs-catholiques perdus dans un pays arabe ? Michel, dans son journal, le dit sans fard «  Ils étaient entre deux langues, entre deux cultures, entre deux églises, entre deux chaises, ce n'était pas toujours très confortable mais [leurs] fesses étaient faites ainsi ».

Nous assistons à la fin d'un monde, d'une société, d'une famille aussi qui laisse en terre égyptienne ses morts pour lâcher ses vivants au hasard de la géographie mondiale. C'est un nouveau départ, un nouvel exil pour ce clan qui ne veut pas mourir.

Hervé GAUTIER – Juillet 1992.http://hervegautier.e-monsite.com




























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Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Dans le Tarbouche, son premier roman, paru en 1992, Robert Solé retrace l'histoire d'une famille chrétienne dans l'Égypte de la première moitié du XXe siècle.
Alter ego évident de l'auteur, le narrateur, Charles, est né au Caire en 1945 où il a vécu jusqu'à l'âge de 18 ans.
En mêlant les innombrables récits qui animent les réunions dominicales, les carnets de son oncle Michel, et ses propres souvenirs, il reconstitue l'histoire de sa famille, et plus particulièrement celle de sa mère – les Batrakani. le personnage pivot, dont on découvre les ancêtres et les enfants, est son grand-père Georges Batrakani, personnage flamboyant qui, grâce à son ingéniosité et son audace, a su se faire une place au sein de la bonne société cairote.

À travers cette saga familiale, c'est surtout l'histoire de l'Égypte – et du Caire aisé – que l'on entrevoit : le protectorat britannique, la fascination pour la France, les élites vivant dans leur bulle, les crispations nationales et l'animosité à l'égard des étrangers (dont les « Syriens » comme les Batrakani, arrivés à Alexandrie fin XIXe), le nationalisme croissant (à travers de petites choses comme le choix d'un prénom arabe pour son enfant), le déclin du roi Farouk, l'arrivée de Nasser, les nationalisations, etc.
Mais les histoires personnelles sont tout aussi intéressantes, et la matière est dense avec ces nombreux personnages contrastés : histoires d'amour bien sûr, comme celle des parents de Charles, histoires professionnelles, comme la fameuse entreprise de tarbouches que crée le visionnaire Georges Batrakani, histoires de religions également…
Le Tarbouche se termine alors que Charles et ses parents, comme beaucoup de chrétiens, font le choix de quitter le pays : choix économique certainement, mais aussi choix politique et désir de retrouver une liberté (et souvent une aisance) perdue… en tout cas, choix déchirant le plus souvent.

J'ai une sensibilité certaine à ce sujet et que, outre la qualité du roman, j'ai particulièrement aimé y retrouver des souvenirs et anecdotes similaires à ceux ayant bercé mon enfance et mon adolescence. Cette parenthèse uniquement pour expliquer un éventuel manque d'objectivité : tout le monde ne sera pas aussi charmé que moi par l'évocation des repas de molokheya ou du quartier d'Héliopolis (ex-oasis, aujourd'hui banlieue) !
Mais, quoi qu'il en soit, le Tarbouche est un très beau roman, mêlant avec finesse la petite et la grande histoire, et porté par la nostalgie d'un pays qui n'est plus.


Lien : http://monbaratin.blogspot.c..
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A travers la saga d'une famille syrienne chrétienne, on traverse dans une douce nostalgie une période de l'histoire de l'Egypte des années 40 à 60 à peu près. Je suis rentrée totalement dans la lecture à partir de la belle rencontre entre Sélim et Viviane, les parents du narrateur, j'ai eu plus de mal au début. Cependant, Robert Solé nous livre un portrait touchant et juste d'une Egypte aujourd'hui disparue et met en lumière les 1ers exils liés à l'arrivée de Nasser au pouvoir.
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Cette saga familiale raconte l'histoire des Batrakani, une famille syro-libanaise chrétienne installée au Caire. Chronique d'un temps où les différentes communautés d'Orient vivaient dans une certaine harmonie, le Tarbouche nous emmène au coeur de la bonne société cairote, dans un monde de personnages pittoresques et hauts en couleur. le livre raconte aussi la fin du métissage lorsque Nasser décide de chasser tout ceux qui détonnent et menace son projet panarabe. Un livre très attachant, idéal pour une croisière sur le Nil.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Pour sa chance, c'était un slow. Sélim prit Viviane par la taille, sentit son visage près du sien, respira ses cheveux, son parfum et, ivre d'émotion, se laissa porter par la musique. Elle souriait. Sélim, ayant retrouvé toute son assurance, lui demanda ce qu'elle devenait.
- Je pars après-demain pour Minia.
- A Minia ! Quelle idée !
- Je vais participer à une mission d'hygiène pour l'Oeuvre des écoles de Haute-Egypte. Vous ne connaissez pas l'Oeuvre du Père Ayrout ?
Il avoua son ignorance, mais avec l'air de quelqu'un qui brûlait d'apprendre.
- Asseyons-nous, dit Viviane. Je meurs de soif.
Il se précipita vers le buffet pour chercher des boissons glacées.
Henry Ayrout appartenait, comme André Batrakani, à la Compagnie de Jésus. C'était le fils de Habib Ayrout, l'entrepreneur préféré du baron Empain. Le jeune jésuite venait de publier sa thèse, Fellahs d'Egypte, qui faisait déjà autorité. A travers cet ouvrage lumineux, les membres de la bourgeoisie chrétienne du Caire découvraient un monde qu'ils ignoraient totalement. La rencontre avec l'auteur était une autre surprise : derrière le noir de la soutane, de la barbe et des lunettes rondes, couvait un volcan.
-En décembre 40, expliqua Viviane, le Père Ayrout avait réuni un groupe de femmes et de jeunes filles dans la maison de ses parents à Héliopolis. J'y étais allée en traînant les pieds à la demande insistante de mon frère jésuite. Il m'avait dit : " Tu verras, c'est un type formidable."
- Et, si je comprends bien, vous n'avez pas été déçue...
- Les jeunes femmes réunies ce jour-là à Héliopolis appartenaient à toutes les communautés : grecque-catholique, maronite, latine, copte... Il y avait même des orthodoxes. "L'Egypte n'a qu'une seule chrétienté", nous a dit d'emblée le Père Ayrout. "Dans l'oeuvre qui sera la nôtre, je ne veux plus entendre parler d'appartenances confessionnelles. Celle qui fera inutilement prévaloir son rite paiera une amende de cinq piastres. "
- Vous avez dû vous ruiner !
- Nous nous sommes mises à rire. Nous étions conquises... Mais quand le Père Ayrout dit qu'il n'y a qu'une seule chrétienté, il pense aussi à la coupure entre les villes et la campagne. L'Oeuvre est consacrée aux enfants de Haute-Egypte. A cause de la guerre, les écoles gratuites ne peuvent plus compter sur le soutien financier de l'Europe. Nous devons donc collecter de l'argent ici. Avec les autres responsables, je quête aux portes des églises, dans les clubs, les banques, les bureaux...
- Ya salam !
- La première quête a rapporté mille livres. Pour la prochaine, nous visons le double. Vous ne perdez rien pour attendre : je vous mets sur ma liste.
-D'accord, je vous bakchicherai, lança Sélim avec un grand sourire.
Il se demanda s'il ne devait pas aller brûler d'urgence un cierge à la Radwaneya : à l'intention des enfants de Haute-Egypte mais surtout des modestes salariés de son espèce qui méritaient une augmentation pour pouvoir les aider...
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- Voyez vous, la bataille pour l'émancipation de la femme égyptienne sera longue, très longue. Il y aura des coups d'arrêt et des retours en arrière. Mais nous gagnerons, j'en suis sûre. Surtout si des jeunes filles comme vous viennent se joindre à nous...
Hoda Chaaraoui fut interrompue par le soffragui qui était entré brusquement dans le salon, le regard fébrile.
-Qu'est ce qu'il y a, Rachid? fit Yolande, étonnée.
-Pardonnez-moi, madame. Sa Majesté le roi est mort.
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Ils étaient entre deux langues, entre deux cultures, entre deux églises, entre deux chaises, ce n'était pas toujours très confortable mais [leurs] fesses étaient faites ainsi
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Nous sommes partis de notre propre gré, sur la pointe des pieds, sans tarbouche ni trompette
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