édition papier (chez le temps qu'il fait) revue, augmentée, l'édition numérique déjà dans bibliothèque n'étant plus disponible, devenue étape entre les billets mis en ligne et cette nouvelle édition.
La description scrupuleuse de la gare, de ses dessous, de ses détails, mais qui ouvre sur l'histoire personnelle, sur l'histoire du quartier, sur l'histoire d'un groupe de travail ou plutôt des relations entre ses membres. Et l'ensemble est extrêmement attachant.
Style "écrit" qui pourtant fait entendre une voix, une sensibilité
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je croisais des grappes d'enfants accrochées aux poussettes, doubles ou triples parfois, de nourrices - comme on dirait en famille mais assistantes maternelles agréées en langage CAF ou URSSAF -, quittant le Jardin en remontant l'allée de la Deuxième Division Blindée. Des femmes sombres et des enfants clairs, si bien que je me demandais où étaient leurs enfants à elles, pendant ce temps là, si elles en avaient. Il y avait des écoliers d'après la classe, qui marchaient à leurs côtés, et des bébés gardés tout le jour. Elles quittaient le Jardin Atlantique, marche posée, souvent quatre ou cinq de front derrière leurs poussettes...
Alphabet morse de la gare : long tiret suivi de deux pointillés. Les trois trottoirs roulants qui peinent à rattraper le temps perdu à rallier Montparnasse 3 Vaugirard. Succession d'un long, le plus ancien, le seul à double sens, dans la largeur du quai 24 et de deux courts, le dernier isolé dans un couloir peint en bleu
Si bien que je me demande ce qu'il est advenu du jeune homme qui vivait là, sa tente entourée de vieux mobilier de bureau, et recevait chaque après-midi la visite d'une très jeune femme qui venait avec un bébé dans un landau. Sa compagne et son enfant j'imagine, profitant des heures de sorties autorisées par le règlement de leur foyer.
Troublé encore par l'impossible accommodation visuelle aux effets mosaïques bicolores du sol du hall Maine gâchés par les pièces défectueuses. Les neuves, réparatrices, brillent, cyniques, sur fond d'usure générale. Usure bien compréhensible d'un revêtement quotidiennement piétiné, pour ne pas dire martelé, parfois avec colère. Les carreleurs apposant les rustines ne sont pas dupes, exécutent la commande des autorités de la gare mais, professionnels, en savent la vanité.
J’aime cette rue pour ses cinémas et pour sa droiture conjuguée à une juste suffisante longueur, permettant, d’un seul coup d’oeil une appréciation globale de son trafic et de son activité : livraisons, déménagements, chantiers. Une rue qui ne tergiverse pas, ne cache rien, mène droit au but dans un sens comme dans l’autre. En marche, sur le coup de neuf heures du matin, vers ma vie de bureau, j’envie un peu les touristes en fin de petits déjeuners aperçus au passage dans les salles à manger des hôtels. Où ont vécu Paul Gauguin et André Breton et bien d’autres, plus obscurs, qu’on n’affiche pas.