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EAN : 9782841420674
Ombres (25/11/1998)
3.9/5   67 notes
Résumé :
Une épaisse couche de mouches grouillantes recouvrit tout le village sans laisser libre le plus petit espace. Le bourdonnement avait cessé, la lumière du soleil avait reparu, mais la vision de cette marée de patte et d'ailes agitées de frémissements n'en était que plus horrible. La couche d'insectes gantait uniformément les cabanes, la camionnette, les hommes, comme si un voile noir fût tombé du ciel. Les mouches grouillaient sur les habits, les mains, le visage, tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Avec la lecture de "l'Oeil du purgatoire", j'avais déjà pu constater que J. Spitz, écrivain d'entre deux-guerres et rattaché au courant surréaliste, n'avait jamais été un défenseur du genre humain.
Ce roman-ci -d'anticipation-, écrit en 1938, le confirme. Restant dans la conjecture science-fictive de "Et si un jour..." (...une mutation de la mouche rend cet espèce intelligente...), le récit linéaire de 150 pages s'approche pourtant d'avantage, par son style et les descriptions narratives, du fantastique horrifique.

Mais SF ou histoire d'horreur, c'est avant tout une satire jouissive qui met en évidence les faiblesses de l'homme, son incapacité de cohabitation et de réflexion afin de faire face ensemble (!) au danger (ici, l'invasion des mouches), qui voue la civilisation humaine à une totale disparition.

Comme un entomologiste (à l'instar de son personnage principal qui étudie les mouches), Spitz examine sous la loupe les comportements humains à travers les corps sociaux dits "responsables" (savants et scientifiques, militaires, gouvernants, religieux...) dont aucun ne s'en sort indemne, sous la pointe de son stylo venimeusement sarcastique. le lecteur rit...souvent jaune... : dans un des derniers chapitres p.e., Spitz se moque avec un humour grinçant, de l'Allemagne Hitlerien et ses "Krieger" néandertaliens.

Poussant, d'une manière excessive -surréaliste- le fléau diptère avec ses grouillements noirâtres, les pontes de larves, infections, épidémies... à son paroxysme, l'auteur cercle l'homme pour, au final, le cantonner dans la case de l'observateur observé.

...et la dernière phrase du livre, que je me refuse de citer ici, afin de laisser la surprise d'une belle conclusion, empreinte de véracité...fait mouche !
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Excellent franchement.
L'espèce humaine n'est pas invincible et ce petit roman soigné à la langue très classique , vient judicieusement nous le rappeler .
Les mouches sont , ici , un fléaux quasi biblique , une redoutable métaphore qui est cinglante et implacable dans ce texte remarquablement construit et au style très classique .
Les mouches se mettent bizarrement à proliférer dans le sud-est asiatique et c'est localement une véritable catastrophe .
Le monde regarde , au début, de façon distante et perplexe ce phénomène qui prendra très vite une tournure dramatique .
Le fléaux finira par s'étendre à toute la planète alors que tous les continents seront progressivement affectés .
Ce roman post-apocalyptique soigné possède un parfum de réalisme qui est réellement savoureux . C'est une dynamique qui est antérieure à la vague postérieur des insectes , l'époque de la grande peur des insectes , qui fut assez florissante en SF dans les années Soixante-dix ..
La chute de Paris pourrait bien vous causer des sueurs froides .
C'est un petit bijoux de science-fiction francophone qui est réédité aussi régulièrement que sporadiquement .
Vraiment fameux , je le jure !

Un seul défaut , la toute fin est un peu trop anthropomorphique ( encore que c'est une métaphore ) , mais la ballade est quand même savoureuse !
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En 1938, après des débuts teintés de surréalisme, Jacques Spitz publie « La Guerre des mouches », un roman fantastique.

Un jeune chercheur travaille dans son laboratoire sur la transmission de caractères acquis chez les mouches drosophiles. Lui et son patron, le professeur Carnassier sont appelés en Indochine, alors colonie de la France, dans le but d'étudier un étrange phénomène : des essaims entiers de mouches « attaquent », dévastant tout ce qu'elles rencontrent en inoculant des maladies qu'on croyait disparues aux populations.
Tout d'abord quelque peu minimisée, l'épidémie s'étend. Personne n'est prêt. On emploie des moyens dérisoires contre le fléau. L'armée est appelée en renfort, «Tout l'arsenal de la Marine de guerre fut affecté à la fabrication de papier tue-mouche distribué gratuitement à chaque chef de famille ».
Les « sachants » s'en mêlent : « Pour lutter contre l'épidémie proprement dite, un conseil de défense sanitaire fut institué. Il délibéra longtemps sans pouvoir arrêter d'autres mesures que celles adoptées lors des grandes épidémies de 1868 et 1925.
Les industries sont réquisitionnées pour la production de scaphandres. Des combattants meurent en nombre, laissant les populations livrées à elles mêmes.
Des mesures de confinement sont prises, «Dans les rues de Saïgon où tous les magasins étaient fermés, où toute circulation frivole était interrompue, on voyait seulement de rares passants, le visage couvert d'un tampon de gaze, allant jusqu'aux bureaux de l'Intendance militaire où l'on distribuait des vivres », provoquant de lourdes séquelles psychiatriques chez les confinés.
Les mouches seraient elles devenues intelligentes, qui adaptent leur mode d'action à la riposte de l'humanité, «les vaccins semblaient n'opérer que contre une catégorie de microbes et laissaient proliférer les autres ». Car il s'agit bien de ça, face aux mouches mutantes (ou « variantes », comme vous voudrez ) : l'humanité est en danger.

Une histoire rondement menée qui n'est pas sans rappeler des situations contemporaines, quand des dirigeants, incapables de définir une politique commune, entretiennent, par action , omission , ignorance ou simplement bêtise (là aussi, comme vous voudrez) le mal qu'ils sont censés combattre, «Il comprit encore qu'il ne suffisait pas d'avoir raison et de le dire, mais qu'une vérité n'avait de sens que si elle était universellement partagée ».
Un bouquin qui ne manque pas d'humour non plus, quand les allemands partent au combat nus, lance flamme en bandoulière et que les russes tentent de mobiliser les forces révolutionnaires contre les mouches fascistes…

Bref. Un bon moment de lecture dans ces temps troublés.
« Et si L'aventure humaine devait échouer », comme disait Théodore ?
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Un classique de la science-fiction française que j'ai redécouvert avec plaisir. On suit les tribulations d'un jeune chercheur en entomologie se nommant Juste-Evariste Magne. Celui-ci doit faire face à une invasion de mouches devenues intelligentes suite à une mutation d'instinct. le petit roman de Jacques Spitz écrit en 1938 (réactualisé en 1970 pour tenir compte des bouleversements historiques et géographiques et scientifiques) reste étonnamment moderne dans son style et dans le traitement de ses personnages. Il manie à la fois l'humour et l'horreur. Les scènes de batailles entre les hommes et les mouches sont dignes des romans post-apocalyptiques modernes ou des films jouant sur la grande peur des insectes.
Cette nouvelle est une vraie pépite de la science-fiction française. Elle n'a rien à envier aux classiques américains et anglais. A lire sans hésitation, à moins bien sur de souffrir d'entomophobie…
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On démarre doucement, en suivant Juste-Evariste Magne, jeune chercheur travaillant sur l'hérédité des mouches sous la direction de Mr Carnassier. Une invasion de mouches se déclare en Indochine où Magne suivra son chef pour aller étudier la chose. le style du roman paraît longtemps comme une suite d'évènement où l'on suit l'évolution des insectes jusqu'en Europe, sérieux, austère, mais plus on avance, plus le ton devient sarcastique, l'humour cynique sous-jacent ce dévoile. Plus on avance dans l'histoire, plus l'espèce humaine, ses travers politiques, idéologiques, sociaux en deviennent ridicules, grotesques. Par le biais d'un scénario catastrophe, Jacques Spitz dresse un portrait sans concession des travers humains de son temps, 1938, c'est l'époque du colonialisme, des nationalismes extrémistes. Un cynisme assez pessimiste, en gros, il n'y a pas grand chose à espérer de l'espèce humaine, mais l'évolution du ton au fil de la lecture, sérieux au début, en devient de plus en plus drôle, sarcastique et jubilatoire vers la fin.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Les palais qui s'écroulent font lever un bruit de tonnerre, les planètes qui se brisent allument au fond des cieux des éclairs qui durent des millénaires; l'anéantissement de ces choses réelles ne va pas sans éclats de grandeur.

Pour la civilisation humaine, il n'en fut pas ainsi. Le décor factice que des siècles durant elle avait dressé sur le globe s'effondra muettement comme une robe de soi au fond d'un placard obscur. Il n'y eu rien pour finir, pas de grande bataille, pas de cri solennel, pas de mouvement d'ensemble, mais comme la forme d'un nuage se dissout dans le vent, comme le ciel du jour insensiblement devient le ciel du soir, l'espèce humaine, peu à peu se réduisit en poussière de petits groupes, de couples, puis d'individus isolés qui périrent au hasard de leur rencontre avec les insectes. Ainsi après avoir rempli l'air de ses cris, l'espace de ses inventions, les bibliothèques de ses spéculations et l'avenir de ses espoirs, l'humanité disparut sans laisser plus de traces qu'un oiseau dans le soir. Simplement un jour, il n'y eu plus personne sur les routes du monde. Le spectre de la connaissance était passé des mains de l'espèce humaine aux pattes de l'espèce mouche.
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Pour la première fois dans l'histoire, l'homme va avoir à lutter contre une autre intelligence que la sienne. Qu'elle sera l'issue de cette lutte ?
À première vue, on pourrait être pessimiste. L'homme, plantigrade pesant, de constitution fragile, aux sens assez obtus, n'ayant que quatre membres dont deux consacrés à la locomotion, n'avait, pour assurer sa suprématie sur les espèces animales, que son intelligence. Lorsqu'il n'aura plus l'exclusivité de cette arme magique, [...]
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L'Europe, [...], souffrait d'une effroyable disette, et l'appétit germanique ne savait comment s'assouvir. Le génie inventif d'un moderne Liebig imagina de hacher menu les tonnes de mouches abattues pour en faire des ersatz de saucisses. [...], maintenant toute l'Allemagne se ruait sur ces saucisses de guerre, ces Kriegswürste, où çà et là l'aile brillante d'une mouche venait remplacer les petits carrés de lard du boudin d'autrefois.
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Il m'arrive de penser qu'un jour viendra peut-être où les mouches devenues savantes, retrouveront ces hiéroglyphes et parviendront à les déchiffrer. Si insensé que soit cet espoir, il est caractéristique et je m'y abandonne. Que ces lectrices futures veuillent bien y voir le trait le plus représentatif de ce que furent les hommes : des êtres qui vécurent d'espoir, et dont ce fut en même temps la faiblesse et la grandeur.
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Du large on voyait des essaims vainqueurs tourbillonner au-dessus de la cote lybienne.Ils s'elevaient par moment comme de gigantesques nuages , comme des panaches plus noirs et menacants que celui de l'Etna en eruption.
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