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Gallimard (26/11/1948)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Après L'agonie du globe qui racontait l'histoire du globe terrestre coupé en deux, Les évadés de l'an 4000 viennent prendre place dans une collection de romans fantastiques où, sans exclure un souci de littérature, l'anticipation, le merveilleux scientifique et l'humour se mêleront afin de remettre en faveur et rendre plus incisif un genre où se sont illustrés Wells et Jules Verne.
Dans Les évadés de l'an 4000, on voit comment le soleil s'étant considérableme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'homme a dit : les cieux m'environnent
Les cieux ne roulent que pour moi
De ces astres qui me couronnent
La nature me fit roi :
Pour moi seul le soleil se lève
Pour moi seul le soleil achève
Son cercle éclatant dans les airs
(Jacques-Charles-Louis Clinchamps de Malfilâtre)

Dans ce court roman fantastique (160 pages pour la version numérique) l'écrivain brillant et visionnaire qu'est Jacques Spitz installe le décor et les personnages de son histoire dans un futur dystopique puisqu'il nous fait voyager aux confins de l'an 4000 et quelle prouesse quand on sait que ce roman a été publié en 1936.

Contrairement à "L'homme élastique" et à "L'oeil du purgatoire" que j'ai eu le plaisir de lire, respectivement publiés en 1938 et 1945, dans lesquels l'auteur nous offre une vision chaotique et sans espoir (ou si peu) de l'humanité, à ma grande surprise la trame ici prend un aspect plus romanesque et même si l'espoir revêt sa part sombre il est bien présent et ce n'est pas pour me déplaire d'autant plus que Monsieur Spitz a su conserver son style habituel un brin cynique et enjoué qui lui sied à merveille. Et, petite anecdote que je permets de partager au passage, ce roman devait être adapté pour le cinéma en 1941 par Marcel Carné : Jean-Anouilh pour les dialogues, Jean Marais et Danielle Darrieux dans les rôles principaux, le film n'a jamais vu le jour, dommage pour nous...

Celui-là même qui nous donnait la faculté de percevoir le présent vieilli dans "L'oeil du purgatoire" et qui prévoyait la deuxième guerre mondiale avant même qu'elle n'ait lieu dans "L'homme élastique" fait la part belle aux nombreuses théories avancées par les scientifiques en son époque qui envisageaient pour la majorité l'extinction de notre humanité par le refroidissement climatique qui laisserait notre bonne vieille planète à l'agonie dans un hiver sans fin car c'est bien d'une longue, très longue course contre la montre dont il s'agit ici pour parvenir à sauver l'humanité de son sort funeste qui est celui de devoir creuser sa propre tombe pour s'enterrer vivante dans les entrailles de celle qui l'a vue naître.

Qu'en est-il de notre bonne vieille planète à la veille de l'an 4000 ? Les nouvelles ne sont pas réjouissantes : l'ère quaternaire qui a pris fin en 2006 en même temps qu'a débuté une série de catastrophes climatiques provoquée par l'affaiblissement du rayonnement solaire n'est plus qu'un songe lointain dans l'esprit de l'Homme du XLème siècle, la révolution astrale l'ayant obligé à migrer vers la zone équatoriale et à constituer un nouvel état en les État-Unis d'Afrique dont la capitale est Tombouctou. Ainsi en 2815 il n'existe plus sur Terre qu'un seul état, une seule race et une seule langue, c'est l'ère dite "quinquennaire", elle est qualifiée comme étant la planche de salut de l'humanité qui dès 3600 n'a plus d'autre choix que de devoir s'enfoncer sous terre à 800 mètres de profondeur, l'astre malade continuant inexorablement de s'éteindre. Tombouctou2 gigantesque ville "caveau" voit donc le jour (quel paradoxe) laissant l'Égypte et la Méditerranée sous une couche de glace, réduisant feu Paris notre capitale à un insignifiant petit point à -18°C sur la carte. le monde est devenu troglodyte, on cultive le lichen en masse, on boit du lait de baleine stérilisé à l'ozone, la vie est suspendue aux réserves de radium principalement utilisées pour la fabrication de la petite pilule radioactive, rituel du soir sans lequel Pat, héros bien malgré lui de ce récit, ne pourrait vivre et question "vie" il va être servi car rien n'est jamais acquis dans la vie et encore moins quand on est le neveu de l'éminent professeur Sandersen qui lui ne voit la survie de l'humanité que par l'astronautisme, soit un avenir ailleurs sur une planète plus accueillante qui n'est autre que la bien nommée Vénus.

Je ne vous en dis pas plus et je vous invite à découvrir ce roman. L'écriture de Jacques Spitz est fascinante. Il a ce talent de réussir à nous emporter dans la liesse de ce monde qui pourrait être le notre demain (à quelques détails près bien entendu) et dans lequel nous pourrions nous aussi scander parmi la foule en délire : "Ceux qui vont mourir vous saluent !"
Les dernières pages sont lumineuses, l'auteur nous offre un texte d'une beauté à couper le souffle, un pur moment d'extase qui nous ferait presque oublier que l'Homme de Jacques Spitz n'accomplit jamais aussi bien sa destinée que dans la vanité et la suffisance.
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En cette fin d'ère quinquennaire, le monde roule sur la pente descendante du thermomètre.
Car, au diable les climatosceptiques, dès 2006, les premiers troubles dans l'activité solaire avaient annoncé un refroidissement général du globe terrestre.
Et, en 2185, le monde devenu inhospitalier, l'humanité avait fini par se regrouper au sein des Etats-Unis d'Afrique, dans sa capitale Tombouctou, libre de glace toute l'année.
L'humanité, devenue troglodyte, avait commencé à s'enterrer dans de profondes cités ...
"Les évadés de l'an 4000" est un roman écrit par Jacques Spitz en 1936, et paru dans la prestigieuse collection Nrf des éditions Gallimard.
C'est un roman de science-fiction marqué du style très personnel de Jacques Spitz.
Le ton y est comme souvent teinté d'humour.
C'est un roman captivant, réaliste et moderne.
Mais pour autant Jacques Spitz, dans son anticipation, ne s'embarrasse pas de prospectives prophétiques.
Sa plume imaginative se place au service d'un récit rapide et fluide.
Les personnages sont de ceux, qui pourtant intemporels, possèdent des caractères bien ancrés dans le siècle de l'auteur.
C'est la recette de Jacques Spitz : projeter dans l'avenir, dans des futurs complètement inattendus, des personnages avec lesquels on s'attendrait à le voir badiner dans un cocktail.
Le terme "classique" prend ici tout son sens dans une science-fiction française naissante.
D'ailleurs, l'épilogue des évadés de l'an 4000, surprenant et teinté de surréalisme, a été depuis repris, remodelé à plusieurs reprises, notamment par Bernard Werber.
Mais avec beaucoup moins de bonheur, de subtilité et de réussite, il faut le dire.
Le roman de Jacques Spitz décrit la lutte entre ce troglodysme ancien, qui prétend sauver l'humanité en l'enfouissant de plus en plus profond sous terre, et l'astronautique nouvelle et audacieuse qui voit l'avenir de l'espèce dans la conquête spatiale vers de nouvelles planètes habitables.
Il est aussi une histoire d'amour qui ne veut pas se déclarer.
Et, aujourd'hui, peut-être plus qu'hier, sonne-t-il d'une actualité plus pénétrante ...
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N’a-t-on pas coutume de dire que René Barjavel est « le père de la science-fiction française » ? Si, bien sûr, et moi le premier, grand amateur de l’auteur de (entre autres) « Ravage »… Mais ça, c’était avant de découvrir Jacques Spitz : « Ravage » et « Le voyageur imprudent » datent tous deux de 1943, année de la réédition de « Les évadés de l’an 4000 » dont le premier tirage est de 1936… et ce n’est pas le premier opus de l’auteur en matière de science-fiction ; voir « « L’agonie du globe » en 1935 ; et quelques autres jusqu’à « La parcelle « Z » en 1942… Qu’importe…

En 1936, disais-je, Jacques Spitz, après avoir édité quelques titres laborieux de style « nouveau roman », nous gratifie de ce petit texte apocalyptique.

Nous sommes en l’an 4000. Le soleil a perdu 20 % de sa puissance ; la glace est descendue des pôles vers l’équateur et le seul espace vivable pour l’homme à la surface du globe (et encore…) se réduit à la mince bande comprise entre les deux Tropiques.
Le pouvoir exécutif est tenu d’une main de fer par De la Condamine, une sorte de dictateur qui envoie ses opposants en exil sur l’île de Sainte- Hélène. Tombouctou est la capitale souterraine des Etats-Unis d’Afrique. En effet, l’humanité s’enterre pour éviter les températures négatives de la surface. Est-ce la bonne solution ?
Une autre solution est envisagée par la propre fille de De la Condamine, Evy : partir coloniser Vénus que la diminution de la puissance solaire rendrait vivable…

Un bien agréable roman de science-fiction qui place Jacques Spitz au niveau des meilleurs auteurs du genre. Avec en plus un dernier chapitre très « barjavélien » d’une grande beauté : tout en suggestion... pur... en un mot : céleste.
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Situé loin dans le futur, ce roman de Jacques Spitz (le premier, que je viens de lire dans son édition numérique), résonne comme le sinistre bourdon d'une Terre qui rétrécit, se recroqueville, s'enterre et va mourir.
En effet le soleil est en train, telle une chandelle, de s'éteindre peu à peu.

Même si Spitz, clairvoyant et pessimiste ne pouvait tout prévoir, sa fiction comporte quelques fulgurances étonnantes, dont l'actualité brûlante du vingt-et unième siècle nous amène quelques exemples prémonitoires.

Le souffle épique du livre, vient avec l' espoir fou dans un départ vers les étoiles qui suit une révolution anti-troglodyte.

Le livre est captivant, donc, qui confronte le lecteur avec sa vision actuelle de la planète et d'une lumière tellement fragile et vacillante.
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On reconnaît bien dans cette vision acerbe d'une humanité percluse de défauts l'auteur de L'oeil du purgatoire, un misanthrope qui ne cache ni ses opinions bilieuses ni son peu de foi en ses semblables.
L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
— Mesdemoiselles, messieurs, commença alors le professeur, la venue de l’an 4000 que nous devons sous peu célébrer, me fournirait le prétexte, si prétexte il devait y avoir, au sujet du cours que j’ai choisi de traiter devant vous pendant la présente année scolaire. Il m’est apparu, en effet, que le moment était venu où l’on pouvait dresser un tableau d’ensemble, riche en multiples perspectives, de cette époque de l’histoire du globe et de l’humanité que, le premier, j’ai baptisée du nom d’ère quinquennaire, et qui va de la fin de l’ère quaternaire, en l’an 2006, jusqu’à nos jours. Au cours de cette première leçon, je me contenterai de vous exposer dans ses grandes lignes le plan général du cours que je vais être amené à vous faire.
Nous commencerons d’abord par un rappel rapide des conditions de vie à l’ère quaternaire, cette époque aujourd’hui presque oubliée, si mal connue, cette époque dis-je où la terre comptait cinq parties du monde habitables, trois races de différente couleur, et où l’humanité, qui atteignait alors le chiffre de deux milliards d’individus, était morcelée en nations différentes dont la principale occupation était de se battre entre elles pour s’arracher des lambeaux de territoire ou des droits à l’exploitation des richesses naturelles. Nous avons peine à concevoir la gravité de ces rivalités d’un autre âge. Mais toute l’époque quaternaire peut être placée sous le signe de la lutte : combats entre individus, combats entre tribus, luttes des seigneurs féodaux, guerres entre nations, entre classes, entre races. Le trop-plein des forces de la jeune humanité placée dans des conditions de vie exceptionnellement faciles, n’avait alors pour s’employer que ces rivalités dont nous ne trouvons plus la trace héréditaire que dans les jeux brutaux auxquels se livre encore de nos jours l’heureuse confrérie du jeune âge.
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Il se comparait au berger chaldéen rêvant sur le mystère des étoiles, à la sentinelle avancée guettant dans les marches polaires l’avance de la vague de froid qui, d’un pôle à l’autre, ne ferait plus de la terre qu’une immense banquise. Il se comparait à tout, sauf à ce qu’il était : un pauvre homme amoureux et déçu.
À vrai dire, il s’attachait moins aux aurores magnétiques qu’à la contemplation des simples nuages. Diaphanes, jetant sur le ciel comme une moire, une retombée de dentelles, ils laissaient jouer sur leurs contours changeants les teintes les plus exquises allant, par des passages d’une gradation insensible, du rose pimprenelle au gris tourterelle, de la pourpre de Tyr au blond d’Hollywood. Parfois, passait entre les déchirures un soleil rougeoyant, moins soucieux de répandre sa chaleur que de raffiner encore sur les jeux de lumière dans les draperies nuageuses. Sur le déclin de sa vie, l’astre du jour devenait électricien de théâtre. Ses feux se dispersaient en fêtes magnétiques, en feux d’artifices tirés pour les funérailles du système solaire, deuil silencieux et grandiose qu’un cœur mélancolique pouvait trouver en harmonie avec son amertume. C’est là que peu à peu Pat chercha à oublier qu’il aimait…
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Dans Tombouctou 2, la ville souterraine à plus de huit cents mètres de profondeur, Pat flânait. Il suivait le boulevard O à P dont la voûte d’émail blanc offusquait moins son regard que les voûtes en béton. Flanqué d’immeubles de douze étages, avec leurs rez-de-chaussée transformés en vitrines brillamment éclairées à la lumière froide, le boulevard O à P, de cent mètres de large et de soixante-quinze mètres de haut, était une des plus importantes artères. Le long des monorails suspendus au sommet de la voûte parabolique glissaient sans bruit les trains électriques urbains, et de trois cents mètres en trois cents mètres s’élevaient les colonnes de marbre des stations nichées dans le creux des grands arcs de soutien. Le courant de ventilation qui balançait légèrement les robes des passantes, était chargé d’une légère odeur de verveine. À ce signe Pat reconnut qu’il était cinq heures, l’heure élégante. À six heures, soufflerait la brise marine, plus énergique et plus salubre pour ventiler la foule sortant des ateliers.
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Avec ses cheveux blonds noués à la mode nouvelle en une masse épaisse pleine d’éclairs sur la nuque, certain air de victoire irradiant de son front soigneusement courbé, avec ses yeux couleur d’aube transparente et le dessin précis de ses narines ouvertes comme des conques intelligentes à l’air qu’elle respirait, Évy, soleil de chair vivante, n’avait qu’à paraître pour chasser de son éclat les fantômes des plus belles enchanteresses du passé, pauvres étoiles lointaines que s’efforçait de ranimer l’imagination de Pat le rêveur. Et ce présent vainqueur était comme un défi jeté à la poussière morte des siècles dont auprès d’elle aucune résurrection ne semblait plus possible…
Près d’Évy, Pat éprouvait amèrement la vanité de tout ce qu’il avait jusqu’à ce jour aimé. Par bonheur, il y avait cette voix qui l’empêchait de s’attacher à elle sans espoir et pour toujours, cette voix au timbre dur, autoritaire, la voix des filles du sous-sol, et qui était le point faible de cette précieuse créature.
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Le soleil n’en a plus que pour un à deux millions d’années. Mais que ce chiffre ne vous rassure pas, monsieur le président. Avant dix ans, nous aurons une baisse de température de 20° au niveau du sol, et nous ne pourrons plus compter que sur une température moyenne de moins 18° à l’équateur et à l’air libre. C’est-à-dire que nous serons au-dessous du point de congélation de l’eau de mer, et c’en sera fini de la vie.
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