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EAN : 9782363083494
Arléa (05/10/2023)
4.5/5   5 notes
Résumé :
Nicolas de Staël a vingt-trois ans quand il découvre le Maroc, où il voyagera de 1936 à 1937. Sont ici réunis pour la première fois un texte écrit pour une revue, Les Gueux de l’Atlas, diverses lettres à ses proches où se lisent les espoirs et errances d’un tout jeune homme et son cahier aux notes et dessins vibrants.
A Marrakech, Fès ou Télouet, il s’éprend de la population berbère, salue « leur grâce naturelle », leurs habits bleus qui « semblent faire part... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Nicolas de Staël a vingt-trois ans lorsqu'il découvre le Maroc.
Il y passera plus de trois ans, de 1936 à 1937.

Il part là-bas pour découvrir d'autres paysages, d'autres couleurs, d'autres coutumes. Pour dessiner et peindre sans relâche, pour y trouver la lumière chère aux peintres de tous temps.
Il voyage de Marrakech à Fès, de Tetouan à Télouet, de Mogador à l'Atlas.
Il écrit des textes qui doivent paraître dans la revue Bloc, "Les gueux de l'Atlas". Mais aussi de nombreux courriers à ses proches, son père et sa mère en particulier, ainsi que des amis de toujours.

Tout au long de ses missives revient le besoin d'argent nécessaire pour vivre au Maroc, et que sa famille fidèle lui envoie régulièrement.

J'ai aimé en particulier les descriptions des personnes et des paysages dans lesquelles les couleurs explosent. C'est avec son regard d'artiste qu'il découvre et aime ce qu'il voit.

C'est un très beau texte qui nous permet de mieux connaître et comprendre l'homme et l'artiste. J'ai eu la chance de voir l'exposition qui lui est actuellement consacrée au musée d'Art Moderne de Paris, cette lecture complète magnifiquement cette visite.
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Nicolas de Staël n'a pas 23 ans quand débute son séjour au Maroc entre juin 1936 et octobre 1937. Après quelques jours à Rabat et Fès, il sillonne en compagnie d'un ami la « montagne » : Azrou, Khénifra, Beni-Mellal pour arriver à Marrakech fin octobre 1936 où il reste jusqu'en mars 1937. Séjour à Essaouira (Mogador) et des virées dans le haut Atlas sis à côté de Marrakech (Ourika, Asni, Telouet). Ainsi il peut écrire : « Les Berbères font l'amour nus dans les étoiles, en plein hiver, ou dans le meuglement doux des bêtes aux pâturages. » (page 52), waouh !
« Les Gueux de l'Atlas » présenté ici dans leur intégralité, n'est pas à mes yeux un grand texte, par contre « Cahier du Maroc » offrent des moments de pure littérature même si dans une lettre à son « père » l'auteur précise, « La plupart du temps la littérature consiste à dire en beaucoup de mots peu de choses et oublier les choses essentielles dont on a l'intention de parler. » (page 103) ; « Cahier du Maroc » touche l'essentiel de façon troublante et c'est cela qui rend ces textes brefs, quasiment des notes, magnifiques, et pourtant … : « Elles revenaient royales aux vêtements de couleurs portant sur la tête simplement un grand amas de branches d'or dans le couchant. Dans le fond, des bêtes calmes dans les lumières que le soleil jette vives en mourant. » (page 151) ; ici « Elles » sont des femmes, de jeunes filles, corps à l'équerre rapportant sur leur dos, lanière au front, une masse conséquente de bois pour cuisiner, se chauffer ; « royales » ou exténuées ? J'ai rencontré ces « Elles » de nombreuses fois dans l'Atlas, ai « déconné » avec « Elles », souriantes aux vêtements de couleurs élimées rapiécés sous un ciel laiteux.
Mon premier séjour au Maroc, alors que j'étais guère plus âgé que Nicolas de Staël, dura plus longtemps, les écrits qui en restent (je remercie ici mon Père d'avoir conservé la correspondance de ses enfants) déplorables zappèrent l'essentiel que je n'appréhenderai qu'après de longues années, quand la pensée s'affermit, que les yeux se dessillent, que des portes s'ouvrent, que la maîtrise de l'arabe augmente, que le cerveau s'est nourri d'ailleurs, que nos attentes se suspendent ; Nicolas de Staël retourna-t-il au Maroc pour confronter les « notes » de son premier voyage à sa nouvelle réalité ?
Que de textes, de films sur les couleurs du Maroc, Nicolas de Staël n'échappe pas à ce stéréotype et à d'autres « Le Maroc est tellement beau qu'il faudrait y faire une académie de peinture, les couleurs étant d'une vivacité et d'un calme en même temps comme nulle part ailleurs et, quant au dessin, l'antique traîne les rues. » (pages 121/122, dans une lettre à Madame Goldie écrite à Mogador en 1937) ; la vivacité des couleurs marocaines n'est observable qu'après qu'une pluie ait lavé le ciel gorgé de poussières, le reste du temps, l'intérieur du pays où séjourna, semble-t-il, essentiellement Nicolas de Staël, n'affiche que des couleurs pâles, délavées que la rétine interprète tant nos impressions sont formatées.
Enfin il y a cette phrase énigmatique, « Maman, écrivez-moi une lettre pour mes archives à moi » (page 102, post-scriptum d'une lettre à sa « mère » écrite le 07 février 1937) ; une grande partie de notre mémoire est déposée ailleurs qu'en nous, dans nos correspondances écrites du temps d'avant l'ère du Monde réduit à un rectangle lumineux de diagonale six pouces ; ce qui importe pour nos « archives » étant ce que nous avons écrit et non ce que nous avons reçu, on n'écrit pas pour une réponse. Étonnant, à 23 ans, de s'inquiéter, pour ses archives, mais peut être que déjà le 16 mars 1955 clignotait quelque part en lui.
Les fac-similés des oeuvres de l'« antique qui traîne les rues », de « Cahier du Maroc » témoins d'une acuité rare, sont malheureusement trop petits . Ceci étant écrit ce recueil de textes inédits reste précieux. J'attends l'exhumation des photographies prises lors de ce séjour marocain, photographies évoquées dans une correspondance.
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Âgé de 23 ans, le peintre décrit sa découverte du Maroc (entre 1936 et 37) dans plusieurs textes, l'un écrit pour une revue, Les Gueux de l'Atlas, et des lettres à ses proches, où s'expriment les sentiments du jeune peintre, sa quête artistique, ses réflexions. le livre est illustré de croquis de l'auteur.
Dès le premier texte, Les Gueux de l'Atlas, Nicolas de Staël montre son attachement à la culture berbère qu'il défend. Il décrit ou dessine des scènes de la vie courante : les hommes, les femmes et enfants, les scènes de la vie quotidienne de la campagne ; plusieurs mondes qui se côtoient, dont les militaires français, contraste saisissant avec les Berbères. La tradition est très éloignée de celle des « protecteurs », dont l'auteur dénonce la politique. Les couleurs des uniformes des colons étrangers détonnent sur le bleu des vêtements berbère, en union avec l'environnement. L'auteur critique la corruption et les ravages matériels et culturels de la colonisation.
Nicolas de Staël tente de rassurer sa famille, parle de ses ennuis d'argent parfois, mais aussi son mécène qui lui a avancé des sommes importantes contre la production de tableaux qui tardent venir à cause de l'insatisfaction du peintre. Tous les détails qui remplissent ses lettres nous renseignent sur sa recherche artistique.
L'atmosphère nocturne, le cosmos tiennent une place importante, tout est sujet à poésie, la nature, la danse des femmes, dont les mouvements s'apparentent à ceux des étoiles. L'Islam lui inspire le respect.
Ce livre court nous montre le cheminement intérieur de l'artiste, racines de son oeuvre qui évoluera encore une petite vingtaine d'années, jusqu'à son suicide en 1955, à 41 ans. Un livre à déguster qui donne envie de se (re) plonger dans ses tableaux.

Lien : https://elansud.com/112-la-t..
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critiques presse (1)
LaTribuneDeGeneve
18 mars 2024
Les écrits du jeune de Staël, il a 23 ans, alors qu’il n’arrive pas encore à peindre, ont déjà cet art de la juxtaposition décisive et fulgurante. Étonnant !
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
On ne conserve l’artisanat ici qu’au nom de l’esthétique, après avoir tout démoli en Algérie. On démolira tout ici. Lyautey n’est plus là. » Mais il s’insurge aussi contre l’éradication de la spiritualité qu’on ne remplace par rien d’autre : « Les Français font tous leurs efforts pour enlever aux musulmans leur religion, et cela sans se douter peut-être, ils n’ont rien à leur donner à la place.
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Le peuple des rêveurs a été vaincu par le peuple des centimistes, ils trouvent tous aujourd’hui qu’il est bien bête de prier, d’être contemplatif et religieux, cela ne mène à rien, une seule chose importe, exploiter l’exploitant, tirer le plus d’argent possible des Français.eut-être, ils n’ont rien à leur donner à la place.
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Il y a beaucoup d’étoiles dans le ciel, et ces bleus Berbères semblent faire partie du ciel.
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Video de Nicolas de Staël (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas de Staël
Sur Nicolas de Staël (1982 / France Culture). Émission “Documentaire du vendredi”. Photographie : Nicolas de Staël dans son atelier, 1954, par Denise Colomb. 1ère diffusion sur France Culture le 19 mars 1982. Par Jérôme d’Astier. Avec André Ravaute, Étienne Hajdù, Louttre.B et Georges Simonka. Nicolas de Staël, baron Nikolaï Vladimirovitch Staël von Holstein (en russe : Николай Владимирович Шталь фон Гольштейн), né le 23 décembre 1913 (5 janvier 1914 dans le calendrier grégorien) à Saint-Pétersbourg, mort le 16 mars 1955 à Antibes, est un peintre français originaire de Russie, issu d'une branche cadette de la famille Staël von Holstein. La carrière de Nicolas de Staël s'étale sur quinze ans — de 1940 à 1955 —, à travers plus d'un millier d'œuvres, influencées par Cézanne, Matisse, Van Gogh, Braque, Soutine et les fauves, mais aussi par les maîtres néerlandais Rembrandt, Vermeer et Seghers. Sa peinture est en constante évolution. Des couleurs sombres de ses débuts (“Porte sans porte”, 1946 ou “Ressentiment”, 1947), elle aboutit à l'exaltation de la couleur comme dans le “Grand Nu orange” (1953). Ses toiles se caractérisent par d'épaisses couches de peinture superposées et un important jeu de matières, passant des empâtements au couteau (“Compositions”, 1945-1949) à une peinture plus fluide (“Agrigente”, 1954, “Chemin de fer au bord de la mer, soleil couchant”, 1955). Refusant les étiquettes et les courants, tout comme Georges Braque qu'il admire, il travaille avec acharnement, détruisant autant d’œuvres qu'il en réalise. Nicolas de Staël meurt à 41 ans en se jetant de la terrasse de l'immeuble où il avait son atelier à Antibes. Il est enterré au cimetière de Montrouge. Par son style évolutif, qu'il a lui-même qualifié d'« évolution continue », il reste une énigme pour les historiens d'art qui le classent aussi bien dans la catégorie de l'École de Paris selon Lydia Harambourg, que dans les abstraits ayant inspiré les jeunes peintres à partir des années 1970, selon Marcelin Pleynet et Michel Ragon, ou encore dans la catégorie de l'art informel selon Jean-Luc Daval. Il a maintes fois créé la surprise notamment avec la série “Les Footballeurs”, entraînant derrière lui des artistes d'un nouveau mouvement d'abstraction parmi lesquels Jean-Pierre Pincemin, et les artistes du néo-formalisme new-yorkais, ou de l'expressionnisme abstrait de l'École de New York, parmi lesquels se trouve notamment Joan Mitchell.
Sources : France Culture et Wikipédia
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