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EAN : 9782246300748
218 pages
Grasset (20/10/2004)
3.45/5   10 notes
Résumé :
J'appelle aventurier celui qui s'engage au service d'une cause sans y adhérer ; qui engage sa vie plus pour son propre salut que pour la victoire. Ernst von Salomon, un des précurseurs du renouveau socialiste qui surgira en Allemagne dès 1918 (et qui, tragiquement, aboutira à Hitler quinze ans lus tard), écrit : " Cette première question d'une vie à remplir trouve sa réponse dans la vie même. " T.E. Lawrence remarque : " L'appel du désert pour les penseurs de la vil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Plonger dans la bibliothèque de T.E. Lawrence et y piocher le Moby Dick de H. Melville, les Frères Karamazov de Dostoievsky, Ainsi Parlait Zarathoustra de F. Nietzsche et aussi les écrits chrétiens qui rappellent que tout est vanité, est-ce trouver les racines de l'action, et est-ce aller au fond de la pensée de l'auteur des Sept Piliers de la Sagesse, cet homme qui écrivit ce qu'on tenait plus pour un monument littéraire que pour un écrit fait pour l'histoire ? Est-ce dégager une morale de l'action et finir comme Lawrence d'Arabie, désabusé par tous ses échecs - dans ses rapports personnels avec sa mère et dans sa tentative pour offrir, sur les ruines de l'Empire ottoman, leur liberté aux Syriens conduits quelque temps par un Émir Fayçal chassé de Damas par les troupes françaises du général Gouraud -, dans l'idée que tout finit dans la désillusion et que mieux vaut, sinon se faire une raison, du moins admettre la vanité de l'action ?
Les longues réflexions, plutôt philosophiques de Roger Stéphane, sa façon de ranger Lawrence dans la catégorie des "aventuriers hommes de lettres" et d'établir des comparaisons entre cet homme et écrivain avec d'autres "aventuriers et hommes de guerre penseurs", comme Ernst von Salomon (mais pourquoi celui-là en particulier qui lutta dans les corps francs de la Baltique, s'opposa aux Spartakistes et écrivit Les Réprouvés?) ou avec un auteur qui se rêva homme d'action pour n'être pas seulement et simplement un homme engagé (aux côtés des Communistes, des anti-fascistes, des Républicains espagnols puis, dans un grand retournement, aux côtés du Général de Gaulle), personnage dans lequel chacun aura reconnu André Malraux, tout cela relève des réflexions intellectuelles, mais ne définit pas vraiment Lawrence.
Or, un homme comme Lawrence qui a surtout agi, dans un cadre et un contexte bien précis, et qui ne s'est pas rangé dans le domaine des idées mais bientôt plutôt dans celui d'une action réfléchie, et qui a ensuite revisité par des écrits théoriques et un chef-d'oeuvre littéraire son "aventure" personnelle inscrite dans une action collective, celle de la Révolte arabe contre les Turcs, menée de juin 1916, avant même l'arrivée de Lawrence, jusqu'à octobre 1918, ne se range pas aussi facilement qu'on le croit dans la catégorie des "aventuriers". Il fut plutôt un homme d'action au service d'un double rêve, celui de sa gloire personnelle et celui très contradictoire de la satisfaction des intérêts britanniques et des aspirations arabes à l'indépendance en Syrie (rêves qui ne furent qu'imparfaitement réalisés tant ils étaient peu conciliables et difficiles à traduire durablement dans les faits), surtout quand l'action politique et diplomatique reprit le dessus sur l'action militaire. La difficulté à le ranger dans une case bien définie entretient l'habitude de lui coller l'étiquette d'aventurier. Il n'aurait pas aimé, car il se serait plutôt comparé lui-même à un héros grec ou médiéval, animé par un idéal, même si cet idéal n'était pas vierge de toute recherche de publicité personnelle, encore que l'intéressé eût aussi des hauts-le-coeur devant cette quête de célébrité.
Malgré tous ses efforts, Roger Stéphane ne parvint pas à placer Lawrence aussi haut qu'il aurait voulu le voir s'installer, car l'époque où il écrivit son Portrait de l'Aventurier fut aussi celle où beaucoup commencèrent à écorner la légende de ce personnage.
Cette époque, celle où certains portaient Lawrence d'Arabie aux nues et celle où d'autres le déclaraient à jamais suspect de n'avoir été qu'un agent du colonialisme britannique et un mythomane, est maintenant révolue.
On juge autrement Lawrence.
Ce Portrait de l'Aventurier, curieusement préfacé par Jean-Paul Sartre qui oppose le militantisme politique, nouvelle forme d'héroïsme presque sacrificiel puisqu'il est au service d'une cause collective, forcément révolutionnaire selon ce philosophe dès lors qu'elle se veut positive, à l'esprit d'aventure qui est l'affaire d'une personnalité individualiste forcément un peu égoïste, ce qui sert souvent la cause des impérialismes et des conservatismes, car il est souvent orienté dans un sens qui est utile à ces intérêts-là, porte la trace d'une réflexion aujourd'hui un peu dépassée.
Lawrence, qui avait peur que des biographes s'intéressent à lui, car il voyait dans le genre biographique une forme d'ossification de l'individu qui a vécu et agi, a trouvé depuis de bons et savants biographes mais il intéresse aussi les psychanalystes, car sa pensée, ses ouvrages et sa correspondance sont scrutées aussi sous cet angle (cf John E.Mack et Gérard Pirlot). Les angles d'approche ont changé.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Curieux du monde et des hommes, Roger Stéphane est un auteur aventurier des sociétés, résistant pendant la guerre, nous livre dans Portrait de l'aventurier un essai sur trois grandes figures en liant leur vie et leur destin. La préface signé Jean-Paul Sartre relève les similitudes et différences qui existent entre un aventurier tel qu'on se le conçoit et le militant d'un Parti politique, tous deux agissant pour le bien d'une société et le respect de valeurs.
Le livre est divisé en deux partie, la première qui m'a paru très fastidieuse pose le problème de l'Action, de ses motifs et buts pour cela l'auteur utilise des références littéraires et historiques rattachées à Lawrence, Malraux et Von Salomon. Certaines idées sont assez complexes, rattachant l'aventurier à la solitude et à son engagement, souvent ignorant de la finalité de ses actions.

Une analyse de l'état d'esprit d'un aventurier, militant ou tout autre qui agit pour le compte d'une communauté d'individus, qui fuit la solitude par l'action pour finir par se retrouver encercler par ce qu'il a tenté de fuir, reconnaissant sa défaite.
Ce n'est pas un essai très "joyeux" sur la condition et le rôle extraordinaire de l'aventurier le transformant en héros national, en lisant cet essai j'ai aperçu un individu utilisé tel un pion dans des batailles qui le dépasse, renonçant au final à toute volonté ou espoir d'améliorer les chose, la finalité d'une action étant toujours l'échec.

J'ai été tout de même plus intéressée par la deuxième partie de l'ouvrage que l'auteur intitule "précisions" et qui n'est autre qu'une biographie de Lawrence (la plus longue et plus captivante), Malraux et Von Salomon, et qui éclaire beaucoup la première partie.

Ce fut une lecture difficile pendant laquelle j'ai dû à plusieurs reprises revenir en arrière pour comprendre l'idée de l'auteur, le sens de "son action", malgré ces points négatifs cet ouvrage décrit ce qui a animé ces grands hommes: l'esprit d'aventure.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Un livre fascinant sur le moteur de l'action politique. A travers quelques exemples remarquables, Roger Stéphane montre comment certains engagements politiques sont motivés plus par une nécessité impérieuse et absolument individualiste d'exister que par une conviction profonde. L'aventure aide à vivre parce qu'elle permet de tromper l'absurdité de la condition humaine mais lorsque la réalité s'impose, la posture de l'aventurier devient inconfortable. Lawrence, contraint d'exécuter un traître d'une balle dans la tête, en a fait la terrible expérience.
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L'auteur dessine les portraits de trois “aventuriersˮ ou inversement définit ce qu'est un “aventurierˮ mesuré à l'aune de ces trois personnages emblématiques. le portrait consacré à Lawrence domine de loin le texte, suivi par celui de Malraux. La figure commune à ces trois “figuresˮ me semble être l'ambigüité, caractère sur lequel insiste l'auteur, tout particulièrement celle du héraut/héros de la guerre d'Arabie. Sans doute aussi pour des affinités autres que littéraires. A l'issue de la guerre, Lawrence n'a pas su quoi faire de sa vie, décidément, l'aventure n'est pas un grand désert tranquille !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J'appelle aventurier celui qui s'engage au service d'une cause sans y adhérer ; qui engage sa vie plus pour son propre salut que pour la victoire.
L'aventurier : le contraire du militant ; étranger par essence au fanatisme et même au manichéisme. L'aventurier : un irréductible solitaire
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Il publie en 1950 aux Editions du Sagittaire de son ami Léon Pierre-Quint Portrait de l'aventurier, remarquable essai sur trois hommes d'action, T.E. Lawrence, André Malraux et Ernst von Salomon, qui tentèrent de subordonnée l'histoire à leurs propres destins, livre d'amitié sur ceux qui agissent, "sans espérance, sans illusion", guidés seulement par le désespoir ou la lucidité.
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Von Salomon sait très bien qu'il lutte dans la nuit. Lawrence combat dans l'équivoque et la duplicité. Malraux réduit à plaisir l'enjeu de son combat.
Par une singulière coïncidence, comme pour souligner la fragilité de leur engagement, chacun d'eux décrit longuement une confrontation avec un traître. Et dans chacun de ces cas, le traître sort indemne, comme si son éventuelle exécution n'était pas à la mesure de l'enjeu de la lutte.
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Toujours est-il qu'au terme de son aventure, le condottiere se retrouve seul: dans une solitude que ne trompe plus aucun espoir; dans une solitude qu'aggrave sa désillusion.
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Le rêve et la révolution sont faits pour pactiser, non pour s'exclure.
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Videos de Roger Stéphane (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roger Stéphane
Si Roger Stéphane n'avait fait que cela dans toute son existence, il faudrait tout de même lui rendre grâce. Son portrait de Marcel Proust date de 1961, il dure environ 55 minutes. On y voit et entend, vivants, des gens qui, depuis, sont à leur tout entrés dans la grande bibliothèque silencieuse de l'histoire : François Mauriac, Jacques de Lacretelle, Jean Cocteau (qui raconte visiblement n'importe quoi, comme s'il inventait à mesure ; et notamment la fameuse histoire des nouilles froides, qui fera bondir d'indignation Céleste Albaret, dans ses propres mémoires), Paul Morand et Madame, la princesse Soutzo, Emmanuel Berl, Daniel Halévy (le camarade du lycée Condorcet qui, à près de 90 ans, en paraît 20 de moins et qui devait mourir quelques mois après l'enregistrement). Et puis, bien sûr, Céleste. J'ai beau chercher, je ne parviens pas à trouver quelque chose dont je pourrais dire qu'elle me donne une impression de tristesse aussi poignante, aussi irrémédiable que le récit des dernières heures de Marcel Proust par Céleste Albaret. (Didier Goux).
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