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EAN : 9782268045870
210 pages
Les Editions du Rocher (29/05/2003)
3.88/5   4 notes
Résumé :
On trouve en Amérique des hommes qui, paraît-il, murmurent à l'oreille des chevaux. En Russie, c'est l'inverse: ce sont les chevaux qui murmurent à l'oreille des hommes...

Les plus grands écrivains russes ont rapporté les confidences de ces chevaux bavards, qui ont pour noms Kholstomier, Émeraude, Libussa.

Réunies pour la première fois, les nouvelles de Carl Sternheim, d'Alexandre Kouprine (inédite en France) et de Léon Tolstoï (accompa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce recueil, agrémenté de quelques photographies de Tolstoï avec des chevaux, regroupe trois nouvelles d'auteurs différents:
- Kholstomier de Leon Tolstoï (1885)
- Emeraude d'Alexandre Kouprine (1907)
- Libussa de Carl Sternheim (1920)

Tolstoï et Kouprine étaient passionnés par les chevaux, ils les ont beaucoup observés et cela se ressent dans leurs nouvelles. Je ne sais si Sternheim l'était aussi mais c'est moins perceptible dans sa nouvelle.

La première nouvelle de Tolstoï, Kholstomier (aussi intitulée le cheval dans d'autres éditions), a eu un immense succès à son époque, même si elle semble aujourd'hui dans l'ombre d'autres de ses grandes oeuvres. Kouprine et Sternheim ne s'y sont pas trompés puisque tous deux lui ont adressé un clin d'oeil dans leur propre nouvelle. Même si j'ai trouvé le passage à la parole du cheval (quand il s'adresse à ses congénères au chapitre V pour leur raconter sa vie) assez brutal, Tolstoï n'en demeure pas moins un formidable conteur. Il parvient à nous embarquer en distillant des réflexions philosophiques. J'ai eu cependant le sentiment qu'il cherchait à mettre en évidence ce qui unissait et différenciait l'homme du cheval à travers des thèmes comme la vieillesse (le parallèle entre la vieillesse de Kholstomier et celle de son ancien maître est superbe), la mort, l'instinct de propriété. La construction est très habile et le récit poignant.

La seconde nouvelle, Emeraude de Kouprine, est très courte (une trentaine de pages) mais dégage une aura magnifique. C'est sans doute elle qui a ma préférence. Sa force est de ne pas utiliser d'artifices destinés à donner la parole ou un sens critique au cheval. Non, elle se met à la place du cheval et tente de nous transmettre l'essence de ce qu'il est. le cheval, bien qu'humanisé pour les besoins de l'histoire, reste un cheval. C'est un récit superbe d'une grande sensibilité, tout en rythme, en gestes, en postures mais qui s'attache peut-être plus à la forme qu'au fond. Toutefois, je doute que l'on puisse comprendre toute la profondeur de ce récit sans les éclaircissements apportés dans la préface par Jean-Louis Gouraud sur le scandale des années 1900 dont a été victime l'étalon qui a inspiré cette nouvelle. Quand je les ai lus, je me suis prise une seconde gifle !

La dernière nouvelle, Libussa de Sternheim, est celle qui m'a le moins convaincue. le subterfuge utilisé pour amener la jument à la parole n'est pas très crédible. Libussa est bien trop humanisée, au point que l'on finit par ne plus faire la distinction entre l'homme et le cheval. En plus, elle est, selon moi, un peu trop prude et puritaine, surtout au début. Si l'objectif de l'auteur était de pointer du doigt les contraintes des juments/femmes, en ce qui me concerne, c'est un peu raté. En revanche, il a le mérite de d'aborder la grande Histoire sous un autre éclairage. Car Libussa a appartenu successivement, excusez du peu, à la tsarine Alexandra Féodorovna, Edouard VII et Guillaume II. Alors elle en a des choses à raconter sur les hommes… D'après moi, les passages les plus intéressants concernent les échanges de Libussa avec l'un de ses congénères prorévolutionnaires ainsi que ceux sur Guillaume II, qui apportent une dimension inattendue sur le monarque.

Mais chacun à leur manière, ces trois chevaux murmurent à l'oreille des hommes l'étendue de leur folie...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Nester mit sur le hongre la couverture et la selle ; celui-ci baissa les oreilles, sans doute pour exprimer son mécontentement, ce qui lui valut d’être appelé « vaurien », et Nester attacha la sous-ventrière.
Le hongre se renfrogna, mais on lui mit le doigt dans la bouche et il reçut un coup de genou dans le ventre, si bien qu’il en soupira. Malgré cela, lorsque avec les dents on tira la sangle de chabraque, de nouveau il baissa les oreilles et même se retourna. Il savait bien que cela ne changerait rien, mais cependant il croyait nécessaire d’exprimer que cela lui était désagréable, et il le montrait chaque fois.

(Tolstoï - Kholstomier - Chapitre I)
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Les hommes ne se guident pas dans la vie par des actes mais par des paroles. Ils aiment moins la possibilité de faire ou de ne pas faire quelque chose que celle de parler de divers objets avec des paroles convenues entre eux. Les paroles qu’ils regardent comme très importantes sont : mon, mien. […] Et les hommes aspirent à la vie non pour faire ce qu’ils jugent bon, mais pour appeler sien le plus grand nombre de choses.

(Tolstoï - Kholstomier - Chapitre VI)
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Malgré sa vieillesse repoussante, chacun, en regardant ce cheval, s’arrêtait malgré soi et un connaisseur disait tout de suite qu’il avait dû être, dans son temps, une bête admirable. […] En effet, il y avait quelque chose de majestueux dans la figure de ce cheval, dans l’union terrible en lui des signes repoussants de la décrépitude, aggravés de la bigarrure du pelage, à l’allure, l’expression d’assurance et de calme, la conscience de la beauté et de la force.

(Tolstoï - Kholstomier - Chapitre II)
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Pendant que Nazar versait une avoine lourde et froufroutante dans sa mangeoire, Emeraude cherchait à y enfoncer ses narines chaudes et frémissantes, tantôt par-dessus l’épaule du vieux, tantôt par-dessous son bras. Nazar qui aimait cette impatience du doux cheval faisait exprès de traîner, barrant l’accès de la mangeoire avec ses coudes et ronchonnant avec une feinte dureté.

(Kouprine – Emeraude – Chapitre II)
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Soudain, il a entendu le hennissement tendre et inquiet qu’il reconnait toujours d’aussi loin qu’il vienne, entre des milliers d’autres voix. Emeraude s’arrête en pleine course, écoute une seconde puis, la tête haut dressée, remue ses fines oreilles et soulève en plumeau sa petite queue duvetée pour s’épancher dans un long cri roulant qui fait trembler tout son corps chétif, aux longues pattes. Et de s’élancer au galop vers sa mère qui l’appelle.

(Kouprine – Emeraude – Chapitre II)
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