Que peut-on faire dire à un cliché? Une photo, c'est une saisie d'une instantanéité d'un moment, ou alors le travestissement d'une réalité quand la photo a été montée de toute pièce , tel le duo Pierre et Gilles qui composent leurs photos avec le modèle, un décor aux couleurs saturées et un éclairage qui permettent de savoir au premier coup d'oeil à qui attribuer l'oeuvre. le photographe a un oeil pour saisir l'instant, savoir où se trouver au bon moment avec la personne qu'il faut shooter, capturer et figer le moment pour le laisser ensuite à l'interprétation de celle ou celui qui va la voir, un jour, un mois ou des années après l'événement. Dans "témoins oculaires", la revue Alibi a confié onze photos proposées par l'agence Magnum à onze autrices et auteurs de polars et de romans noirs, avec des styles et univers assez différents.
La revue a proposé à R.J
Ellory comme à
Dominique Sylvain de se soumettre à l'exercice, à savoir leur envoyer une photo sans légende ni info de son auteur. Charge au romancier de rédiger un texte d'une dizaine de pages. Des photos en noir et blanc ou en couleur, quasi toujours avec un personnage sauf pour celle attribuée à
Bernard Minier. Saluons aussi le casting international d'auteurs pour cet ouvrage collectif qui permet aussi aux lecteurs de découvrir des romanciers dans l'exercice de leur art, contraint par cette photo. Certains ne font que la suggérer au détour d'une phrase alors que pour
Marcus Malte ou encore
Victor del Arbol, le cliché et les attitudes, les personnages qui la composent sont plus que prégnants dans les lignes de leurs auteurs.
Dans ce type d'ouvrage, il est difficile d'avoir un 100% , un satisfecit complet et c'est tout à l'honneur de l'éditeur qui ne cherche pas le consensus tant l'univers d'un
Olivier Truc est si éloigné de celui de R.J
Ellory par par exemple. Si je devais dresser un top3 à mon goût de ces textes , Marcis Malte tiendrait la 1ere place, avec un récit à la 1ere personne très prenant, suivi de celui d'
Olivier Truc qui se passe au nord de l'Islande et enfin
RJ Ellory, bien écrit même si quelque peu prévisible dans son issue. Seul bémol à ce bel exercice, le prix un peu excessif de 20 euros pour un peu plus de 130 pages. C'est sans doute le prix à payer pour un recueil de belles photos associées à la prose d'une belle brochette de plumes inspirées, de témoins oculaires qui auraient des choses à raconter s'ils étaient auditionnés.
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