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EAN : 9782714306593
338 pages
José Corti (17/09/1998)
3.5/5   2 notes
Résumé :
À dix-huit ans, Milklós Szentkuthy, de son vrai nom Miklós Pfister, décide de noter dans son journal, en même temps que les menus événements de sa vie de lycéen, ses rêves, ses ambitions, ses tourments, ses combats intérieurs. Il en résulte un ouvrage brûlant, un récit truffé de méditations, de prières, et d’ébauches de romans, qui surprend par la violence de son ton et par l’imagination débridée de son auteur. Le livre n’a été publié qu’en 1991, trois ans après la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Robert Baroque, c'est un projet de jeunesse, une autofiction, écrite au début du siècle passé par Miklos Szentkuthy et oublié dans un tiroir. Et retrouvé après la mort de l'auteur, publié de manière posthume. Cet auteur est peu connu du grand public, les amateurs l'apprécient pour son oeuvre qui témoigne de son goût pour l'art et l'histoire, sa grande culture, son érudition. J'ai lu les quatre premiers tomes de son Bréviaire de Saint-Orphée, riche et complexe, et j'attends depuis longtemps que les cinq autres soient traduits (peut-être devrais-je m'atteler au hongrois?). En attendant, je me suis tourné vers un autre de ses romans, d'un ton tout autre registre, plus personnel.

Robert Baroque est le titre du roman et le nom de son protagoniste, qui ressemble énormément à l'auteur, tant par sa situation que son état d'esprit. C'est un jeune homme de dix-huit très cultivé (trop?), à la sensibilité exacerbée. Tous ses états d'âme et les événements qui troublent son existence, il les consigne dans son journal intime, dans lequel il insère également des ébauches de romans, parfois des passages entiers. Cette narration à la première personne, elle est très efficace. Surtout que le garçon note tout ce qui lui passe par la tête, sans filtre. Chaque émotion est là, crue, honnête.

Si les premières pages ressemblent à celle de n'importe quel lycéens, préoccupé par les études et les sorties au théâtre (quoique certains diraient qu'il lui manque les activités avec les amis de son âge), rapidement, sa préoccupation devient la lutte entre ses désirs érotiques et ses idéaux religieux élevés. C'est un jeune homme excessivement pieux, il aspire à la pureté (de l'âme, mais comment y parvenir sans la pureté du corps). À cela s'ajoute ses ambitions littéraires et artistiques, sa quête du « beau », qui se matérialise dans des filles, des femmes, qu'il porte aux nues. Que des tourments intérieurs!

« -Et vous, les femmes, méritez-vous qu'un fils de famille de dix-huit ans, instruit et cultivé, souffre, se tourmente et endure le supplice à cause de vous? Qu'il renonce à sa tranquillité d'esprit, à ses pensées, aux joies simples de la vie? Qu'il renie ses parents? L'amour, l'amour! Je ne sais même pas ce que c'est. Je sais seulement que pendant que, sur le Corso de Pest, les autres garçons examinent sans complexe les chevilles des jeunes filles, moi, la seule vue d'une paire de chevilles me précipite dans les flammes de l'Enfer. » (p. 136)

Tous ces tourments ne sont guère favorables à un jeune homme fragile et causeront à Robert de légers problèmes de santé. Toutefois, puisqu'il est le fils unique de bourgeois au bord de la ruine, le futur soutien de ses parents, son sentiment de culpabilité sera décuplé. Lui, un poids pour ses pauvres parents aimant qui espèrent tant de lui!

« La mélancolie est toujours douloureuse ; elle est corrosive, dévorante, paralysante, étouffante, en un mot : mortelle. » (p. 283)

Décidément, Robert Baroque comme Miklos Szentkuthy auraient trouvé leur place au siècle précédent, en compagnie de romantiques comme Alfred de Musset ou Byron. Ce sont des jeunes hommes passionnés (exaltés?) et très cultivés, qui s'intéressent à l'histoire, à la littérature, à tous les arts en fait (le roman est truffé de mentions de peintres, de sculpteurs). Même le nom que le narrateur s'est donné provient d'un courant artistique (le baroque). Ce roman peut servir de belle porte d'entrée dans l'univers particulier et imposant de l'auteur.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il est déjà dix heures et demie lorsque L’Oiseau bleu, donné par une compagnie en tournée, prend fin au Théâtre lyrique. Je ne quitte pas la salle tout de suite ; il me plaît de contempler les rangées de fauteuils vides : qui croirait que, quelques instants auparavant, ils accueillaient encore, avec la pompe exotique de certains bals, tous ces corps parfumés ; j’aime assister à la transformation, en trois minutes, de toute cette splendeur en une crypte sombre et effrayante.
J’entends le bruit sec des interrupteurs que l’on tourne, et, au parterre, le bavardage animé des ouvreuses. Trois minutes seulement après qu’a disparu ce public élégant et chamarré, les grands lustres s’éteignent, toutes les lumières s’estompent.
Tandis que, d’un pas lent et incertain, je descends l’escalier recouvert d’un tapis de velours, dehors les voitures déjà ronronnantes font retentir leurs klaxons. Pour éviter de passer pour un quelconque noctambule en vadrouille, je garde mes jumelles à la main ; si un ami vient à me rencontrer, il verra tout de suite que je sors du théâtre. Je tâte derechef ma veste, avec, dans ma poche intérieure gauche, un exemplaire de la Scène hongroise, et, dans la poche extérieure droite, mon porte-monnaie. Je prépare trois mille couronnes, de quoi prendre un ticket de tram, et gagne en courant, essoufflé, les couloirs plongés dans la pénombre, chichement éclairés par quelques veilleuses. J’ai juste le temps de franchir le portail que l’on s’apprête à fermer ; le portier grogne, je balbutie quelques paroles d’excuse et me dirige en toute hâte vers l’avenue Andrassy.
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Video de Miklos Szentkuthy (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Miklos Szentkuthy
Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press. La revue Po&sie, éditions Belin.
+ Lire la suite
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