Commencement et fin
(Fugue sur deux substantifs)
Le commencement
ne s’arrête pas
et la fin ne cesse
Ton sang tu l’oublies,
ce commencement.
Ce qui passe en toi
et n’a pas de fin
tu ne l’entends plus.
Au commencement
torrents et volcans,
à la fin des fins
le ciel et la mer.
Si tu comprenais ?
Si tu commençais ?
Si c’était la fin ?
Tu crois que le monde
vient de commencer
tu crois que le temps
n’aura pas de cesse
Admire la fin
du commencement
adore le jour
adore la nuit
qui t’ont dévoré.
[...] toutes les frontières sont tremblantes et sur le point de se rompre,
toutes ces frontières que nous gardons si mal, avec tant d'effort,
entre ce qui est visible et ce qui se cache
entre toi-même et toi et le dieu inconnu
entre nos jours de poids de pain et de pluie
et nos nuits de fuite et d'algue et de possible illimité,
entre les images qui chantent et les musiques muettes
entre le charbon qui mûrit et les fleurs incandescentes
entre tous ces objets qui bougent et qui font semblant d'être immobiles
et tous ces gens qui ont l'air de vivre et qui pourtant sont morts
[...]
Epithètes
Une source − corrompue
Un secret − divulgué
Une absence − pesante
Une éternité − passagère
Des ténèbres − fidèles
Des tonnerres − captifs
Des flammes − immobiles
La neige − en cendre
La bouche fermée
Les dents serrées
La parole niée
muette
bourdonnante
glorieuse
engloutie
Rencontres avec Jean Tardieu par Christian Cottet-Emard juillet 1988 et juin 1991
(LE BLOG LITTÉRAIRE de Christian Cottet-Emard)