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Héloïse Esquié (Traducteur)
EAN : 9782413081470
336 pages
La Croisée (03/01/2024)
3.15/5   17 notes
Résumé :
Ils sont étudiants à lowa City et rêvent de devenir poètes, pianistes, danseurs… Des jeunes remplis de doutes et d’ambition, aux portes de l’âge adulte. Parmi eux Seamus, Noah, Fatima et Fyodor, socialement opposés, qui s’attirent et se déchirent. Pour eux, vient l’heure des choix : faut-il s’accrocher à ses idéaux ou s’accommoder des exigences du monde – et à quel prix ?

Les Derniers Américains est un roman sur l’art, l’amour et le sexe, l’argent et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre qui traite de l'art, de la place de l'artiste de nos jours aux États-Unis mais pas que…
Quelques tranches de vie d'étudiants en troisième cycle dans l'Iowa et leurs difficultés au quotidien. Les classes moyennes sont en voie de disparition et payer ses études est un véritable casse-tête.
Une petite communauté homosexuelle avec des danseurs, des poètes, des pianistes et quelques-autres qui ont choisi d'étudier les finances, les mathématiques par manque d'argent ou trahison du corps.
Prostitution sur le net, travail harassant pas très reluisant pour certains, argent des parents pour les plus chanceux, tout entraîne une culpabilité.
Les rapports entre tendresse et violence sont ambigus avec l'argent, le travail, le passé qui créent des tensions, des remords, de l'incompréhension.
Une belle peinture sociétale. Une génération qui rejette le passé, les années sida. Des êtres stigmatisés par leur choix, frustrés, sans illusions. Ils ont le pouvoir d'apporter de la joie, de la beauté, de l'émerveillement aux autres et en conçoivent des remords dans un pays où l'argent mène la danse.
Mais il s'agit de la plume de Brandon Taylor, un auteur que j'avais découvert, il y a deux ans avec le magnifique et bouleversant Real Life. J'y retrouve cette poésie, cette empathie, ces rapports conflictuels mais aussi cet apaisement et une note d'espoir. Et c'est encore un énorme coup de coeur.
Merci aux éditions La Croisée
#LesDerniersAméricains #NetGalleyFrance
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Dans ce roman précis qui se lit lentement, Brandon Taylor imposant un rythme pondéré et réfléchi, la réalité de ces derniers Américains est disséquée, chaque détail décortiqué par l'auteur, des corps aux pensées. Souvent crue, sa plume embrasse les atermoiements d'une génération perdue qui prend ici la forme d'une communauté universitaire homosexuelle qu'il anime avec mesure autant que fougue (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/01/24/les-derniers-americains-brandon-taylor/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Première titre de la rentrée littéraire de la Croisée, avec Brandon Taylor un auteur américain qui a déjà fait ses preuves en 2020 avec la sortie de son première roman Real life, qui connaît en ce mois de janvier une publication en poche sous le label le livre de poche. Après Jakob Guanzon, à la même époque l'année dernière, et Arthur Nersesian en septembre, j'avais très envie de continuer ma découverte des auteurs américains actuels, issus de ce que j'appellerais, la littérature et des minorités ethniques et/ou sexuelles : c'est chose faite ici. le francophile Brandon Taylor nous propose de passer un semestre en Iowa au sein d'un campus universitaire, au sein d'une bande d'étudiants qui se consacrent chacun à leur art ou spécialité, à leurs amours, à penser et préparer leur avenir proche.

Ce roman se scinde en plusieurs parties. Chacune illustre le point de vue de l'un des protagonistes, une « symphonie de vie » à la manière de l'oeuvre d'Emile Zola, comme le dit lui-même Brandon Taylor. Mais, attention, il n'y a pas de diégèse à proprement parler, les focalisations narratives alternent sur quelques semaines précises le temps de nous donner un aperçu de cet endroit et de ce moment précis, les années 2010 entre quelques jeunes gens, certains riches, d'autres et la plupart d'entre eux qui peinent à finir les mois. Un récit synthétique, donc, plutôt que diégétique, la peinture d'une poignée de jeunes gens, issus de toutes les minorités ethniques qui composent la société américaine, et surtout des jeunes artistes, poète, danseur, musicien et peintre. Et surtout des histoires d'amour, des coups d'un soir, des aventures, qui s'entremêlent, qui suivent leur cours. Seamus, le poète, blanc, cynique qui travaille en cuisine, et qui fustige ses comparses féminines de cours de donner des sens improbables aux poèmes dont elles font l'exégèse. Ivan, le russe, sans un sou, le danseur qui réoriente sa vie dans la finance avec Goran, l'enfant adopté, noir, qui jouit des moyens de sa famille. Noah, le nippo-américain, Fatima et Fyodor, l'enfant abandonné du père russe, on s'en doutait bien et Timo, Daw, le mathématicien pur et dur, et Stafford, le peintre.

Des vies à la fois étonnamment banales, décrites avec toute l'usure et la poussière du quotidien bien installée, des vocations dans certains cas rangées aux oubliettes, dans d'autres cas, bien entamées, là où les individus ne sont toujours que dans la monotonie régulière, sans exceller, sans démériter. C'est parfois plus aventureux de décrire la banalité, la morosité du quotidien et son usante répétition que l'extraordinaire, Brandon Taylor y excelle, a y décrire le prosaïsme réaliste dans toute sa splendeur. Et le dénuement et la pauvreté qui a frappé cette classe moyenne dans cet état du Midwest américain, le coeur américain, comme dans tout le pays.

On est frappé tout d'abord par l'oeil critique de Seamus sur ce qu'il nomme l'imposture l'Art américain, s'incluant lui-même dans ce constat un brin nihiliste sur cet arbre aux alouettes. La langue de Brandon Taylor n'est pas en reste, et les quelques scènes de sexe cru et réalistes, et ne fignole pas dans cette fausseté superficielle que dénonce l'un de ses personnages. Il frappe à coeur, sans fausse candeur, sans feinte pudibonderie, mettant à nu le dénuement des scènes, où les doutes et l'incertitude estudiantins, les accidents de la vie, la crasse, les sécrétions corporelles tapissent chaque image que le texte de l'auteur américain implante dans notre esprit. Malgré tout, le chapitre sous l'oeil de Bea une voisine de Noah, extérieure au groupe, en même témoins de leurs déambulations, a un tout autre point de vue, de ce qui représente pour elle le bonheur ultime, l'amitié et la proximité même contrariée.

Si je parlais de Jakob Guanzon et Arthur Nersesian au début, c'est parce que cela m'a frappé de constater à quel point leur propos se rejoignent dans cette sorte de désillusion existentielle, d'individus coincés entre plusieurs vies, plusieurs choix, l'envie de regarder en arrière et l'impossibilité d'aller de l'avant : l'incapacité à renoncer totalement et à trouver, se trouver, retrouver des valeurs, là où le « travail et le capital » a envahi tout le reste. En outre, le titre est tiré d'une une réflexion de l'auteur, retranscrite ci-dessus, sur la situation de ces américains vivant dans ce que l'on nomme capitalisme tardif, concept qui désigne la période actuelle du capitalisme qui, en l'espèce, est considéré être en phase terminale de son existence. Ce concept est lié à la théorie littéraire du postmodernisme, se traduisant par des changements sociaux et économiques d'une ampleur telle qu'ils ancrent les individus dans une incertitude perpétuelle, et dans un chaos, sans ordre ni logique ne sont présents, d'où l'absence de toute logique narrative, finalement.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Un titre bien étrange que "les derniers américains" et qui est le même titre en anglais. Qu'a voulu nous raconter l'auteur, avec ce titre ?
Nous sommes au 21e siècle à Iowa city, une modeste ville où l'université est importante car le campus est immense et coupé du monde et de la ville, une micro société qui est à côté de la ville (ce que l'on ressent dans les relations que certains étudiants ont lors de leur travail en ville, comme des scènes dans l'hôpital de la ville ou avec des ouvriers dans les bois).
L'auteur décrit très bien les relations entre les étudiants, et les différents milieux sociaux qui se croisent dans les amphithéâtres, dans les chambres, dans les soirées dans les bars. Les personnages souhaitent et tentent tous à devenir artistes, que ce soit la danse, la musique, la poésie... Certains ont besoin de prendre des petits boulots pour financer leurs études, d'autres non parce que leurs parents les aident C'est un roman sur les hommes et d'ailleurs il y a peu de personnages féminins. Il décrit ce milieu gay sans fioriture : les rencontres, sur le net, dans les bars, les hommes en couple, leurs vies, leurs doutes, leurs disputes. Certaines pages peuvent troubler, choquer mais ce que j'ai apprécié c'est aussi le détail qu'il met dans les relations, le détail d'un sourire, d'un coup d'oeil, d'une peau... L'auteur est très proche de ses personnages et nous parle très bien de la solitude, du questionnement de ses personnages.
Un impressionnant roman choral.
Je vais lire son livre précédent pour retrouver son écriture.
#LesDerniersAméricains #NetGalleyFrance
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Le second roman de l'américain Brandon Taylor s'ouvre lors d'un cours de poésie dans la petite université d'Iowa City. Les échanges sont vifs, les points de vue s'affrontent sur ce que veut dire faire de la poésie, et puis sur le besoin de chacun d'être célébré, validé dans la part de subjectivité inhérente à chaque production poétique, et de ce que l'art peut produire de plus factice.

A partir de ces échanges passionnants, les voix des étudiants- artistes de ce campus vont se succéder dans un roman choral dense et très touchant, pour nous raconter ces jeunes gens entre deux âges, plus tout à fait étudiant mais pas encore adulte, qui se cherchent, s'interrogent et se heurtent aux limites imposées par la société américaine : race, argent, genre, corps, autant d'opportunités ou de barrières qui traversent leurs chemins, eux les derniers américains, ni complètement insouciants ni totalement engagés. Ils sont danseurs, poètes, musiciens et ils sont partagés entre l'envie de vivre leur passion et la nécessité de faire des choix plus rationnels, plus rentables pour leur avenir (mais où sont passer les rêves?!)

Dans ce campus novel original, Brandon Taylor excelle à nous immerger dans l'intimité de ses personnages, leurs combats, leurs espoirs, leurs désillusions.
La beauté qui se dégage de ces portraits est bouleversante. Il y a d'abord la solitude profonde dans laquelle ces jeunes gens, pour la plupart homosexuels, se débattent, mais aussi la mélancolie qui se dégage de ce texte, très brutal dans sa façon de parler du désir, de sexe, de corps réifiés, et, à la fois, extrêmement délicat quand ces mêmes corps sont traversés par la passion, le mouvement dansé, ou l'amour.

Un texte intense et intelligent qui m'a donné envie de découvrir le premier roman de l'auteur, "Real life".
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critiques presse (1)
LaCroix
26 mars 2024
Dans son deuxième roman, Brandon Taylor continue d’écrire sur le doute qui empare les jeunes adultes à l’aune de leur vie.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Les hommes blancs, à la télé, ils en parlaient tout le temps, n'est-ce pas ? La disparition de la glorieuse classe moyenne américaine. C'était de là que venaient ses parents. Ils avaient eu de l'argent, puis le socle sur lequel reposait cet argent avait été érodé par les droits de douane et les impôts, la délocalisation du capital et le travail à l'étranger. L'effondrement de l'agriculture et de l'industrie, l'infrastructure des fortunes américaines du milieu du XXème siècle qui s'émiettait, avant d'être détruite par les réalités surchargées des années 1990, règne des néolibéraux et des néoconservateurs. Reagan, Bush, Clinton et maintenant Obama : tout avait disparu à présent. Stock épuisé. Ou du moins reconfiguré et enfermé derrière des séries de restrictions encore plusévères. Il fallait de l'argent pour accéder à l'argent, et ce qu'il leur restait, aux centaines de milliers de familles qui en avaient autrefois assez pour assurer le confort de la génération suivante - ce qu'il leur restait, c'était rien du tout, si ce n'était le souvenir amer des maisons qu'ils possédaient avant. Des terres qui appartenaient jadis à untel, dans l'arbre généalogique.
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Il se demanda comment les étudiants qui avaient une famille à charge arrivaient à s'en sortir avec la bourse de troisième cycle. Il connaissait un étudiant en littérature, Gérard, qui avait une femme et deux enfants en bas âge.
Gérard étudiait un sujet inutile, la poésie médiévale et la forme, ou un truc du genre, et sa femme s'occupait des enfants. Parfois, il les voyait faire la queue à la banque alimentaire hebdomadaire auu coin de St. Mary's. Le monde universitaire, c'était le comble de la bêtise. On s'enfonçait progressivement dans l'endettement, le désespoir, la faim, rien que pour se sentir un peu à part, un peu brillant dans son petit coin sombre de l'univers, sachant deux ou trois choses que personne d'autre ne savait. L'art valait beucoup de sacrifices, mais méritait-il de faire risquer l'extinction à toute sa famille ?
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Les drogues, au départ, faisaient partie de l'ensemble. Une manière d'affirmer leur domination sur leur corps, leurs parents, l'ordre paternaliste de leurs enseignants et les exigeances de la danse. Leur manière d'être indépendants, d'être vivants dans leur chair, jusqu'au moment où ils devaient se lever, à la première lueur grise de l'aube, enfiler des collants et commencer leurs étirements avant le cours du matin . Les drogues, au départ, n'étaient qu'une autre manière d'enfiler le pelage correspondant à la manière dont ils voulaient être vus. Beaux, jeunes, mais mûrs pour leur âge, pleins de sagesse, puisqu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient de leur corps.
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Parfois, Fyodor pensait que Timo était la personne la plus intelligente qu'il ait jamais connue. Mais d'autres fois, il trouvait que Timo était un abruti. Ou, si ce n'était idiot, du moins très naïf, la naïveté qui peut être celle des Noirs ayant grandi avec des parents qui n'avaient pas de problème d'argent et qui avaient cru en eux. Ils étaient tous les deux métis, mais à part ça, ils n'avaient aucun point commun ; et pourtant, au début, Fyodor trouvait ça exaltant.
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Il baissa les yeux sur Fyodor et s'émerveilla du fait que quelqu'un puisse lui faire assez confiance pour poser sa tête sur ses genoux, sans penser qu'il risquait de le blesser, de lui faire quelque chose de monstrueux Qu'une personne puisse lui faire confiance, même après ces disputes et engeulades idiotes. Il en était ému. La plupart des gens n'en auraient pas fait grand cas. N'auraient même pas remarqué. Mais Timo remarquait. Timo s'en souciait. Fyodor, qui dormait.
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Videos de Brandon Taylor (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Brandon Taylor
Brandon Taylor vous présente son ouvrage "Les derniers Américains" aux éditions La Croisée. Rentrée littéraire janvier 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3015974/brandon-taylor-les-derniers-americains
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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