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EAN : 9782207261149
288 pages
Denoël (19/01/2012)
3.38/5   4 notes
Résumé :
Pendant quelques mois, dans les années 1935-1936, Ivan Tchistialov, gardien d'un camp de prisonniers sur le chantier de la voie ferré Baïkal-Amour, a tenu son journal. Publié aujourd'hui pour la première fois, c'est l'un des seuls documents de ce genre à nous être parvenus. Le fonctionnement des camps soviétiques est certes bien connu, grâce à la parole des victimes et aux documents amassés par le système bureaucratique, mais l'image des "hommes aux fusils" est enc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Témoignage exceptionnel sur les conditions de vie au Goulag côté gardien, très fort.
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critiques presse (1)
NonFiction
11 juin 2012
La vie quotidienne d'un gardien de l'un des camps du Goulag en Extrême-Orient à l'apogée de la terreur stalinienne.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Début de la préface de Luba Jurgenson :
Les violences de masse perpétrées par les états au cours du XX eme siècle ont nécessité la participation , au coté des acteurs directement impliqués dans les projets criminels , d'un très grand nombre d'hommes ordinaires à tous les niveaux . En URSS , où la répression débute dès 1917 et se poursuit jusqu'au milieu des années 1980 , avec une intensité variable ( des pics de terreur et des " dégels " ) frappant successivement différentes catégories de la population , on ne doit pas sous-estimer le rôle de ceux qui , en effectuant des tâches subalternes , contribuèrent à faire fonctionner la machine . La terreur exercée au quotidien dans la société dite " libre " comme dans les camps s'appuie ainsi sur des acteurs sociaux anonymes , instrumentés par le régime et qui , à tout moment , peuvent en devenir des victimes .....
Tous ceux qui , avant d'être eux-mêmes frappés , s'appliquent , volontairement ou sous contrainte , à construire ce corps social en apparence homogène et solidaire , fondé sur l'élagage systématique des branches " ennemies " mettent en place des comportements qui peuvent aller de la résistance passive à l’accommodement , voire à la collaboration avec le pouvoir , sans qu'il soit toujours aisé d'établir des limites précises entre ces attitudes . C'est ainsi que certaines personnes n'ayant a priori aucune vocation de geôliers se trouvent obligés de remplir des fonctions auxquelles leur parcours ne les destinait pas et qui sont parfois en contradiction avec leurs options morales . Telle est la situation d'Ivan Tchistiakov ,intégré à la grande armée du BAMlag et envoyé sur le chantier ferroviare de l'Extrême-Orient où travaille une armée d'esclaves : détenus du Goulag .
L'homme ordinaire a ceci de particulier que la logique de l'ensemble des contraintes qu'il subit et/ou applique lui échappe .
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Parmi les responsables des crimes staliniens quelque soit leur échelon dans le système , bien peu laissèrent des souvenirs écrits , à l’exception rarissime de ceux qui devinrent à leur tour victimes des répressions ( voir " Le NKVD vu de l'intérieur . Carnet d'un tchékiste " de Mikhaïl Shreider ) . Or des centaines de milliers d'hommes furent impliqués ( en 1939 , le contingent du NKVD , à Moscou et dans les régions , comptait 365 839 personnes ) . On comprend aisément que ceux qui ont survécu aux purges n'ont pas ressenti le besoin de témoigner . Qui plus est , après le XX eme Congrès du parti et les révélations de Khrouchtchev , le fait d'avoir occupé des fonctions au sein du Goulag ou des organes judiciaires ne suscitait guère d'estime ni de sympathie dans la société ( les anciens membres préféraient occulter cette période de leur vie ) . L'original de ce journal fut déposé au Mémorial de Moscou qui se donne pour tâche de rassembler documents , lettres , témoignages ,Mémoires liés à l'histoire des répressions politiques en URSS , par des personnes qui l'avaient découvert par hasard dans les papiers d'une personne défunte .
Grâce à cela , une voix solitaire d'un homme qui a vécu à cette époque terrible est parvenue jusqu'à , nous .

Extrait de l'introduction au livre par Irina Shcherbakova .
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2 mai 1936 . je n'échapperai pas à une condamnation si je veux partir . Bon , je ne serai pas le seul à avoir un casier judiciaire en URSS . Il y en a bien d'autres , et qui continuent de vivre . C'est ainsi que le BAM m'a rééduqué . Ma façon de voir les choses a changé . Le BAM a fait de moi un criminel .Je reste discrètement parmi les travailleurs détenus . Histoire de me préparer , de me faire à cet avenir . Ou peut-être que je vais me flinguer? Je suis là depuis plusieurs mois , et j'en ai encore pour des mois d'angoisse et d'oppression . L'avenir ne me réserve rien d'autre . C'est donc un travail qui mène au crime . Mon âme se brise et mon cœur se serre douloureusement . Le passé me semble un rêve . Je ne puis même pas croire que j'ai vécu à Moscou , que j'ai été libre . Que je faisais des projets , planifiais ma vie . Le deuxième jour du moi de Mai est fini . C'est la fête , mais je ne suis pas en liberté , c'est la caserne . Ma main cherche le Nagant ( revolver ) malgré moi . Au moins , c'est une mort instantanée et non un état de mort permanente . Ne vaut-il pas mieux accélérer le cours naturel des événements ?
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Mon âme est si vide que c'en est terrifiant. J'ai l'impression que ce n'est pas un monde vivant normal autour de moi, mais un monde étrange, non terrestre. J'y vis, je peux penser, mais pas exprimer mes pensées à voix haute, je bouge mais suis limité dans mes mouvements. A chacun de mes pas, je risque le tribunal révolutionnaire. J'ai pieds et poings liés au sens moral, ici, on n'a jamais droit à rien, et même si je me sens, dans mon âme, liée à la société, j'en suis séparé par une cloison invisible, mais infranchissable. je sens ma force et, en même temps, je suis faible, impuissant, je ne suis rien.
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